À l’image de la plupart des pays africains, la République de Guinée est confrontée à un déficit de développement en milieu rural. L’accès aux services sociaux de base est très limité, et les infrastructures publiques ainsi que les équipements collectifs sont quasi inexistants. Cet état de fait est à l’origine de plusieurs phénomènes, dont l’exode rural qui, de nos jours, occasionne un surpeuplement des villes, compromettant ainsi la quiétude et le bien-être en milieu urbain. D’où la nécessité de réfléchir à des solutions adéquates.
L’une des raisons pour lesquelles des actions efficaces et urgentes doivent être déployées dans ce domaine est la proportion importante de la population rurale. Selon les données de l’Institut National de la Statistique (INS), en 2022, environ 63,06 % de la population guinéenne vit en milieu rural.
Du point de vue de la déconcentration budgétaire, nul besoin de statistiques pour constater le déséquilibre. Dans plusieurs préfectures et sous-préfectures, l’état des bâtiments administratifs et des infrastructures publiques laisse transparaître une insuffisance notoire des ressources. Certains services déconcentrés de l’État ne sont pas en mesure d’offrir un service public de qualité, n’ayant aucun budget de fonctionnement, encore moins d’outils et d’équipements de travail. Une amélioration progressive de cette situation est constatée par endroits, grâce à l’exigence du président Mamadi Doumbouya, demandant aux départements ministériels d’allouer au moins 20 % de leurs budgets aux services déconcentrés. Cette mesure, bien qu’elle ne soit pas totalement effective sur le terrain, marque un pas décisif vers l’amélioration de la situation.
L’histoire et la géographie de la République de Guinée démontrent clairement que le développement durable du pays passera nécessairement par l’agriculture, l’élevage, la transformation industrielle et le tourisme. C’est d’ailleurs là qu’il faut saluer l’ambition exprimée par le CNRD à travers le Programme Simandou 2040, dont la vocation est d’utiliser les ressources issues de l’exploitation minière pour booster les autres secteurs socio-économiques.
En investissant dans la production énergétique, l’amélioration des systèmes de transport ainsi que dans la fourniture des services sociaux de base en milieu rural, nous parviendrons à améliorer notre production locale, satisfaire la demande du marché national et conquérir les marchés internationaux.
Par ailleurs, en plus des initiatives étatiques, il est fondamental d’œuvrer pour une meilleure coordination des interventions des acteurs non étatiques dans le développement local. Cette question fera l’objet d’une autre tribune. En attendant, il faut retenir que les collectivités locales doivent jouer pleinement leur rôle conformément aux dispositions légales en la matière. Il est également nécessaire d’œuvrer pour un changement de mentalité afin que les hauts cadres du secteur public et du privé, les hommes d’affaires ainsi que toutes les populations urbaines s’intéressent au monde rural à travers des initiatives d’interaction productive entre les deux zones.
Des mesures encourageant les habitants des grandes villes à fréquenter le monde rural, que ce soit pour la découverte, les études, les vacances ou le travail, pourraient favoriser une croissance du flux économique et susciter des investissements considérables, et ainsi redynamiser les économies de nos régions, préfectures et sous-préfectures.
En conclusion, retenons que le défi du développement rural ne peut être relevé que par la combinaison de projets structurants de l’État, d’une coordination efficace des interventions des différents acteurs, et d’un changement de mentalité des populations.
L’Etat doit mettre en avant le désenclavement des localités.
Agissons maintenant !
Cheick Alioune