Le capitaine Ibrahim Traoré, chef de la junte militaire au pouvoir au Burkina Faso, a annoncé, vendredi 6 décembre 2024, la dissolution du gouvernement et la révocation de son Premier ministre, Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla, par décret présidentiel. Cette décision marque une nouvelle étape dans l’instabilité politique qui secoue le pays depuis plus de deux ans.
Apollinaire Kyélem de Tambèla, nommé Premier ministre en octobre 2022 après le coup d’État orchestré par Ibrahim Traoré, avait dirigé trois gouvernements successifs, à chaque fois reconduit à son poste. Cependant, les raisons précises de cette révocation n’ont pas été fournies dans le décret, alimentant ainsi les spéculations sur les causes de cette décision. Il est possible que cette action soit liée aux tensions internes au sein de la junte et à la gestion de la crise sécuritaire qui secoue le pays.
Le Burkina Faso traverse une période de turbulences depuis début 2022, lorsqu’un coup d’État mené par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba avait évincé le président Roch Marc Christian Kaboré. Huit mois plus tard, Damiba a à son tour été renversé par le capitaine Ibrahim Traoré, qui a pris les rênes du pays et a intensifié les actions contre les groupes armés djihadistes qui déstabilisent la région.
Le pays, comme le Mali et le Niger, gouvernés par des juntes militaires, a adopté une politique étrangère de rupture avec la France et ses alliés occidentaux. Ensemble, ces pays ont formé l’Alliance des États du Sahel (AES), visant à renforcer leur coopération régionale et à se distancer de l’influence française, en particulier dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
Le Burkina Faso, tout comme ses voisins, fait face à une violence inouïe due aux attaques djihadistes, qui ont coûté la vie à plus de 26.000 personnes, civiles et militaires, depuis 2015. Plus de 13.500 de ces morts ont eu lieu depuis le coup d’État de septembre 2022. En outre, près de deux millions de personnes ont été déplacées à cause du conflit, créant une crise humanitaire majeure.
La dissolution du gouvernement et le renversement du Premier ministre marquent donc un tournant supplémentaire dans la gestion de cette crise complexe. Le pays se dirige-t-il vers un approfondissement de l’instabilité politique, ou bien la junte parviendra-t-elle à reprendre le contrôle et à répondre aux défis sécuritaires et humanitaires auxquels il fait face ? Les mois à venir s’annoncent cruciaux pour l’avenir du Burkina Faso.
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