Comme prévu, les plaidoiries et réquisitions dans le procès en appel du leader du Mouvement Démocratique Libéral (MODEL), condamné par le tribunal de première instance de Kaloum à deux ans d’emprisonnement pour « offense et diffamation » à l’encontre du chef de l’État par le biais d’un système informatique, se poursuivent devant la cour d’appel de Conakry.
Après l’ouverture de l’audience à 10h43, la parole a été donnée aux avocats de la défense pour la poursuite de leurs plaidoiries.
À la barre, Me Halimatou Camara a tout d’abord dénoncé l’attitude du parquet général face aux enlèvements et kidnappings dont ont été victimes plusieurs activistes de la société civile. Elle a ensuite rappelé qu’après le coup d’État du 5 septembre, son client, Aliou Bah, était resté dans le pays, « droit dans ses bottes » face à la situation nationale.
Poursuivant sa plaidoirie, l’avocate a exprimé un profond scepticisme quant à l’impartialité de la justice, déclarant : « On est face à un appareil judiciaire où la confiance n’a pas sa place. Est-ce qu’on est face à une cour impartiale ? »
Dans la même dynamique, elle a qualifié le procès d’Aliou Bah de « procès de la honte et de la malédiction », évoquant les images des enfants victimes lors de la tragédie survenue au stade de N’Zérékoré. Elle a ajouté : « Aujourd’hui, nous sommes sous une forme de justice d’apparat, où nous portons les robes pour la forme. »
Pour conclure, Me Halimatou Camara a lancé : « Nous défendons Aliou Bah parce qu’il n’a rien fait. On le juge pendant que les vrais coupables sont cachés dans les placards. »
Avant que Me Houlaymatou Bah ne prenne la parole à son tour, la présidente de la cour, Hadja Fatoumata Bangoura, a tenu à recadrer les débats. S’adressant aux avocats de la défense, elle a déclaré :
« Le procès que nous faisons, c’est le procès de Mamadou Aliou Bah, poursuivi pour des faits d’offense et de diffamation à l’encontre du chef de l’État. Vous n’avez pas à en faire un procès des magistrats. Je ne voulais pas vous interrompre, mais si vous continuez dans cet élan, je serai obligée de le faire. »
Au moment où nous mettons cette dépêche en ligne, les plaidoiries des avocats d’Aliou Bah se poursuivent devant la cour.
Aliou Diaguissa Sow
Tél. : 627 51 44 41