Lors de la dernière audience dans l’affaire opposant l’État guinéen à l’ancien ministre Dr Ibrahima Kourouma, ex-ministre de l’enseignement pré-universitaire et de l’alphabétisation et à l’ex-directeur administratif et financier Mohamed V Sankhon du même département, accusés de détournement de fonds publics et d’enrichissement illicite portant un montant de (612 milliards de francs guinéens et 12 millions de dollars), le ministère public a requis de lourdes peines, dont cinq ans d’emprisonnement pour chaque accusé et le paiement de 50 milliards de francs guinéens. La partie civile a également réclamé des sommes importantes. Cependant, l’avocat de Dr Ibrahima Kourouma, Maître Adam Salomon Camara, a contesté ces réquisitions, affirmant qu’elles manquaient d’objectivité.
« Je tiens à relever que les réquisitions du ministère public ne reposent sur aucune objectivité. Ils puisent les éléments de ces réquisitions sur le fondement d’un rapport qui, à priori, est contesté par notre client. Il existe un principe général en droit qui dit que la forme commande le fond. Dès lors que notre client conteste la forme du rapport provisoire, qui n’est pas encore un rapport définitif, et que le ministère public ait basé ses réquisitions sur ce rapport, nous affirmons qu’elles ne sont pas fondées sur de l’objectivité. Donc, nous aurons notre tour de parole et nous allons demander au cas par cas de montrer en quoi ce rapport ne saurait être opposable à notre client, ou à tout le moins demander à la Cour de l’écarter des débats. »
Ni les réquisitions du ministère public, ni les plaidoiries de l’agent judiciaire de l’État ne reposent sur une objectivité certaine, selon Me Camara. « L’agent judiciaire de l’État, à travers ses avocats, a plaidé sur le contenu du rapport, et nous contestons ce rapport en tant que tel. Donc, nous n’avons pas la même lecture, la même compréhension de ce dossier », martèle-t-il.
Plus loin, Maître Adama Salomon Camara affirme que l’instruction a été bâclée. « Ce dossier est passé par une chambre d’instruction et a ensuite fait l’objet d’un renvoi devant la chambre. On ne peut donc plus revenir en arrière. Ce qui est à démontrer et qui est constant, c’est que l’instruction a été bâclée dans ce dossier. Vous voyez la difficulté avec laquelle le ministère public peine à soutenir son accusation. Nous en tirons avantage, car en droit, le doute profite toujours à l’accusé. »
Pour conclure, l’homme en robe noire souligne que si son client répondait aux différentes questions du juge Yagouba Conté basées sur le rapport provisoire des inspecteurs, il aurait ainsi acquiescé au contenu du rapport. Il ajoute. « Notre préoccupation concerne la forme. Les inspecteurs eux-mêmes ont dit qu’il s’agit d’un rapport provisoire qui n’a pas été soumis à la contradiction. Cela règle tout. »
La prochaine audience est prévue demain, mercredi, pour la suite des plaidoiries des avocats de la défense.
Aliou Diaguissa Sow Tél : 627 51 44 41