« S’inspirer du passé pour construire l’avenir », c’est le thème général de la célébration de la semaine de l’indépendance nationale de la République de Guinée. C’est dans ce cadre que des panels ont été organisés ce jeudi 28 septembre 2023, par certains départements ministériels.
Les deux premiers ont été organisés par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation. L’occasion a été mise à profit par les panelistes pour faire des témoignages, retracer l’histoire de la Guinée, de 1958 à nos jours.
« D’où venons-nous ? C’est le thème du premier panel qui a été animé par les anciens ministres Hadja Saran Daraba Kaba, Dre Makalé Traoré, Baïlo Teliwel Diallo, Ali Jilbert Iffono. Il y avait aussi, les Prs Jean Marie Touré et Keffing Condé, tous enseignants chercheurs. Dans sa prise de parole, Dre Makalé Traoré, a salué les efforts fournis par le premier régime dans le cadre de la construction d’une identité guinéenne, tout en facilitant l´accès aux premiers besoins des populations.
« Construire une identité guinéenne, nous assumer en tant que Guinéens, il est vrai que ces préoccupations peuvent se résumer en cinq mots : se nourrir, se vêtir, se loger, s’instruire, se soigner, se déplacer. Est-ce que, aujourd’hui, pour la construction de notre identité guinéenne, nous avons pu dans notre parcours de 65 ans, répondre à ces préoccupations ? Je dirais que le premier régime n’était pas en marge des préoccupations de notre population. Lorsqu’on écoute ceux qui ont vécu ce moment, on arrive effectivement à se rendre compte que les préoccupations des populations au travers des éléments que je viens de noter étaient prises en compte beaucoup plus que les années qui ont suivi », a t-elle souligné.
Évidemment, ajoute cette femme leader, « nous sommes riches de notre sous-sol mais nous sommes pauvres parce que les différentes politiques bâties sur la croissance, quatre groupes ont vraiment souffert dans notre tentative de construction de notre identité. Ce sont les jeunes, 70% de la population mais aujourd’hui, ils souffrent le martyr. Il est vrai qu’il y a des efforts mais encore aujourd’hui, les jeunes restent largement à la marge de notre croissance et de nos richesses. La deuxième catégorie qui souffre de cela, ce sont les femmes qui sont très tôt debout, très tard couchées, auxquelles on n’ouvre pas les perspectives pour bénéficier d’une croissance. Et puis, il y a les zones rurales qui souffrent du manque d’infrastructures. C’est vrai qu’il y a des efforts ces derniers mois, mais le fossé reste énorme. Pour nous assumer en tant que Guinéens, je pense que cela passe par la place que nous donnons aux enseignants dans notre pays… Cela passe aussi par la dépolitisation de l’environnement de l´enseignement.
Aujourd’hui, nos enfants entrent très vite dans la politique, parfois sans être formés et sans avoir une compétence professionnelle, même sans avoir fini le cycle universitaire. C’est un problème pour l’avenir de notre pays. Je pense qu’on devrait réfléchir à l’idée que les recteurs soient élus au lieu d’être nommés. C’est une réflexion que je mets à votre (gouvernement) disposition. Nous assumer face à la valeur de nos fils et filles qui ont donné leurs engagements pour le rayonnement de notre pays. Ce qui est gênant, c’est de voir que nos écoles portent le nom parfois de personnes dont on ignore, qui n’ont pas toujours rendu service à la rache noire. C’est une réflexion à avoir… pensons à écrire la vraie histoire de la Guinée pour l’expliquer à nos enfants. Et puis, n’oubliez pas une approche holistique pour que les femmes et les filles accèdent à l’enseignement technique », a suggéré Dre Makalé Traoré, par ailleurs membre du groupe des facilitatrices du dialogue politique inter guinéen.
« Comment vendre le rêve guinéen? » C´est le thème du second panel qui a été animé entre autres par Pr Bano Barry, ancien ministre, Mountagha Keita, chef d’entreprise, Sansy Kaba Diakité, directeur général de l´Harmattan Guinée. Dans une salle archicomble, l’ancien ministre de l’Éducation nationale et de l’Alphabétisation, a décliné le rêve qu’il a pour la Guinée.
« Le rêve que j’ai pour la Guinée, c’est d’utiliser le potentiel que nous avons, c’est-à-dire que ce soit le potentiel agricole, hydraulique, pour que nous puissions devenir un pays autonome du point de vue alimentaire, de pouvoir exporter. Mon rêve à moi, c’est de voir nos mines être transformées en Guinée en alumine et en aluminium pour que nous puissions fabriquer ici des maisons, des tables bancs, des marmites, à partir de la Guinée.
Mon rêve à moi, c’est de voir que nous ayons des voies de communication qui se développent entre toutes les parties du pays, qu’on ait la possibilité d’avoir des autoroutes mais aussi des chemins de fer, parce que le chemin de fer est un instrument indispensable pour le développement d’un pays. Mon rêve à moi, c’est que la jeunesse, au lieu de mourir de soif dans le désert, au lieu de mourir dans la méditerranée, qu’elle sache que la Guinée est un pays qui a du potentiel, qui ne demande qu’à être transformé. Il est donc essentiel d’avoir un projet par rapport à la Guinée plutôt qu’un projet par rapport à Fotéta (l’Occident) », a déclaré le Pr Alpha Amadou Bano Barry, sous les ovations de l’assistance.
Diop Ramatoulaye
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