Coanakry-Depuis l’élection du 18 octobre 2020, l’honorable Alpha Ibrahima Sila Bah, président du PGRP et quatrième vice-président de l’Assemblée nationale, observe comme beaucoup la crise politique pas sans intérêt. Dans une interview exclusive accordée à la rédaction de Guinee114.com, il évoque différemment la question du dialogue politique qui a du mal à s’instaurer. Le député nous livre également son opinion par rapport aux coordinations régionales et organisations assimilées dont la politisation à outrance a poussé l’Assemblée nationale à s’intéresser à elles.
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Guinee114.Com : à l’Assemblée nationale, vous députés de la neuvième législature, venez de voter une résolution pour réguler les coordinations régionales et autres organisations assimilées. Pourquoi cette résolution ?
Hon. Alpha Ibrahima Sila Bah : comme vous le savez, les coordinations régionales ont été mises en place par le CMRN sur fond de revendications régionalistes voire ethnicistes, initialement par les cadres politiques Soussous, puis forestiers avant d’être étendues par l’Etat aux quatre régions naturelles du pays.
En l’absence des chefferies traditionnelles qui servaient de cadre pour la moralisation et le respect des coutumes, ainsi que pour la résolution des conflits locaux indispensable pour assurer le vivre-ensemble et la paix au sein des communautés. Les politiques se sont servis de cet instrument pour progressivement politiser les coordinations et rendre leur appui indispensable à ceux qui aspirent avoir un poste électif. Cette situation contribue aux surenchères électorales et sape la cohésion et l’unité nationale.
A mon avis, ces coordinations, qui n’ont aucun fondement légal, doivent disparaître en tant qu’entités politiques et l’exercice de leurs fonctions doivent être, s’il y a lieu, règlementé par le ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation pour servir uniquement d’autorités morales pour les régions qu’elles représentent si toutefois ces dernières les reconnaissent comme telles.
Depuis l’élection présidentielle du 18 octobre, la Guinée est dans une crise politique marquée par le refus du leader de l’UFDG de reconnaître la victoire du président Alpha Condé. Etes-vous d’avis avec ceux qui estiment qu’il faut un dialogue politique ?
Que vous le reconnaissiez ou pas, c’est votre choix, mais la réalité est là, aveuglante ! Alpha Condé est le président de la Guinée, internationalement reconnu et qui préside au destin du pays pour les prochaines six années.
Dialoguer ? Dialoguer pourquoi si c’est pour aboutir à des consensus bancals qui ne peuvent être appliqués ou qui ne servent que les intérêts particuliers de deux entités politiques. Ne perdons pas notre temps et notre énergie. Il faut plutôt travailler pour renforcer les institutions républicaines, pour qu’elles puissent pleinement jouer leur rôle de contrepouvoir dont particulièrement l’Assemblée nationale, son rôle de représentant du peuple et de contrôle de l’action gouvernementale. En cela, je crois.
Je crois en la jeunesse, de quelque bord qu’elle soit, parce que je l’ai vue en action lors de l’examen à l’hémicycle de la loi de finances initiale 2021. Elle sera mue pour l’intérêt supérieur de la Guinée. C’est ma conviction
Quand le chef de l’Etat parle de Gouverner autrement, pourrait-on encore lui faire confiance ?
Pour le moment, il ne s’agit que d’un slogan, un squelette qu’il faudra habiller. Nous verrons après si l’habit sied ou pas. De nature, je suis optimiste et je préfère toujours accorder le bénéfice du doute. Mais l’histoire nous enseigne de ne pas avoir une confiance totale à l’être humain, surtout s’il est doublé, comme on l’entend souvent, d’un animal politique. La confiance ne doit pas exclure le contrôle. Contrôle par les institutions républicaines, contrôle par la presse, contrôle par l’exigence de la transparence et la reddition des comptes ainsi que par le droit d’accès à l’information.
C’est la voie que je préconise tout humblement.
Propos recueillis par Thierno Amadou M’Bonet Camara (Rescapé N°4)