La gestion de la transition a été appréciée à ces débuts par nombre d’observateurs et acteurs socio-politiques du pays. Depuis un bon moment, plusieurs d’entre eux ont, en revanche, pris du recul et commencent à émettre des doutes sur la gestion des militaires.
Dans un entretien qu’il nous a accordé hier, l’ancien président de la délégation spéciale de Kindia s’est exprimé sur ce sujet. Abdoulaye Bah a tout d’abord reconnu des bons actes posés par les autorités avant de rappeler que « l’espace politique ou la fonction politique, selon la loi guinéenne, relève des partis politiques ».
« Comme tout le monde, il n’y a pas de visibilité, ce qui est dangereux. Quand un bateau prend la mer sans boussole, il est appelé à se perdre. Donc, ici aussi c’est pareil. Ils ont fait un bon boulot, éliminer Alpha Condé, son RPG et son système c’est une très bonne chose. Libérer les prisonniers politiques est une très bonne chose, mettre en résidence plus ou moins surveillée, ces dignitaires voleurs, criminels est une très bonne chose, confisquer les véhicules grosses cylindrées qui bouffaient l’argent public est une très bonne chose, bloquer les comptes bancaires sur lesquels il y a l’argent volé est une très bonne chose, assainir l’administration publique est une très bonne chose, l’armée et la police beaucoup de choses ont été faites mais ils doivent savoir qu’ils ne sont pas fait pour le jeu de la politique hein! C’est des militaires qui ont été choisis, former, doter de moyens matériels et militaires pour protéger la nation guinéenne, le territoire, la population. Donc ils ne peuvent pas prétendre être politiciens. L’espace politique ou la fonction politique selon la loi guinéenne de la démocratie, relève des partis politiques. C’est nous qui avons des agréments de la part de l’Etat, le MATD pour exercer une activité appelée politique. Donc vouloir faire fi de cela risque de créer des problèmes. Donc les militaires ils ont fait un bon boulot mais comme tous les régimes militaires, ils sont appelés à organiser des élections politiques, crédibles, transparentes pour partir dans les camps et rester tranquille, c’est important de le préciser. Donc, il ne faut pas qu’ils prennent goût au pouvoir politique parce que ça fini toujours mal. On a vu le cas Dadis Camara. Mais Rawlings est parti la tête haute, il faut qu’ils s’inspirent de l’école du Ghana. Comment Rawlings a fait pour nettoyer le Ghana des bandits et puis instaurer la démocratie. La Guinée est un Etat démocratique selon les textes mais jusqu’à date, nous ne le sommes pas. Et le problème en Guinée c’est la démocratie. C’est pourquoi d’ailleurs moi je solliciterai qu’il y ait des assises nationales sur le redressement de la démocratie. Le problème en Guinée, il est politique c’est parce qu’on refuse d’instaurer le régime que la constitution prévoit en son article 1er depuis novembre 1958. Donc, nous à l’UFDG, on est cohérent, on est conséquent, on est pas dupe et nous voulons instaurer la démocratie en Guinée et nous ne sommes contre personne mais nous sommes contre le système qui empêche cela », a mentionné Abdoulaye Bah, membre du bureau exécutif de l’UFDG.
À rappeler qu’un collectif composé de 63 partis politiques dont l’UFDG et l’UFR a à travers des déclarations dénoncé certains actes récemment posés par les autorités en place.
Mamadou Macka Diallo
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