Primature: Amadou Oury Bah ne devrait ni ignorer ni gâcher l’immense capital politique de Bah Oury…

La nomination de Bah Oury au poste de Premier ministre le 27 février 2024, coïncidant avec le huitième anniversaire de son retour d’exil, a apporté une bouffée d’oxygène non seulement pour sa carrière politique mais aussi pour ses compatriotes. Tant le peuple de Guinée, agacé par un gouvernement Gomou désuni, avait soif de changement. Le Premier ministre Amadou Oury Bah qu’il est devenu, avait et continue d’avoir des leviers qui lui donnent plus de marges que ses deux prédécesseurs : Mohamed Béavogui et Bernard Goumou, deux illustres inconnus chez l’écrasante majorité des Guinéens avant le CNRD. Ancien militant des droits de l’homme reconnu comme tel par la société civile, ancien ministre, doyen parmi les doyens de l’échiquier politique, connaisseur de l’espace public et de la sociologie de notre pays…beaucoup y compris la presse, trouvaient Bah Oury mieux outillé que Goumou et Béavogui pour aider davantage les autorités de la transition dans la gestion de leurs relations avec les corps intermédiaires (partis politiques, société civile, presse…). Cet avantage, Bah Oury a comme préféré le gâcher ou ne pas s’en servir.

A son arrivée, le nouveau PM a effectivement porté le manteau qui sied à son profil. Il a enchainé deux conférences de presse, s’est impliqué dans la tentative de résolution des relations entre les autorités et certains médias accusés de non respect de leurs cahiers de charges. Tout ceci était bon. Il a aussi ouvert les portes de son palais aux forces politiques et sociales. Les formations politiques les plus coriaces à savoir l’UFDG, l’UFR et le RPG que Bernard Goumou partait démarcher sans succès, ont pris le chemin de la Primature quand Bah Oury les a appelées. Les autorités ont besoin de cette ambiance. Mais elles ont surtout besoins que le chef du gouvernement gère cela, que la Présidence ne soit pas obligées de s’occuper des débats politiciens.

Mais ceci n’a pas duré. Encore une désillusion ! Cet espoir que Amadou Oury Bah puisse être un pont entre le pouvoir et les corps intermédiaires, ne fait que s’amincir. On ne sait pas combien de temps cela prendra mais Amadou Oury Bah semble de plus en plus fermé dans une bulle, fuyant tout le monde. Lui aussi. Comme les autres en politique. Bah Oury s’est confronté aux réalités du pouvoir, argumentent les plus cléments. Il se montre suffisant pensant qu’il peut se passer de tout le monde, disent d’autres. Les plus sévères rajoutent que le nouveau profil qu’il est en train de d’incarner, légitime des interrogations sur la sincérité de son engagement auprès du Président Mamadi Doumbouya pour les enjeux à venir.

Sa notoriété politique incontestable et sa proximité avec les forces politiques et sociales, cette poudre magique dans sa paume est en train de se faufiler à travers les creux de sa main. De plus en plus d’acteurs se plaignent de son indisponibilité là où d’autres parlent même de mépris. Amadou Oury Bah devrait porter parfois la casquette de Bah Oury et refuser le piège du pouvoir qui isole.

L’aider à s’éloigner de tout le monde, l’encourager à s’enfermer davantage, en coupant Amadou Oury Bah des amis et des connaissances de Bah Oury, équivaudrait à l’entrainer dans un isolement. Ainsi, c’est lui qui finirait par être isolé et ne plus répondre aux critères ayant prévalu à son choix.  Or, le président Mamadi Doumbouya, comme tout autre chef d’Etat, en choisissant un Premier ministre, le fait selon un profil pour des objectifs. Si vraiment le Premier ministre Amadou Oury Bah veut peser lourd en faveur du chef de l’Etat pour les enjeux qui pointent à l’horizon, il a besoin de revoir son capital politique presqu’en lambeau.   

Thierno Amadou M’Bonet Camara

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