Lundi dernier, le Forum sur l’avenir de la presse en Guinée, initié par la Haute Autorité de la Communication (HAC), a été lancé à Conakry. À cette occasion, le président de l’institution, Boubacar Yacine Diallo, a abordé plusieurs thématiques majeures, notamment la convention collective, l’infiltration de la presse, et la corruption de certains journalistes.
Ce mercredi 21 mai 2025, nous avons recueilli l’avis de plusieurs journalistes sur l’utilité de ce forum ainsi que sur les sujets évoqués par le président de la HAC.

Babanou Camara : « Il faut redorer le blason de la presse guinéenne »
Babanou Camara, rédacteur en chef de la radio Soleil FM, estime que ce forum est nécessaire car il devrait permettre d’identifier les problèmes réels du secteur et d’y apporter des solutions concrètes.
« Il y a cette convention collective. Nous, on a travaillé dessus en juillet 2023 avec un expert envoyé par le ministère de la Fonction publique, dans un réceptif hôtelier de la capitale. Il faut que cette convention soit signée, qu’elle profite à la fois aux patrons de presse et aux journalistes. Il est temps d’améliorer les conditions de vie et de travail des journalistes. Il faut aussi créer un environnement d’exercice libre de cette profession, ce qui implique à la fois le gouvernement, les autorités de haut niveau et les journalistes. Ce sont ces facteurs qui expriment l’opportunité de ce forum », a-t-il souligné.
Cependant, Babanou Camara dénonce le contexte dans lequel se tient le forum.
« C’est comme si ce forum se tient à un moment où nous avons le couteau à la gorge. Il y a des centaines de journalistes au chômage, des médias sont fermés. Au-delà des fermetures, il y a eu le brouillage des ondes et des sanctions contre des journalistes. J’ai suivi avec intérêt les propos du président de la HAC. Oui, c’est vrai, la presse est infiltrée, il y a des personnes qui ne respectent pas l’éthique. Mais que fait l’État pour assainir ce secteur ? La HAC elle-même semble plus répressive qu’à l’écoute des journalistes. Boubacar Yacine a dit qu’il n’a pas été envoyé à la HAC par l’État, mais qu’il y est allé en tant que président de l’URTELGUI. Il a aussi parlé de journalistes corrompus. D’accord. Mais qu’il les désigne clairement. Et puisque lui-même dit que la presse est infiltrée, qu’il agisse pour extirper ces personnes qui nuisent à notre profession », a-t-il déclaré.

Mamadou Bah : « La carte professionnelle doit répondre à des critères clairs »
De son côté, Mamadou Bah, rédacteur en chef adjoint de Soleil FM, est revenu sur la question de l’infiltration de la presse et la délivrance des cartes professionnelles.
« Aujourd’hui, il y a un problème avec la délivrance des cartes professionnelles. Il faut des critères clairs. Si vous êtes sorti d’une école de journalisme, cela ne pose pas de problème. Mais pour les autres, on exige au moins deux ans d’expérience dans une entreprise de presse. Ce n’est qu’à cette condition que la carte doit être attribuée. Mais au-delà de cela, il faut que chaque journaliste soit initié à l’éthique et à la déontologie. Il y a des textes qui encadrent la profession, mais derrière cela, il y a ce qu’on appelle le bon sens du journaliste. Car un journaliste ne dit pas tout ce qu’il sait », a-t-il expliqué.
Concernant les accusations de corruption dans le métier, Mamadou Bah estime que cela est souvent lié à la manière dont certaines enquêtes sont menées.
« Quand on parle de corruption, c’est souvent lié aux enquêtes. Certains journalistes lancent des dossiers puis arrêtent, vont voir des personnes mises en cause ou sont eux-mêmes contactés pour un arrangement. Et quand l’argent parle, on oublie tout le reste. Là encore, c’est le bon sens du journaliste qui n’est pas appliqué. Il faut initier les journalistes à l’éthique et à la déontologie », a-t-il martelé.
Enfin, Babanou Camara a invité la HAC à jouer pleinement son rôle : former, encadrer et créer un cadre de dialogue entre le pouvoir et les médias.
Mamadou Macka Diallo
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