Le procès opposant l’État Guinéen représenté par l’agent judiciaire de l’État à l’ancien ministre Ibrahima Kourouma et l’ancien Directeur Administratif et Financier Mohamed V Sankhon, tous poursuivis pour des faits présumés de détournement de deniers publics et enrichissement illicite portant sur un montant de plus de 612 milliards de francs guinéens, a été ouvert ce mardi 22 janvier 2025 devant la chambre du jugement de la Cour de Répression des Infractions Economiques et Financières (CRIEF).
La partie civile représentée par Me Pépé Antoine Lamah, a sollicité le renvoi de l’affaire parce que n’étant pas prête. Une demande à laquelle les avocats de la défense se sont opposés. La demande a été rejetée par le juge Yagouba Conté qui a ordonné la continuation de l’audience. À la barre, l’ancien ministre a rejeté en bloc les faits articulés contre lui. Ibrahima Kouroouma a clamé son innoncence : «Je ne reconnais pas les faits qui me sont reprochés avant de continuer suite aux différentes questions du président de la cour. Je rejette en bloc ce montant qu’on dit avoir été détourné et j’estime qu’il faut une confrontation. Je ne reconnais pas les faits qui me sont reprochés. J’ai occupé des postes dans l’administration en tant que ministre de 2011 à 2021 à savoir en tant ministre de l’Enseignement Pré-universitaire et de l’Alphabétisation de 2011 à 2017 et en tant que ministre de la ville, de l’Aménagement et de l’Urbanisme. Donc, monsieur le président, je suis ordonnateur principal du budget du département. Le pool financier ne dépend pas du ministre, tous ceux qui sont nommés au service financier ne sont pas nommés par le ministre mais plutôt par le ministre de l’Economie des Finances et celui du budget. Je suis ordonnateur mais je ne suis pas celui qui gère les dépenses» a-t-il indiqué.
En se basant sur l’ordonnance de renvoi, le juge Yagouba Conté a interrogé le prévenu sur le décaissement sans pièces justificatifs des montants de 232 milliards 109 millions 400 mille et 449 francs guinéens; 225 milliards 942 millions 780 mille 153 francs guinéens pour les dépenses des examens, rentrée scolaire, construction et renovation des infrastructures scolaires sur la période allant de 2011 à 2014. « Vous avez quoi à dire par rapport à cela?« , a interrogé le juge.
Ibrahima Kourouma de répondre: « Ce genre de documents, je n’ai jamais été appelé pour une confrontation quelconque sur ces montants, je n’ai jamais été sasi de cela. Il n’y a pas un mois que j’ai vu ça en disant voici ce qu’on vous reproche. Donc, monsieur le président, ces montants on ne m’en a jamais parlé même à l’instruction. Et ce n’est pas à moi de justifier les dépenses mais c’est plutôt au pool financier qui est tous les jours avec les dépenses. C’est eux qui peuvent expliquer ce qui s’est passé mais si on demande à un ministre de justifier avec des pièces, je rejette alors ce montant qu’on dit avoir été détourné et j’estime qu’il faut une confrontation entre l’inspection qui déclare cette situation et nous», a t-il insisté.
«Tout ce qui est lié à des examens nationaux, l’ordonnateur principal c’est le directeur de service d’examen. Il a en son sein un pool financier, c’est lui qui pilote les examens tant sur le plan de la pratique et sur le plan financier. C’est lui qui gère tout, à commencer par les ateliers jusqu’à la proclamation des résultats. La loi m’interdit, je ne peux pas être ordonnateur et m’immiscer dans les dépenses. Monsieur le président pendant tout mon exercice, j’ai veillé à ce que les choses se passent normalement», a t-il fait savoir.
Interrogé par le juge sur ses biens, l’ancien ministre de l’Enseignement Pré-universitaire et de l’Alphabétisation a reconnu avoir deux maisons. «Une maison de trois chambres, deux douches et salon à Beyla et une autre avec le même plan à Conakry. Et celle de Lambanyi s’élève à 600 millions de francs guinéens mais je suis en train de payer, pour l’heure j’ai payé 250 millions de francs guinéens. En plus j’ai deux terrains de 800 mètres carrés chacun dont un à Conakry et un autre à Beyla. De plus, j’ai deux comptes bancaires à la BICGUI et à Ecobank qui ne dépassaient pas un montant de 100 millions au moment où je partais en prison», a-t-il énuméré.
Sur insistance du ministère public, Ibrahima Kourouma a reconnu avoir une pharmacie depuis 2007. Il mentionne que celle-ci lui rapportait au moins 45 millions de francs guinéens par mois.
Aliou Diaguissa Sow
Tel: 627 51 44 41