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Politique Nationale de l’Emploi : Le document présenté au premier ministre 

Après deux jours de travaux, l’atelier de validation de la politique nationale de l’emploi (PNE), un projet porté par le département de l’enseignement technique, de la formation professionnelle et de l’emploi a pris fin ce mercredi, 10 juillet 2024 à Conakry. C’est le premier ministre, Amadou Oury Bah accompagné de plusieurs membres de son gouvernement qui a présidé la cérémonie de clôture dans l’après-midi. Les partenaires techniques et financiers, des ambassadeurs, des acteurs de la société civile, du mouvement syndical et autres étaient également de la partie. Il faut rappeler que cette initiative présidentielle a pour objectifs majeurs de maximiser la création d’emplois productifs et décents, celui d’améliorer la qualité des emplois et celui de réduire les inégalités dans l’emploi.

Le secrétaire général de la Confédération Nationale des Travailleurs de Guinée (CNTG) a au nom de la classe ouvrière salué l’initiative. Pour réaliser les différents axes et aboutir à de résultats bénéfiques, il invite le gouvernement à privilégier le dialogue social permanent. 

« La classe ouvrière guinéenne salue cette initiative de haute portée qui vient répondre à un souci majeur, celui de solutionner l’épineuse question de l’emploi et du travail en République de Guinée notamment pour les miliers de jeunes qui vivent pour certains dans une précarité extrême. 

En décidant de mettre en place une nouvelle politique de l’emploi avec celle élaborée en 2003, le gouvernement de la transition doit prendre la juste mesure des problèmes actuels de notre pays dans ce domaine. Car l’emploi est un enjeu économique et social considérable dont la prise en compte parmi les priorités nationales est un facteur de stabilité sociale voire politique et un gage de paix pour tout le monde. Dans cet esprit et en lien avec la vision 2030 pour une Guinée émergente et prospère, les travailleurs et travailleuses soutiennent les orientations stratégiques découlant de cette vision et déclinées en cinq (5) axes dont le dernier nous tient particulièrement à cœur. À savoir, la place accordée au dialogue social.

En effet, un dialogue social permanent mettant en priorité la concertation autour des questions essentielles de notre pays est à notre avis la voie royale par laquelle il faut partir pour réaliser l’ensemble des axes si nous voulons aboutir à des résultats tangibles et bénéfiques à tous ». 

Aminata Kaba, Ministre de l’Enseignement Technique, de la Formation Professionnelle et de l’Emploi a souligné que l’élaboration de cette PNE constitue le point de départ d’un processus d’amélioration continue de l’écosystème de l’emploi en Guinée. 

« Les défis en matière d’emploi sont immenses et nombreuses. Les questions et préoccupations liées à l’emploi est un problème commun et nous concerne tous de près ou de loin. En Guinée, le chômage touche environ 35%de la main d’œuvre avec une majorité d’emplois informels, la précarité et la pauvreté dans l’emploi. Ce qui confirme la nécessité de se doter d’une politique nationale de l’emploi essentielle pour guider les politiques et programmes de développement de notre pays. L’élaboration de cette PNE pour la période 2024-2030 est le résultat d’un engagement de l’ensemble des acteurs et des partenaires et constitue ainsi le point de départ d’un processus d’amélioration continue de l’écosystème de l’emploi en Guinée. 

Ce document de politique nationale que nous validons aujourd’hui, constitue le socle de nos futures actions relative à l’emploi de tous les acteurs de développement économique et social de notre pays. Ladite politique est démarche participative et inclusive, impliquant tous les acteurs et à tous les niveaux, en réunissant au sein du comité technique de l’emploi. La PNE exige une convergence des efforts de tous, car elle est l’aboutissement des réformes engagées par le Gouvernement pour améliorer les conditions d’employabilité de toutes les couches sociales et particulièrement celle des jeunes, des femmes et des personnes vulnérables. C’est pourquoi il est fondamental qu’il y ait des actions coordonnées et concertées de tous autour du Gouvernement notamment le secteur privé, les partenaires techniques et financiers, la société civile entre autres pour la mise en œuvre de cette politique », a expliqué Aminata Kaba avant de citer six (6) étapes issues de ces deux (2) jours d’échanges:

