Déclaration du Syndicat National de l’Enseignement Franco-Arabe de Guinée (SNEFAG)

Nous sommes face à l’histoire aujourd’hui, nous avons décidé de prendre nos responsabilités pour attirer l’attention des plus hautes autorités de notre pays sur la situation critique de l’enseignement franco-arabe, une partie intégrante du système éducatif guinéen.

Avant d’esquisser ces problématiques auxquelles est confronté l’enseignement franco-arabe, nous tenons d’ailleurs à préciser que notre démarche ne vise qu’être une force de propositions, de recommandations et de conseils pour le gouvernement.

En tant qu’enseignants, croyant aux vertus du dialogue et aux principes de débat apaisé et responsable, nous estimons que tout le monde à sa place pour le développement de notre pays.

Nous, membres du Bureau Exécutif National  du Syndicat National de l’Enseignement Franco-Arabe de Guinée (SNEFAG), réunis en session d’analyses stratégiques et d’évaluations des défis actuels de notre système éducatif, exprimons à travers cette déclaration, nos revendications urgentes et fondamentales dans l’intérêt des enseignants, des apprenants, et de l’avenir de l’enseignement franco-arabe en République de Guinée.

En soit, permettez-nous de vous faire les points détails de nos revendications ci-suivantes :

SITUATION DES ETUDIANTS FRANCO-ARABES BLOQUES DANS LES CYCLES UNIVERSITAIRES ET POSTUNIVERSITAIRES (LICENCE, MASTER, DOCTORAT) :

Des milliers d’étudiants issus du système franco-arabe poursuivant ou achevant des études supérieures en Guinée sont relégués au second rang par faute de non-participation au baccalauréat national antérieur, nonobstant, leur réputation dans les pays arabes par leur niveau académique considérable obtenu dans leur parcours de lycées franco-arabes classiques non reconnus à l’époque par les autorités éducatives.

Cette situation résulte de lacunes structurelles du système éducatif guinéen, notamment l’absence de la bonne politique de catégorisation des baccalauréats franco-arabes.

Nous demandons la mise en place d’un mécanisme national de régularisation administrative permettant la reconnaissance rétroactive ou équivalente de leurs acquis et l’harmonisation administrative de leurs parcours afin de répondre aux principes d’équité, d’inclusion et d’utilité sociales.

  1. REHABILITATION DES FILIERES FRANCO-ARABES DANS LES ENI DE KINDIA ET DE BOKE :

La fermeture des filières franco-arabes dans les ENI de Kindia et de Boké constitue un recul majeur dans la formation des enseignants spécialisés. Dans un pays où l’éducation bilingue est en pleine expansion, cette situation crée un déficit en ressources humaines qualifiées. Nous demandons la réouverture rapide et renforcée de ces filières, conformément aux besoins régionaux et nationaux en enseignants, et à l’objectif de couverture éducative pour tous.

3-FORMATION CONTINUE DES ENSEIGNANTS EN FRANCO-ARABE :

L’absence de cycles de formation continue affecte la qualité pédagogique des formateurs et, par effet domino, celle des enseignants. Par ce fait, Nous sollicitons l’instauration des programmes nationaux de renforcement des capacités académiques et pédagogiques pour les enseignants en franco-arabe au compte du MEPU-A répondant ainsi à une exigence de qualité éducative, en conformité avec les standards de l’UNESCO et les principes de développement professionnel continu.

4-INTEGRATION DES LAUREATS DE L’EXAMEN DU CEE AU CONCOURS DU PRYTANEE MILITAIRE

Des élèves issus du franco-arabe qui réussissent brillamment leur CEE sont exclus du concours du Prytanée militaire. Cela constitue une discrimination contraire aux valeurs républicaines.

Ainsi, nous réclamons leur prise en charge officielle au compte de prochain concours session 2025 afin de garantir l’égalité d’accès à toutes les institutions d’élite nationales, quel que soit le parcours éducatif initial.

5-CREATION D’UNE INSPECTION SPECIALISEE DEDIEE A L’ENSEIGNEMENT FRANCO- ARABE :

L’enseignement franco- arabe n’a pas de structure de supervision autonome, ce qui entraîne un déficit de suivi et de contrôle dans l’encadrement et dans la formation.

Il est nécessaire de créer une inspection spécialisée autonome, rattachée au MEPU-A servant de levier crucial pour assurer la qualité, la conformité aux programmes, et l’harmonisation nationale de l’enseignement arabo-français.

6- CONCEPTION DE MANUELS SCOLAIRES DE LANGUE ARABE :

Les supports pédagogiques en arabe sont souvent inadaptés, obsolètes ou non contextualisés.

Nous voudrions l’élaboration de manuels modernes, adaptés aux réalités guinéennes et calqués sur les standards des manuels francophones pour fin de favoriser une pédagogie active, cohérente et équilibrée entre les deux langues d’enseignement, et renforcer l’égalité cognitive entre les élèves de même système.

7-APPUI LOGISTIQUE AUX COORDINATEURS DE L’ENSEIGNEMENT ARABO-FRANÇAIS

Les coordinateurs ne sont pas généralement en mesure d’assurer efficacement leurs missions de supervision, faute de moyens de déplacement dans les zones rurales ou enclavées.

Par conséquent, l’attribution de moyens de transport adaptés à tous les coordinateurs régionaux et préfectoraux faciliterait le travail. Cela constituera une mesure administrative rationnelle permettant de garantir la présence des autorités éducatives dans toutes les localités, y compris les plus isolées.

