Excellence Monsieur le Président de la République, Mesdames et Messieurs les membres du gouvernement, acteurs de la sécurité civile et citoyens engagés,
La République de Guinée fait face à une menace silencieuse mais dévastatrice : les incendies et paniques dans des établissements recevant du public. Chaque année, ils causent des pertes humaines et matérielles considérables, fragilisant l’économie et mettant en péril la sécurité des citoyens. Les récents sinistres – notamment l’explosion tragique du dépôt de carburant de Kaloum en décembre 2023 et l’incendie du grand marché de Madina en janvier 2025 et, tout récemment le sinistre enregistré au stade de Nzérékoré – rappellent brutalement l’urgence d’agir. Ces drames ne sont pas des fatalités. Ils sont le résultat d’un vide réglementaire et structurel qu’il est temps de combler.
Depuis la création de la Protection Civile de Guinée en 1954 par les colons français à nos jours, notre pays ne s’est jamais doté d’une politique nationale de sécurité incendie. Cette absence de cadre structurant se traduit par une prévention quasi inexistante, des normes de construction inadaptées, un manque criant de moyens pour les services de secours et une sensibilisation insuffisante des populations aux risques incendie. Il est impératif de changer cette réalité et de bâtir un dispositif efficace et pérenne, capable de protéger nos concitoyens et de préserver nos infrastructures vitales.
Pourquoi une politique nationale de sécurité incendie est une nécessité absolue ?
- Protéger les vies humaines et limiter les pertes
Un incendie ne prévient pas. Il survient souvent là où les moyens de lutte sont insuffisants ou inexistants, entraînant des drames évitables. Une politique nationale imposerait des normes strictes et des dispositifs de prévention adaptés pour sauver des vies.
- Préserver l’économie et garantir la résilience des infrastructures
Le commerce, les entreprises, les marchés et les bâtiments publics sont vulnérables aux incendies. Chaque sinistre détruit des années d’investissement et plonge des familles entières dans la précarité. Des réglementations adaptées et une mise à niveau des infrastructures réduiraient ces risques et garantiraient la continuité des activités économiques.
- Renforcer les capacités d’intervention des secours
Nos services de protection civile sont courageux, mais souvent démunis face à l’ampleur des incendies. Une politique nationale permettrait de moderniser leurs équipements, d’augmenter leurs effectifs et d’améliorer leur maillage territorial pour des interventions plus rapides et efficaces.
- Éduquer, sensibiliser et responsabiliser la population
La prévention est la première ligne de défense contre les incendies. L’instauration d’un cadre national permettrait d’organiser des campagnes de sensibilisation, des formations pour les professionnels et le grand public, et d’exiger des audits réguliers des bâtiments sensibles.
Un tournant historique pour la Guinée
La mise en place d’une politique nationale de sécurité incendie ne serait pas seulement une avancée technique ou administrative – elle serait un acte fondateur pour la protection des générations présentes et futures. Aujourd’hui, le gouvernement guinéen a une opportunité unique d’entrer dans l’histoire en dotant le pays d’un cadre structurant, garantissant un environnement plus sûr et plus résilient.
Excellence Monsieur le Président de la République, Mesdames et Messieurs les décideurs, l’heure n’est plus à l’attente, mais à l’action. La Guinée ne peut plus subir les incendies comme une fatalité. Il est temps d’agir avec ambition et détermination pour que plus jamais un marché, une école, une entreprise ou un quartier ne soient réduits en cendres faute de prévention et de préparation. Ensemble, faisons de la sécurité incendie une priorité nationale.
Mohamed KOUYATE
Spécialiste en Changements Institutionnels, Risques et Vulnérabilité Sociale
Expert en Sécurité Incendie