Depuis l’étranger, Ibrahima Diallo, l’un des responsables du FNDC, appelle ses compatriotes en Guinée à se faire recenser et à conserver précieusement leur carte d’électeur « pour l’utiliser au moment opportun ». Qu’ils aient l’intention de voter ou non, il estime que la possession de ce document est d’une importance capitale.
Cette position, plus pragmatique que celle de nombreux partis politiques, amène forcément à une question : joue-t-il encore le rôle d’un simple activiste de la société civile, ou a-t-il définitivement franchi le pas vers le politique ? À moins que, comme le pensent certains, le FNDC ne soit qu’un prolongement de l’UFDG dans la sphère associative. Un secret de Polichinelle, diront d’autres.
Toujours est-il qu’Ibrahima Diallo semble voir plus loin que bon nombre d’acteurs politiques. Il a parfaitement compris que le recensement en cours via le RAVEC (Recensement Administratif à Vocation d’État Civil) aboutira à la constitution du fichier électoral et, in fine, à la délivrance des cartes d’électeur pour les prochaines échéances électorales.
Or, l’inscription sur les listes électorales étant volontaire, ce processus constitue une aubaine pour les partis et candidats dotés des ressources et de la stratégie nécessaires pour mobiliser leurs partisans. C’est la raison pour laquelle les états-majors politiques ne se contentent pas d’encourager leurs militants à s’enregistrer : ils s’activent en coulisses pour leur faciliter l’obtention des documents requis. Un parti dont les sympathisants ne s’inscrivent pas en nombre suffisant s’expose à une débâcle électorale.
En d’autres termes, les élections peuvent être en grande partie décidées dès l’établissement des listes électorales. D’où l’importance capitale de l’enrôlement. Sur ce point, force est de constater qu’Ibrahima Diallo a une longueur d’avance. Son flair stratégique dépasse celui de nombreux leaders politiques actuels, qui se contentent de réagir après coup. Peut-être devrait-il officialiser son entrée en politique, puisqu’il en maîtrise déjà les rouages mieux que certains professionnels du domaine. Surtout que leur fameux FNDC dissous n’a plus d’existence légale…
L’appel d’Ibrahima Diallo à l’enrôlement électoral démontre une lucidité politique certaine. En incitant les citoyens à se préparer pour les échéances à venir, il anticipe les batailles électorales bien mieux que certains partis qui négligent de mobiliser leur base à cet effet. Reste à savoir s’il continuera à se positionner en simple « activiste » ou s’il assumera pleinement son rôle d’acteur politique. Après tout, il pourrait officialiser son appartenance à l’UFDG, un choix qui ne surprendrait personne et qui, loin de lui porter préjudice, renforcerait davantage ce parti.