– la réanimation de la volonté politique ;

– la présentation et la validation de la politique nationale de l’emploi en conseil des ministres;

– la présentation publique de la politique nationale de l’emploi lors d’une conférence de presse; 

– la planification opérationnelle de la mise en œuvre du PNE au niveau sectoriel, régional et local ;

– le renforcement des capacités du dispositif de l’emploi à tous les niveaux ; 

– le développement d’outils de planification et de digitalisation favorable à l’emploi au niveau sectoriel, régional et local.

Le premier ministre, Amadou Oury Bah dans son discours de circonstances a rappelé quelques défis à relever dans le cadre de cette politique nationale de l’emploi. 

« Nous ferons en sorte que notre politique nationale de l’emploi ne soit pas q’un simple document de planification puisqu’elle est le fruit d’un engagement collectif pour construire un avenir où chaque guinéen a ou aura la possibilité de réaliser son potentiel et où le travail ne soit simplement une source de revenu mais aussi un levier pour l’épanouissement personnel et la dignité humaine. 

Les défis sont importants, cependant avec la politique nationale de l’emploi que nous validons ici, ça va nous donner un cadre solide pour relever des défis. La promotion d’un emploi décent et productif, le renforcement de l’adéquation des compétences et de l’employabilité de nos jeunes en particulier au niveau de nos jeunes descolarisés, favoriser le développement des entreprises et la formalisation des petites et moyennes entreprises en particulier à travers l’appui à l’entrepreneuriat et à l’auto-emploi, accélérer les mesures actives d’insertion dans l’emploi des groupes vulnérables, renforcer la gouvernance du marché de l’emploi, le dialogue social et le système d’information du marché de travail, favoriser également l’équité pour l’accession à l’emploi en ce qui concerne les territoires, les villes et les zones rurales.

Ces défis sont des orientations stratégiques qui ne resteront pas comme des mots sur le papier. Elles se traduiront en actions concrètes. Et c’est la raison pour laquelle, au niveau du comité interministériel qui se mettra en place, il faudra qu’on se dote de moyens de mesurer l’évolution du nombre des travailleurs, du nombre d’emploi créé et progressivement évaluer le taux de chômage qui existe réellement dans le pays. 

On ne se félicite pas que l’Etat soit le premier employeur. Parce que cela n’est pas l’objectif essentiel. Il faut qu’on transforme cette situation en un État qui existe réellement bien entendu qui assume ses missions régaliennes. Mais que le secteur privé supplante en étant le véritable pourvoyeur d’emplois et le véritable moteur de la croissance à laquelle nous aspirons pour changer la donne dans notre pays. Nous voulons rompre avec l’économie de rente. Nous voulons une économie diversifiée où la transformation est progressive, elle existe avec une industrialisation qui se mettra de plus en plus en place pour employer des jeunes qualifiés pour que la richesse nationale puisse atteindre un taux à deux chiffres et que cela puisse s’inscrire dans une durée afin de changer la courbe de chômage. Aujourd’hui, la Guinée en terme d’emploi, nous avons beaucoup à faire. Et c’est la raison pour laquelle, il faut un choc psychologique fort pour que les jeunes espèrent qu’il y ait des possibilités de créer un espoir de se construire dans ce pays. Le fort taux d’immigration clandestine que nous enregistrons est une indication pour nous dire que nous avons tardé à mettre en œuvre une politique nationale de l’emploi », a déclaré Bah Oury.

Le patronat et les partenaires techniques et financiers ont salué l’élaboration de la PNE tout en réaffirmant leur soutient pour sa mise en œuvre.

Mamadou Macka Diallo 

666 660 366

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