Sorties du Premier ministre et du Général Amara sur les élections : « Je crois que c’est un torchon qui brûle depuis très longtemps » (Dr Édouard Zoutomou)

Le 12 mai dernier, à l’occasion du forum Africa CEO, le Premier ministre Bah Oury a annoncé que les élections législatives et présidentielle se tiendront en décembre 2025. Ce jeudi 22 mai, en marge d’une conférence de presse conjointe animée par les porte-paroles du gouvernement et de la présidence de la République, portant sur la vague de retrait des licences de plusieurs sociétés minières en Guinée, le général Amara Camara a été interrogé sur cette déclaration du chef du gouvernement. 

Le ministre secrétaire général à la présidence s’est limité à rappeler que, selon le chef de l’État, “cette année est une année électorale”, mais n’a confirmé ni le mois ni la date exacte du double scrutin. 

Réagissant à ces différentes prises de parole dans un entretien accordé à notre rédaction ce vendredi, le président de l’Union Démocratique pour le Renouveau et le Progrès (UDRP), Dr Édouard Zoutomou Kpogomou, a critiqué la démarche du Premier ministre, estimant qu’il n’aurait pas dû faire une telle annonce à l’étranger. Il a également exprimé de sérieux doutes quant à la tenue effective des élections. 

« Je crois que c’est un torchon qui brûle depuis très longtemps. Je l’avais dit et je le maintiens : il n’appartenait pas au Premier ministre d’aller déclarer en Côte d’Ivoire que les élections en Guinée se tiendront en décembre. C’est devant le peuple qu’il devait faire cette annonce, ici en Guinée », a-t-il lancé. 

Le leader de l’UDRP déplore également l’absence de préparation concrète pour l’organisation du scrutin. 

« Quand on parle d’élections, cela suppose que toutes les dispositions ont été prises pour que le scrutin puisse se tenir. Or, ni le recensement, ni l’organe de gestion des élections, ni la CENI censée organiser les élections, n’ont été associés à cette déclaration. C’est comme mettre la charrue avant les bœufs. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois. En début d’année, le Premier ministre avait annoncé la tenue d’un référendum au premier trimestre. Rien ne s’est passé. Ensuite, c’est le porte-parole du gouvernement qui est venu le contredire. Puis, ils ont évoqué la date du 21 septembre pour ce référendum. Finalement, on a l’impression que les autorités tâtonnent, qu’elles ne savent pas ce qu’elles font. » 

Selon lui, cette confusion démontre que le Premier ministre « ne semble même pas informé de ce qui se passe autour de lui ». 

Parlant de la cacophonie dans la communication gouvernementale sur la tenue des élections, Dr Zoutomou Kpogomou a dénoncé un manque de cohésion et d’organisation au sommet de l’État. 

« Je pense que cela traduit l’absence d’une structure solide. Dans un groupe bien organisé, chacun a une responsabilité bien définie. Mais ici, on ne voit pas clairement comment les rôles sont attribués. Quand des responsables se contredisent publiquement, c’est tout l’appareil étatique qu’ils ridiculisent. Cela montre clairement qu’il n’y a pas de cohésion au sein de ceux qui nous gouvernent. Chacun semble être là pour son propre intérêt. Et cela donne du crédit à ceux qui pensent qu’il n’existe pas une volonté collégiale de travailler pour l’intérêt commun. Chacun fait son petit jeu pour en tirer profit. Cet esprit individualiste est très décevant. Ce n’est pas ainsi qu’on construit un État. » 

Mamadou Macka DIALLO 

666 660 366 

Articles similaires