« C’était le vendredi 22 octobre 2010, après un meeting du professeur Alpha Condé. Le service des urgences m’appelle pour me dire qu’ils ont reçu une dizaine de patients dans un état de malaise. J’ai essayé d’appeler mon adjoint à l’époque, je n’ai pas pu. A peine je raccrochais, j’ai eu un autre coup de fil, qui me dit madame la directrice, il y a eu combien de dépôt de corps. Immédiatement, je me suis levée, malgré mon état de santé, et j’ai dit à cette personne qui m’a appelé de me donner dix minutes, je vous reviens. J’ai foncé à l’hôpital; mais, je suis allée directement à la morgue, il n’ y avait pas de dépôt de corps. Donc, je suis rentrée à l’intérieur de l’hôpital, j’ai été au service d’urgence. Arrivée également au niveau de ce service, il y avait près d’une vingtaine de patients qui étaient couchés à même le sol. Alors, c’est au moment où j’étais aux urgences que des journalistes sont venus, j’étais assise, ils sont venus par derrière, ils m’ont demandé il y a combien de dépôt de corps. J’ai dit qu’il n’ y a pas de dépôt de corps. J’ai répondu que pour le moment on ne pouvait aboutir à conclure que cette eau était empoisonnée. On ne pouvait ni affirmer ni infirmer. Il faut des analyses toxicologiques avant d’arriver à une conclusion aussi sérieuse « , a-t-elle longuement relaté.
Pour éviter que la situation ne dégénère, l’ancienne directrice de l’hôpital Ignace Deen dit avoir impliqué tous ses collaborateurs. » Quand les enfants se sont réveillés à 07 heures 30 minutes, les urgences m’appellent pour me dire qu’ils sont agités. Donc, j’ai appelé tout le personnel de l’hôpital, j’ai dit tout de suite à mon bureau, ils sont venus pour que nous trouvions une stratégie thérapeutique et une conduite à tenir. Parce que tout compte fait, il fallait impliquer tout le monde. A l’issue de la rencontre on a dégagé un consensus de prise en charge », a poursuivi professeure Fatoumata Binta Diallo.
Mais dans la foulée, Professeure Fatoumata Binta Diallo a été cible d’attaques. Elle a été blessée par les coups venant des citoyens mécontents regroupés dans l’hôpital. Ce n’est pas tout! L’ancienne directrice générale à été demie de ses fonctions.
« Le professeur Alpha Condé a dit qu’il vient voir les patients empoisonnés et hospitalisés. Nous avons fait le tour de l’hôpital. C’était un samedi. J’ai demandé à chaque chef de service ou pavillon de se mettre à la disposition du professeur Alpha Condé pour expliquer la situation clinique des patients. Deux femmes sont venues vers moi en disant : voilà la directrice qui a dit que nos enfants n’ont rien et qu’ils ont faim. Aussitôt, des injures et des coups de poings ont fusé de toutes parts. On m’a cassé deux côtes. On m’a traitée de partisane parce que je suis peule. C’est ce qui m’a le plus fait mal dans cette histoire. Aucun de mes propos n’est partisan ou susceptible de menacer la paix civile. Le 27 octobre, le Premier ministre Jean-Marie Doré a pris une décision pour me limoger pour faute administrative lourde ».
Toutefois, Professeure Fatoumata a dit qui veut l’entendre qu’il n’y a pas eu d’empoisonnement. « Il y a des choses extraordinaires. Un des patients a dit un jour qu’il avait vomi un crapaud. Des charlatans étaient venus dans l’hôpital pour s’occuper de ces patients. Je ne gérais plus rien. Si j’avais confirmé la thèse de l’empoisonnement, j’aurais été ministre. Je ne vais pas citer de collègues. On voulait que j’affirme qu’il y a eu des morts. Il m’est difficile de dire aujourd’hui à quoi jouait Jean-Marie Doré. Il savait très bien ce qui s’est passé. J’ai refusé de dire qu’il y a eu des morts ou ceci et cela. Je ne suis pas allée dans ce sens parce que j’ai pensé d’abord à la nation. Il n’y a pas eu d’empoisonnement »,a soutenu professeure Fatoumata Binta Diallo, par ailleurs maître de conférences agrégée.