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Affaire Asmaou Diallo : « Elle a promis de faire du mal… mais elle me trouvera sur son chemin » (Me M’Bomby Mara)

Jusque-là, c’est l’association des magistrats de Guinée qui s’était exprimé publiquement sur l’affaire Asmaou Diallo, suite à la suspension du juge et du procureur qui ont géré le dossier au tribunal de première instance de Labé. Mais l’avocat de la famille qui a poursuivi cette dame en justice a aussi pris la parole ce vendredi, 18 août 2023, pour se prononcer sur cette affaire.

M’Bomby Mara a fait savoir que les héritières de feu Abdourahamane Diallo ont porté plainte contre Mme Asmaou Diallo, jeune sœur du défunt, pour abus de confiance, faux et usage de faux et stellionat. A l’issue du procès, la prévenue a été reconnue coupable des faits d’abus de confiance et de faux et usage de faux. Mais les plaignantes n’ont pas eu le temps de savourer leur victoire puisque la condamnée n’a pas tardé à sortir de prison.

« La peine principale qui a été prononcée par le juge Camara, c’est 10 mois d’emprisonnement dont 8 assortie de sursis, 2 mois de prison ferme. Il a été léger sinon à travers ces infractions d’abus de confiance, stellionat, faux et usage de faux, des faits qui sont avérés graves, cette dame, on devrait lui coller au minimum 3 ans de prison ferme. Le juge a été clément, il l’a condamnée au paiement d’une amende de cinq millions (5 000 000) de francs guinéens et d’un montant de trente millions (30 000 000) de francs guinéens pour la réparation civile », a rappelé l’avocat, ajoutant qu’il a aussitôt relevé appel, jugeant cette peine trop clémente.

« J’ai estimé que ce montant est dérisoire compte tenu de la distance, compte tenu des faits graves, compte tenu des préjudices qu’ont subis les héritières. J’ai relevé appel, le conseil de la prévenue aussi a relevé appel. Et puisqu’il est disposé dans le Code de procédure pénale guinéen que lorsqu’une partie civile relève appel d’un jugement correctionnel, le parquet général a l’obligation de relever appel dans les deux mois qui suivent, le parquet général a également relevé appel. Le dossier a été déféré avec sa plus grande rapidité à Conakry et c’est du jamais vu.

Une décision qui a été rendue le 25 juillet 2023, le dossier est arrivé à Conakry avant le 06 août 2023 pendant qu’il y a d’autres dossiers qui dorment là-bas des années après appel. Comprenez par-là que quelque part, il y a une machine qui était derrière le dossier de la procédure puisque la femme a été conduite à la Maison centrale de Labé pour purger les deux mois. Le dossier est venu, mais j’ai été surpris par l’action de mon confrère, Me Mamadou Saïdou Baldé pour qui je dois du respect, qui m’a assigné en référé pénal », a indiqué Me M’Bomby Mara.

Mais ce n’était que le début de la surprise de l’avocat de la partie civile. Car pendant qu’il s’occupait du référé pénal engagé par son adversaire, il dit avoir surpris de constater que le dossier est également programmé devant la chambre correctionnelle de la Cour d’appel de Conakry pour les débats de fond. Et malgré ses démarches pour contester cette irrégularité, le conseil de la partie civile fait savoir que cette chambre a ordonné la libération de Mme Asmaou Diallo sans examiner le dossier au fond et sans entendre la partie civile.

« Quand j’ai appris cette information, étant vexé, sidéré, j’étais obligé en conscience, pour sauvegarder les intérêts de mes clientes, de prendre la plume. J’ai adressé une plainte régulière contre mon confrère, Mamadou Saïdou Baldé à monsieur le bâtonnier le 10 août 2023. Avec la compétence qui revient au Conseil de l’ordre et à monsieur le bâtonnier, je laisse la liberté à cette institution de bien examiner le bien-fondé de ma plainte. J’ai adressé aussi une plainte à la présidente de la première chambre correctionnelle de la Cour d’appel, Mme Fatou Bangoura le même jour. L’objet du courrier, c’est de rappeler que je dispose des droits d’exercer des voies de recours en la matière contre elle-même et sa composition bien entendu avec l’autorisation préalable de M. le bâtonnier ».

L’événement grave dans cette affaire, ajoute-il, c’est la suspension du juge et du procureur qui ont géré ce dossier au TPI de Labé par le ministre de la justice et des droits de l’homme, Alphonse Charles Wright. « Le juge audiencier de Labé a fait l’objet de suspension par l’arrêté de M. le ministre de la justice, garde des sceaux. Le substitut qui représentait le parquet ce jour a fait l’objet de suspension par cet arrêté. La dame a été libérée le 09 août, le juge a été convoqué pour venir s’expliquer au département.

Dans l’ascenseur pour aller rencontrer le garde des sceaux et son cabinet, le pauvre juge était avec la prévenue, Mme Asmaou Diallo, qu’il a condamnée à deux mois de prison ferme. Voilà jusqu’où va l’indépendance de la justice dans ce pays, vous allez deviner le reste. Voilà aujourd’hui comment certains magistrats sont mis aux pas. Mais je suis convaincu que l’association des magistrats de Guinée pourra peut-être faire quelque chose. Parce que si monsieur le ministre suspend les deux magistrats, il devrait obligatoirement suspendre Mme Fatou Bangoura et son staff à la Cour d’appel », soutient Me M’Bomby Mara, qui promet toutefois de ne pas lâcher cette affaire.

« Que les choses soient très claires, j’userai de tous les moyens légaux en droit pour défendre cette famille, ces pauvres héritières qui aujourd’hui sont laissées pour compte. La maman des héritières se trouve à Labé, son seul espoir, c’est la justice mais la justice l’a déçue. Et Asmaou a promis fermement de faire du mal à cette dame, mais elle me trouvera véritablement sur son chemin, parce que j’ai accepté d’assurer la défense de cette famille, et je vais l’assumer jusqu’au bout, c’est ma responsabilité professionnelle ».

Mamadou Macka Diallo
666 660 366

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