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Me Dinah Sampil : « Kassory n’a le seul tort que de s’être porté à la tête du RPG »

Plus d’une année après l’incarcération de Dr Ibrahima Kassory Fofana, la position de son camp n’a pas changé : l’ancien Premier ministre guinéen a ses ennuis judiciaires non pas à cause de sa gestion, mais tout simplement parce qu’il était un candidat potentiel à la prochaine élection présidentielle en Guinée.

Maître Dinah Sampil, membre du pool d’avocats de Kassory Fofana a réitéré cette position ce mercredi 12 juillet 2023, au lendemain de la première audition de leur client par la chambre de jugement de la CRIEF. La juridiction s’est transportée à la Clinique Pasteur de Conakry, où le prévenu est hospitalisé depuis plusieurs mois, pour l’interroger sur les faits qui lui sont reprochés.

« Kassory n’a le seul tort que de s’être porté à la tête du parti RPG comme candidat potentiel aux élections présidentielles. Alors, ceux qui ont cette ambition comme lui, ambition légitime directe, le redoutant, estiment qu’il faut dès maintenant le neutraliser pour l’éliminer de la course électorale. C’est la seule explication qui reste après avoir examiné tout le reste. C’est un potentiel candidat, il faut le neutraliser, il faut l’éliminer au besoin », a déclaré Me Dinah Sampil dans l’émission Les Grandes Gueules de Radio Espace.

Poursuivant, l’avocat estime que si l’objectif n’était pas de neutraliser un adversaire redoutable, ce n’est pas de cette façon que les autorités de la transition auraient agi. Car, dit-il, il y avait une autre manière par laquelle on pouvait vérifier la gestion des anciens dirigeants du pays sans aller directement devant la justice.

« Les justifications ne sont pas forcément faites devant le juge, on n’est pas obligé de commencer par la justice. Il y a des inspections d’État, il y a des services de contrôle et d’inspection de l’État qui devraient travailler et que ça soit sur leur rapport final qu’on saisisse ou qu’on ne saisisse pas la justice. On ne commence pas par le juge, on commence par la réunion des preuves. Il ne faut pas changer l’ordre des choses parce qu’il s’agit d’un Premier ministre.

Un Premier ministre qui a dirigé un pays, évidemment comme tout autre cadre de ce pays, a l’obligation de justifier sa gestion. Mais cette justification-là, ce n’est pas forcément devant le juge qu’il faut la commencer. Deuxièmement, quand même bien vous serez devant le juge, mais il faut un minimum de neutralité de ce juge. Autrement dit, qu’il puisse accepter la vérification à charge et à décharge. Lorsqu’il n’y a pas de preuves, mais qu’il décide qu’il n’y a pas de preuves.

Là où il n’y a pas de preuves, on ne peut pas inventer, on abandonne. Maintenant, s’il y a des preuves, on retient (…). Mais ce qu’on ne veut pas que Kassory, quand bien même il n’y a pas de preuves, que le juge puisse décider de sa condamnation comme ça, parce que ça aussi, c’est possible. Nous sommes en République de Guinée, on se connaît ici », a-t-il fait remarquer.

Lors de son audition par la CRIEF hier, Ibrahima Kassory Fofana a réitéré sa demande d’évacuation sanitaire, qui a été faite depuis plusieurs mois. Son camp attend maintenant la réponse de la juridiction pour savoir si l’ancien Premier ministre guinéen pourra aller se soigner à l’étranger.

« Elle (la CRIEF) est venue prendre des éléments d’appréciation, elle ira les apprécier de façon souveraine. Si elle a des compléments à demander, elle les obtiendra. Le renvoi avait été fait pour le 7 du mois prochain dans la salle. Nous estimons que d’ici cette date, l’appréciation, la Cour l’aura déjà faite et qu’elle sera en mesure de donner une décision favorable ou non », a dit Me Dinah Sampil.

Au cas où la Cour prendrait une décision défavorable à une évacuation de Kassory Fofana, Me Dinah Sampil annonce que son camp va user des voies de recours. Il a aussi rappelé que la Cour africaine des droits de l’homme basée à Abuja (Nigeria) a été saisie de cette affaire. Les débats ont eu lieu par visioconférence en présence du procureur, de la partie civile et de l’accusé lui-même, avec ses avocats. L’affaire est mise en délibéré pour décision être rendue prochainement, selon l’avocat.

Mamadou Macka Diallo
666 660 366

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