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Transition monétaire en Guinée : « La monnaie que nous utilisons aujourd’hui est la quatrième » (Dr Ousmane Kaba)

Ce vendredi 17 mai 2024, le président du PADES, Docteur Ousmane Kaba, a tenu une conférence de presse devant plusieurs étudiants à l’université Général Lansana Conté de Sonfonia. Le thème était : « La réforme économique et la transition de 1986 ». L’ancien ministre de l’économie et des finances sous le régime du feu Général Lansana Conté a retracé l’historique des changements monétaires et des signes monétaires que la République de Guinée a connus. Il a souligné que la première monnaie utilisée par le pays était le franc CFA.

« La Guinée en est à sa quatrième monnaie. La première monnaie de la Guinée, c’était le franc CFA. Souvenez-vous, en juillet 1944, les puissances occidentales, sorties de la guerre, se sont réunies à la conférence de Bretton Woods. La France était représentée par Pierre Mendès-France, qui devait régler le problème des francs français et avait dans son sac le franc des colonies françaises, appelé franc CFA. C’est pourquoi, en décembre 1945, le Général De Gaulle signait le décret donnant naissance au franc des colonies d’Afrique, dont la Guinée faisait partie. Donc, notre première monnaie en tant que pays était le franc CFA. Nous avons changé de monnaie en 1960, instituant le franc guinéen comme deuxième monnaie. En 1972, nous avons introduit le syli, troisième monnaie. En 1986, nous avons réintroduit le nouveau franc guinéen (GNF), ‘Guinean New Franc’. Ainsi, la monnaie que nous utilisons aujourd’hui est la quatrième monnaie de la Guinée », a déclaré Docteur Ousmane Kaba avant de discuter des changements de signes monétaires en Guinée.

« Six fois, la Guinée a changé de signes monétaires. La première fois, c’était en 1960, pour remplacer le CFA par le franc guinéen. Mais en 1961, juste après, nous avons encore changé de signes monétaires, car le gouvernement s’est rendu compte qu’il y avait beaucoup de faux billets et de sabotages. L’État ne connaissait plus la quantité de monnaie en circulation. Le troisième changement de signes monétaires a eu lieu en 1963. Le quatrième changement est intervenu en 1972, lorsque le franc guinéen a été remplacé par le syli. Mais il y a eu de nouveaux sylis en 1981, marquant le cinquième changement de signes monétaires. C’est à cette époque qu’est apparue la coupure Tito. En 1986, nous avons à nouveau changé de signes monétaires, marquant le sixième changement pour introduire le nouveau franc guinéen que vous avez actuellement dans vos poches », a expliqué l’économiste.

L’ancien ministre de l’économie et des finances a également apporté des précisions. Selon lui, pendant la Révolution, l’échange des signes monétaires se faisait en trois jours. 

« Ceux qui sont un peu âgés s’en souviennent. Si vous étiez en voyage et que personne ne savait où se trouvait votre argent, vous le perdiez. Si vous étiez un grand commerçant avec beaucoup d’argent, vous le perdiez, à moins de le distribuer entre plusieurs personnes pour faire l’échange manuel. Pourquoi ? Parce qu’on estimait qu’il y avait des faux billets, que les riches étaient mauvais, qu’ils étaient des bourgeois et des trafiquants. Ainsi, à chaque changement de signes monétaires, beaucoup de Guinéens perdaient beaucoup d’argent. En 1986, le changement de signes monétaires a duré jusqu’à 28 jours au lieu de trois, et il n’y avait aucune limitation. Tout le monde a pu échanger ses anciens sylis contre les nouveaux francs. Et pour ceux qui aiment les statistiques monétaires, nous avons échangé jusqu’à vingt-quatre milliards (24 000 000 000) de signes monétaires, alors que la comptabilité de la BCRG (Banque Centrale de la République de Guinée) indiquait vingt-et-un milliards (21 000 000 000) de monnaies financières. Il y avait donc un écart de trois milliards (3 000 000 000). Pourquoi l’a-t-on fait ? Pour deux raisons : d’abord, pour restaurer la confiance du public en la monnaie, car le syli était dévalué. Deuxièmement, pour mieux maîtriser les statistiques monétaires, car les comptabilités étaient tellement mal tenues que le pays ne savait même pas quelle était la quantité de monnaie en circulation. Or, tu ne peux pas faire de politique monétaire sans connaître ces chiffres », a-t-il souligné.

Mamadou Macka Diallo  

666 660 366

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