Alors que courant 2020, les cas de viol sont plus de trois cents dans tout le pays et la région de Conakry en tête de liste, les violences basées sur le genre (VBG) sont devenues récurrentes, le commissaire principal de police, Marie Gomez, la directrice générale adjointe de l’office de protection du genre, de l’enfance et des mœurs (OPRO GEM), dans une interview exclusive qu’elle a accordée au quotidien électronique Guinee114.com, le mercredi 06 janvier 2021, tente d’expliquer les véritables raisons de cette recrudescence.
Guinee114 : Vous êtes le DGA de l’office de protection du genre, de l’enfance et des meurs (OPRO GEM), 374 cas de viol dans tout le pays. Qu’est-ce qui explique ce chiffre exponentiel?
Marie Gomez : Vous savez, il y a plusieurs facteurs. D’abord, y a la démission parentale. Nous accusons beaucoup la démission parentale parce qu’aujourd’hui nous dirons que les parents ont vraiment démissionné. Deuxièmement, la vulnérabilité des victimes (enfants ndlr). Les présumés violeurs essayent d’amadouer ces victimes à cause de leur âge. Sinon un violeur ne peut pas octroyer une tige de bombons à un enfant âgé de cinq ans pour pouvoir abuser d’elle.
Enfin, troisièmement, c’est parce qu’il y a beaucoup plus de dénonciations maintenant. Avant, le viol était considéré comme un sujet tabou. Mais aujourd’hui, le tabou est brisé. Donc les dénonciations sont beaucoup, c’est pourquoi on dit qu’il y a la recrudescence.
Guinee114 : Comment vous gérez les présumés cas chez vous ?
Marie Gomez : Chez nous, selon les instructions données par le ministre de la Sécurité et de la Protection Civile, le viol chez nous, c’est tolérance zéro.
Guinee114 : Nous sommes à la phase du numérique où les téléphones sont aussi beaucoup utilisés. Cela ne fait pas partie ?
Marie Gomez : L’utilisation abusive des téléphones androïdes aussi fait partie. Parce qu’actuellement, la sexualité est très précoce chez les tous petits. Tout le monde veut accéder au téléphone androïde et fouiller dedans, pour connaitre ce qui se passe.
Guinee114 : Alors est-ce que vous avez reçu des cas de viol mineur sur mineure ?
Marie Gomez : Nous recevons des cas de viol mineur sur mineure ; un enfant de huit ans ou dix ans qui viol un autre de cinq ans. Donc les enfants avec ces téléphones, cela les poussent à pratiquer ce qu’ils voient dans ces téléphones-là. Et donc, c’est pourquoi nous demandons aux parents d’être vigilants et de ne jamais accepter de négocier les cas de viol dont les enfants sont victimes. Nous ne le souhaitons pas. Mais nous leur demandons en cas de viol, de venir vers les services de sécurités les plus proches.
Guinee114 : Nous tendons vers la fin de l’interview. Quel appel avez-vous à lancer à l’endroit des parents d’enfants vulnérables ?
Marie Gomez : Nous demandons aux parents, les pères et les mères, d’être très vigilants envers les enfants ; d’être à côté d’eux. Parce que c’est la couche vulnérable. Ils ne savent pas différencier le bien du mal ; ce sont les tous petits. Et veiller sur eux, pour ne pas que ces bourreaux-là, viennent tout le temps abuser de ces enfants.
Guinee114 : Merci d’avoir accepté cet entretien
Marie Gomez : Je vous en prie
Interview réalisée par Souleymane Bah
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