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Le capitaine Moussa Dadis Camara accusé d’avoir entretenu et financé les recrues de Kaléyah : Son avocat Me Jocamey tente de démonter l’accusation pièce par pièce

Pendant plusieurs minutes à l’audience de ce mercredi 19 juin 2024, maître Jean Baptiste Jocamey Haba, un des avocats du capitaine Moussa Dadis Camara, président de la transition lors des événements de 2009, a tenté de démontrer l’inexistence des liens entre son client et les officiers, notamment le colonel Blaise Gomou, Bienvenue Lamah et le capitaine Gono Sangaré. Ces officiers sont accusés d’avoir entretenu et financé les recrues de Kaléyah en 2009, et d’être responsables des crimes commis au stade le 28 septembre 2009 et les jours suivants.

« Sérieusement, quel rapport peut-on créer entre le colonel Bienvenu Lamah et le président Moussa Dadis Camara? Quel rattachement peut-on bien faire avancer entre un homme qui a été nommé avant même que le capitaine Moussa Dadis ne devienne président? Quel rapport peut-on créer entre un homme qui était déjà dans un centre créé avant le président Moussa Dadis Camara? Entre un homme qui, juste après un mois de prise de pouvoir, quitte la Guinée pour une formation avec le respect de toute la procédure pour réussir brillamment cette formation avec un président? Entre un homme qui devient directeur de stage en 2015, six ans après que le président Dadis ne soit même plus en Guinée puisqu’étant à Ouagadougou où il était détenu à ciel ouvert par des politiciens? Pourquoi cet acharnement? Peut-on donc parler de la complicité par aide et assistance faites à travers le colonel Bienvenue Lamah pour que le président Dadis puisse être complice de ce qui s’est passé? Le président Dadis ne l’a jamais nommé à Kaléyah ni comme instructeur, ni comme encadreur, ni comme directeur de stage du centre de formation des commandants d’unité des gendarmeries territoriales », a-t-il affirmé.

Poursuivant, il a ajouté : « Sur simple déclaration d’un accusé, ce haut gradé (Dadis) de l’armée a été encore injustement et illégalement arrêté le 21 novembre 2022 parce que vaille que vaille, il faut trouver un lien entre le président Moussa Dadis et Kaléyah. Puisqu’on n’en trouve pas, il faut fouiller, mais vous savez, on ne peut pas trouver ce qui n’existe pas. Le rapprochement ne pouvant exister, il ne sera jamais prouvé ici. Dès lors, est-ce qu’on peut valablement, en dehors de tout doute raisonnable, parler d’aide et assistance à la commission des crimes et délits? Ce lien n’a pas existé avec le colonel Blaise Gomou, ça ne peut exister avec le colonel Bienvenu Lamah », a-t-il rassuré.

Évoquant le troisième lien que le parquet, selon lui, veut créer entre son client et le capitaine Gono Sangaré, intendant à la présidence de la république du CNDD, l’avocat a souligné : « Le parquet et la partie civile vous ont fait comprendre ici que c’est le président Dadis qui a entretenu les recrues de Kaléyah, il les a donc financées. Donc il leur a fourni tous les moyens qu’il faut. Vous savez, monsieur le président, parfois, quand on est en difficulté, l’aide peut venir même de son adversaire, de la personne qui vous met en difficulté, et c’est le cas ici. Le parquet qui poursuit est le même parquet qui va aider le capitaine Moussa Dadis Camara à démontrer l’inexistence de tous ces soi-disant entretien et financement par un courrier. »

Sur ce cas, Me Jean Baptiste Jocamey a rassuré : « Nous allons, à travers les pièces fournies par le parquet lui-même, démontrer que le président Moussa Dadis n’a jamais apporté d’aide et assistance par un quelconque financement et entretien des supposées recrues de Kaléyah. Un courrier n°15/PR/TPI/2/2022 du 14 décembre 2022, monsieur le procureur s’est adressé au directeur de la banque centrale pour obtenir des renseignements relatifs à l’ouverture de compte à la banque centrale au nom du régiment commando et les différentes opérations effectuées dans ce compte au cours de la période juillet 2009-2010. »

Pour conclure, l’avocat a clos la partie en disant : « Voilà un premier faux pas du parquet, et vous comprendrez pourquoi ce parquet qui a demandé n’en a jamais parlé, mais a voulu vous tromper avec la partie civile en restant dans les mots et dans les verbes pour dire ‘ils ont financé et ils ont aidé’. Mais on n’a jamais apporté la preuve. On a voulu trouver une preuve, mais on a compris que ce document libérait définitivement le président Moussa Dadis Camara, mais on n’en a jamais parlé, on l’a caché… J’ai lu ces pièces pendant 14 ans, aucune pièce de ce dossier ne m’a échappé. Le parquet veut vous faire comprendre que ce compte a été ouvert pour financer le 28 septembre, mais ce compte a été ouvert le 26 novembre », a-t-il rappelé.

Aliou Diaguissa Sow  

Tel: 627 51 44 41

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