La délégation de l’Union européenne en Guinée a organisé un point de presse ce lundi 24 février 2025, marquant la troisième année depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Aux côtés de l’ambassadrice de l’Union européenne en Guinée, des ambassadeurs de la France, d’Allemagne, d’Espagne, d’Italie et du consul honoraire d’Ukraine, le journaliste guinéen Thierno Amadou M’Bonet Camara a livré son témoignage poignant sur la réalité du conflit.
Lors de cette conférence de presse, Thierno Amadou M’Bonet Camara a partagé son expérience de journaliste en Ukraine, où il s’est rendu à plusieurs reprises entre 2023 et 2024 pour documenter les effets de la guerre. « J’ai eu l’opportunité, avec d’autres journalistes africains, de rencontrer des hautes personnalités du pays, y compris le président et la première dame. Cette guerre ne se limite pas à un conflit russo-ukrainien ; elle a une portée mondiale, » a-t-il affirmé, soulignant l’impact économique mondial, notamment la flambée des prix ressentie jusqu’en Afrique.
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Le journaliste a également mis en avant la volonté de l’Ukraine de renforcer ses liens avec le continent africain. « L’Ukraine reconnaît qu’elle s’est quelque peu éloignée de l’Afrique par le passé, mais elle fait aujourd’hui des efforts pour s’en rapprocher, notamment en ouvrant de nouvelles ambassades, » a-t-il expliqué.
Thierno Amadou M’Bonet Camara a également souligné la difficulté de l’Ukraine à faire entendre son discours en Afrique. « Beaucoup de pays africains, qui ont eux-mêmes lutté pour leur indépendance, ont du mal à comprendre que l’Ukraine se bat aujourd’hui pour sa propre souveraineté. Cela est en partie dû à une désinformation persistante, qui présente ce conflit comme une guerre par procuration entre l’Union européenne et la Russie, alors qu’il s’agit avant tout d’une lutte pour la survie de l’Ukraine, » a-t-il expliqué.
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Il a également tenu à rectifier certaines idées reçues sur les relations historiques entre la Guinée et la Russie. « On parle souvent de nos liens avec la Russie depuis l’indépendance, mais il faut rappeler que ces relations existaient avec l’URSS dans son ensemble, y compris l’Ukraine. Ce passé ne peut donc pas être invoqué uniquement au profit de la Russie, » a-t-il précisé.
Interrogé par Madame Jolita Pons sur ce qui l’avait le plus marqué sur le terrain, Thierno Amadou M’Bonet Camara a salué le courage du peuple ukrainien face à l’adversité. « Lorsque l’on entend parler de la guerre de loin, cela semble abstrait. Mais sur place, on constate que de nombreux Ukrainiens auraient pu fuir, et pourtant, ils sont restés pour défendre leur pays. C’est une forme de patriotisme remarquable, » a-t-il témoigné.
Il a également réagi à une polémique liée à une déclaration du président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui se disait prêt à quitter son poste si cela pouvait garantir l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. « Certains considèrent cette déclaration comme un manque de courage. Mais ils ignorent la réalité du terrain et la résilience extraordinaire du peuple ukrainien face à une superpuissance militaire, » a-t-il déclaré.
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Le journaliste guinéen a conclu son intervention en présentant son ouvrage, publié chez L’Harmattan, qui relate son expérience en Ukraine. « Ce livre décrit non seulement mon travail de journaliste sur le terrain, mais aussi mes réflexions personnelles sur cette guerre qui bouleverse l’ordre mondial, » a-t-il affirmé, exprimant son espoir d’avoir d’autres opportunités d’échanger sur ce sujet.
Par ce témoignage, Thierno Amadou M’Bonet Camara apporte un regard africain sur un conflit qui, bien qu’éloigné géographiquement, a des répercussions jusqu’au cœur du continent. Un rappel que, dans un monde globalisé, aucune guerre n’est isolée.