9-GRADUATION DES TITULAIRES DE DOCTORAT (PHD) ARABOPHONES AU CAMES :

Le non-enregistrement par le Ministère de l’Enseignement Supérieur des PhD arabophones au Conseil Africain et Malgache pour l’Enseignement Supérieur (CAMES) empêche ces derniers de bénéficier de reconnaissance académique et d’avancement professionnel.

Nous recommandons la prise en compte immédiate, inclusive et équitable de leurs profils par les autorités compétentes à travers une procédure de validation conforme aux standards du CAMES comme au Sénégal.

10-REGULARISATION DES CONTRACTUELS COMMUNAUTAIRES ARABOPHONES AU MEPU-A

De nombreux enseignants arabophones, engagés comme contractuels dans le système éducatif, continuent d’exercer sans statut stable ni sécurité administrative.

Nous exigeons leur intégration à la Fonction Publique, tout en leur rappelant de leurs salaires des mois antérieurs enseignés.

11-OUVERTURE D’UN CURSUS UNIVERSITAIRE EN LANGUE ARABE A L’ISSEG

L’Institut Supérieur des Sciences de l’Education de Guinée (ISSEG) peut devenir un carrefour pour la formation bilingue adaptée aux réalités académiques et économiques actuelles.

Nous proposons l’ouverture d’un programme complet spécialisé en langue arabe, orienté vers la maitrise des pratiques des classes par les enseignants du secondaire en franco-arabe, en cohérence avec les dynamiques de nos collèges et lycées.

12- REACTUALISATION DES DOSSIERS DE LA DIRECTION NATIONALE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ARABE :

Le processus de création d’une Direction Nationale de l’Enseignement Supérieur Arabe a été entamé mais jamais finalisé. Or, une telle structure est indispensable à la coordination et à la valorisation de l’enseignement supérieur en arabe.

Nous demandons la relance immédiate et l’opérationnalisation de cette direction afin de garantir un pilotage stratégique et efficace du secteur.

13- CREATION D’UN SERVICE DE COOPERATION SCIENTIFIQUE AVEC LES PAYS ARABES ET ISLAMIQUES AU MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR :

La coopération internationale est un levier incontournable du développement scientifique. À ce jour, aucun service institutionnel n’est dédié à la coopération universitaire avec les pays arabes.

Nous demandons la mise en place d’un service officiel au sein du MESRSI, chargé de la coopération scientifique bilatérale avec le monde arabe, pour favoriser la mobilité académique, la recherche conjointe et le développement de nouveaux partenariats.

14- LA REPRISE D’OCTROI DE BOURSES COMPLEMENTAIRES AUX ETUDIANTS GUINEENS A L’UNIVERSITE ISLAMIQUE AU NIGER RELEVANT DE L’ORGANISATION DE LA COOPERATION ISLAMIQUE :

Les étudiants guinéens passent un concours régional d’accès à l’Université Islamique de l’OCI au Niger. Cependant, ils souffrent de manque de soutien financier complémentaire de l’État guinéen (Bourse complémentaire) à l’instar des autres pays.

15- VALIDATION DU DOSSIER POURTANT TRANSFORMATION DU DEPARTEMENT DE LANGUE ET CIVILISATION ARABE EN FACULTE PLURIDISCIPLINAIRE A L’UNIVERSITE GENERAL LANSANA CONTE DE SONFONIA

Le département de langue arabe de l’Université de Sonfonia ne répond plus à la demande croissante du marché de l’emploi. Il faut former des diplômés compétents en langues, traduction, diplomatie, journalisme, économie islamique, gestion, management, etc.

Nous demandons la transformation de ce département en une Faculté de Langue Arabe et Sciences Appliquées, avec plusieurs filières professionnelles, pour une adéquation Formation-Emploi.

16- OUVERTURE D’UN LYCEE FRANCO-ARABE PUBLIC A N’ZEREKORE :

N’Nzérékoré, regorgeant plus de 2000 élèves admis au BEPC, reste sans aucun lycée public franco-arabe pour abriter ces lycéens ; d’aucuns se déscolarisent par faute de moyens de s’inscrire dans les lycées privés. La construction d’un lycée public pérennise l’éducation dans la localité.

17- CONSTRUCTION DES ECOLES PUBLIQUES FRANCO-ARABES :

Il est constaté que depuis des décennies, l’Etat ne construit pas d’écoles publiques franco-arabes bien que le système franco-arabe représente plus 20% du système éducatif.

Nous exgertons à l’Etat de bien vouloir intégrer dans ses prévisions budgétaires sectoriels la construction d’écoles publiques franco-arabes.

Nous voudrions terminer en vous réaffirmant notre engagement sans faille envers une éducation inclusive, moderne et équitable, alignée sur les exigences du marché de l’emploi et sur les principes de justice administrative.

18- CREATION D’UNE DIRECTION NATIONALE DE L’ENSEIGNEMENT FRANCO-ARABE AU MEPU-A

Nous demandons la mise à jour et la validation du projet de création de la Direction Nationale de l’enseignement franco-arabe au MEPU-A  initié au temps de l’Ex-Ministre Guillaume HAWINING.

Nous appelons le Gouvernement, les ministères concernés, ainsi que nos partenaires syndicaux nationaux et internationaux à soutenir ces revendications justes, urgentes et stratégiques pour un développement durable du secteur éducatif guinéen.

Nous sommes prêts au dialogue, mais restons fermement attachés à la défense des droits de nos membres conformément aux lois en vigueur.

Vive l’enseignement franco-arabe ! Vive le SNEFAG !

Vive la République de Guinée !

Nous vous remercions !

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