Après la déclaration des Forces Vives de Guinée, c’est au tour de la Convergence des acteurs sociopolitiques engagés dans le cadre de dialogue inclusif inter-guinéen de désapprouver la sortie du nouveau Premier ministre Bah Oury chez nos confrères de la RFI concernant la durée de la transition. Dans cet entretien Bah Oury a laissé comprendre que l’objectif serait de réaliser le référendum constitutionnel avant la fin de l’année en cours. Pour ce qui est du reste du processus électoral qui va mener à un retour à l’ordre constitutionnel, cela va se réaliser au cours de l’année 2025. Ce qui sous entend que la durée des 24 mois de transition pourrait ne pas être respecté par les autorités de la transition. Une éventualité à laquelle certains acteurs socio-politiques n´entendent pas se plier.
C’est le cas notamment des membres de la Convergence des acteurs sociopolitiques engagés dans le cadre du dialogue inclusif inter-guinéen qui ont tenu une déclaration ce mardi, 19 mars à Conakry.
Nous vous proposons l’intégralité de la déclaration.
Nous, acteurs regroupés au sein de la Convergence des acteurs sociopolitiques engagés dans le Cadre du dialogue inclusif inter-guinéen, suivons avec inquiétude la surenchère dans les propos de l’actuel Premier ministre Amadou Oury BAH.
Vu l’interview du nouveau Premier ministre, tenue le 12 mars 2024 sur la Radio France Internationale (RFI), relative à une éventuelle évolution de la durée de la Transition jusqu’à la fin de l’année 2025, dans laquelle il déclare: « l’objectif est de réaliser l’élection du referendum constitutionnel avant la fin de cette année 2024 et d’ajouter… Et je pense que 2025 est une bonne période pour couronner l’ensemble du processus, et toujours avec l’aide de Dieu, parce que, par exemple, l’explosion du dépôt de carburant a été un coup très dur et qui impacte l’ensemble des activités de l’Etat aujourd’hui » fin de Citation.
Vu l’inobservation récurrente de Monsieur Amadou Oury BAH des décrets du Président de la Transition, relatifs à la mise en place du Cadre de dialogue et de ses Organes ainsi que des 35 résolutions dudit Cadre.
Vu le refus délibéré de Monsieur Amadou Oury BAH de convoquer la réunion du Comité du suivi de la mise en œuvre des résolutions et une plénière du Cadre du dialogue inter-guinéen inclusif alors qu’une transition est éminemment politique et sociale;
Vu la promesse non tenue du nouveau Premier ministre, relative au respect de 30% des postes ministériels en faveur des femmes dans le nouveau Gouvernement.
Nous déplorons cette volonté manifeste et unilatérale de Monsieur Amadou Oury Bah de repousser la durée de la transition en violation flagrante du point 2 des 35 Résolutions du Cadre de dialogue inclusif inter-guinéen, relatif à la durée de la transition militaire soit 24 mois, entérinée par le compromis dynamique avec la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Nous nous insurgeons contre ce cynisme politique de la part du nouveau Premier ministre qui claironnait autrefois par médias interposés, sur la gestion opaque de la transition alors qu’il était bien représenté dans tous les organes du Cadre de dialogue inclusif inter-guinéen.
Nous ne cautionnerons pas ce braquage politique en plein jour de nature à engendrer encore plus de soubresauts politiques et sociaux dans le pays.
Nous réitérons qu’à ce stade de la mise en œuvre des 35 résolutions du Cadre de dialogue inclusif inter-guinéen, il n’y a nullement possibilité de glissement de l’agenda de la Transition, tel que défini par l’ensemble des acteurs sociopolitiques lors des travaux du 24 novembre au 15 décembre 2022.
Nous réaffirmons que ce délai est bel et bien tenable et qu’aucune contingence ne saura justifier une telle évolution de la durée de la Transition.
Nous ne sommes nullement surpris de ce revirement politique dans un pays où une certaine élite politique prêche, ne le pratique aucunement comme cette promesse non tenue de 30% de femmes aux postes ministériels.
Nous invitons l’ensemble des acteurs, ayant pris part au Cadre de dialogue inclusif inter-guinéen, à se rassembler et à faire barrage à ce dérapage de trop du nouveau locataire de la Primature.
Nous réaffirmons notre opposition ferme à tout glissement du chronogramme de la transition préalablement définie en commun accord avec l’ensemble des acteurs sociopolitiques lors du Cadre de dialogue inter-guinéen inclusif. Par extension, nous n’excluons pas de demander à toutes les forces vives de Guinée de former un seul et unique bloc afin de faire barrage à ce glissement de trop.
Par ailleurs, la convergence demande au CNRD, instance suprême de la transition de bien vouloir recadrer le Premier Ministre au risque d’être comptable des conséquences négatives de cette sortie sur RFI.
En fin, la convergence prend à témoin le Peuple de Guinée, les diplomates accrédités en République de Guinée, les partenaires techniques et financiers que son engagement ne tient qu’à la date du 31 décembre 2024, passé ce délai, la convergence ne reconnaitra plus les institutions issues du coup d’Etat du 5 septembre 2021.
Mamadou Macka Diallo
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