Affaire disparition d’or en Guinée : Une escroquerie d’État à plusieurs têtes mise à nu

Depuis maintenant près de six mois, la Guinée fait face à un scandale d’une ampleur inédite autour de la disparition mystérieuse de plus d’une tonne d’or, impliquant une nébuleuse de personnalités économiques, politiques et financières. Dans cette affaire sulfureuse : la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG), un réseau présumé d’escroquerie organisée, et un homme d’affaires mauritanien au centre de toutes les attentions, Yacoub Sidya.

L’affaire remonte en février 2021. À cette date, Yacoub Sidya proposait à la BCRG d’ouvrir un compte auprès de la prestigieuse société financière américaine Brink’s, afin d’y déposer le métal jaune guinéen, une fois raffiné par la société Émirat Miting (EMR), dont il était le représentant. Mais les investigations ont révélé que ce compte n’a jamais existé. Pire, la BCRG recevait régulièrement de faux documents de dépôts et des factures falsifiées, validées sans vérification par Diafariou Bah, Auditeur général de la Banque, aujourd’hui suspendu.

L’implication de hauts cadres de la BCRG, dont Souadou Baldé, ex-vice-gouverneure, est évoquée. Cette dernière est soupçonnée d’avoir partagé des informations confidentielles avec Yacoub Sidya et le cabinet KPMG dans le but de discréditer le gouverneur en poste, Karamo Kaba, et s’ouvrir la voie à sa succession. Les enquêteurs estiment désormais que cette affaire dépasse de loin le simple cadre d’une fraude isolée, révélant plutôt un réseau bien structuré avec des ramifications internes et internationales.

Les premières confrontations dirigées par le Haut Commandement de la Gendarmerie nationale ont permis de dresser un tableau édifiant. Yacoub Sidya est décrit par les enquêteurs comme la pièce maîtresse du dispositif. Il a été interpellé et gardé à vue pendant plus d’un mois, entre décembre 2024 et janvier 2025. Sa libération, le 25 janvier 2025, a été conditionnée par des engagements fermes pris par des autorités mauritaniennes pour assurer le retour sous 72 heures de l’or bloqué à Dubaï.

Mais la suite a viré au cauchemar. Escorté par un gendarme guinéen, Yacoub Sidya quitte Conakry pour Nouakchott, puis Dubaï. Une fois sur place, il disparaît mystérieusement, prétextant une hospitalisation soudaine. Ses téléphones sont éteints, ses messages restent sans réponse. La délégation guinéenne, composée de représentants de la Présidence, de la BCRG et du gendarme, est abandonnée à son sort à Dubaï. Après plus de deux semaines d’attente infructueuse, la mission retourne bredouille à Conakry le 18 février 2025, dupée par un véritable stratagème.

Parallèlement, d’autres personnalités ont été entendues. Parmi elles, Tidiane Koita, président des orpailleurs guinéens, et Karamo Kaba, gouverneur de la BCRG. Les deux hommes ont été blanchis par les enquêteurs, aucune implication directe n’ayant été prouvée dans la disparition de l’or. Tidiane Koita a produit les justificatifs d’approvisionnement et de livraison en or, documents confirmés comme authentiques par la hiérarchie militaire.

Les révélations se poursuivent. Le 5 février 2021, le jour même où les documents d’ouverture du faux compte Brink’s ont été signés, Karim Jendoubi, alors Directeur Général de la branche concernée, est recruté quelques mois plus tard par Yacoub Sidya dans ses entreprises (Global Aviation et MSS Security). Bien qu’ayant quitté Brink’s, Jendoubi aurait continué à produire de faux documents pour entretenir l’illusion de dépôts légaux au nom de la Guinée.

Cette affaire, digne d’un thriller financier, jette une lumière crue sur les failles de gouvernance dans la gestion des ressources précieuses du pays et révèle l’étendue des complicités internes et externes. L’enquête se poursuit, les regards sont désormais tournés vers les circuits diplomatiques et les institutions judiciaires pour tenter de démêler cette affaire tentaculaire. En tout état de cause, le peuple de Guinée attend désormais la restitution de son or.

Source : Chretiens.com et Crocinfos.net

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