Au sortir de la suite du procès qui oppose Abdoulaye Sow, secrétaire général de la FESABAG aux magistrats, ce jeudi 21 juillet 2022, les avocats des deux parties se sont exprimés sur le déroulement du procès.
L’audience de ce jeudi, il faut le rappeler, était essentiellement consacré aux plaidoiries et réquisitions. Elle a duré plusieurs heures avant que le président du tribunal ne décide de mettre en délibéré l’affaire pour décision être rendue demain tout ordonnant le maintien du prévenu en prison.
La partie a désisté. Maître Pépé Antoine Lamah de la partie civile explique les raisons qui les ont poussées à prendre cette décision.
« L’essentiel du débat a tourné autour de l’expression magistrats véreux. Vous le savez au même titre que moi que c’est un terme quand même inacceptable. Il est quand même inadmissible de traiter son prochain de corrompu, de très malhonnête et de personne indigne. Et c’est pour ça que l’association des magistrats de Guinée qui a pour mission de protéger les intérêts matériels, moraux et professionnels des magistrats s’était constituée partie civile. C’est vrai que le prévenu a assumé ses propos, c’est vrai que cela est choquant, c’est vrai que c’est inadmissible. Mais à travers des contacts informels noués à l’initiative des personnes de bonne volonté l’association des magistrats de Guinée par sagesse nous a instruit de nous désister n’est-ce pas de sa constitution de partie civile. C’est ce que nous avons fait. Ce qui a eu pour conséquences d’écarter les infractions d’injures et de diffamation qui étaient portées contre Monsieur Abdoulaye Sow. Mais en droit pénal, le désistement de la partie civile si ce n’est pour des infractions pour lesquelles la mise en mouvement de l’action civile est subordonnée à une plainte préalable, n’arrête pas la poursuite. C’est pourquoi les plaidoiries ont continué autour du délit d’atteintes à la justice », a expliqué maître Pépé Antoine Lamah, avocat de la partie civile.
Toutefois l’avocat à la cour a aussi ‘’regretté’’ que ses confrères de la défense n’aient pas voulu s’aligner à leur position qui sollicite la libération du prévenu quelque soit la décision que le tribunal allait prendre.
« …nous avons regretté que la défense ne s’aligne pas dans la même ligne directive que nous qui avons quand même voulu que Monsieur Abdoulaye Sow rentre aujourd’hui libre à son domicile afin de renouer avec sa femme et ses enfants. Nous n’avons pas été suivis par la défense. Nous regrettons cette ligne que nous respectons malgré tout, nous regrettons que Monsieur Abdoulaye Sow retourne en prison. Notre souhait en tout cas le souhait de l’association des magistrats de Guinée était Monsieur Abdoulaye Sow rentre aujourd’hui à son domicile. (…) Le tribunal a décidé de rendre sa décision demain, nous espérons que ça sera une décision clémente qui va permettre à Monsieur Abdoulaye Sow de rentrer librement à son domicile. Maintenant que cela serve de leçon à tout le monde. Je dis et je répète que les magistrats ne sont pas infaillibles, ils sont sujets à des critiques mais cela ne veut pas dire qu’on a la liberté d’insulter un magistrat, on a la liberté d’offenser la justice, on a la liberté de diffamer un magistrat. La liberté d’expression dont peut jouir un syndicaliste, doit s’exercer dans les limites dictées par la loi et ces limites-là c’est de ne pas porter atteinte à l’honneur, à la dignité et à la considération d’autrui », a-t-il ajouté.
Maître Alseny Aïssata Diallo de la défense s’est montré également optimiste qu’ils rentreront prochainement avec leur client à la maison.
« La journée d’aujourd’hui qui est consacrée à la plaidoirie et réquisition, nous avons profité de toutes les opportunités, nous de la défense, pour présenter largement l’innocence de notre client dans cette affaire. Alors libre au ministère public de requérir ce qui lui semble bon, de toutes les façons ce n’est pas lui le tribunal. Nous espérons que le tribunal sera toujours emporté par la conviction qui sera prise à l’issue des débats contradictoirement déroulés devant la barre de ce tribunal et nous pensons que notre client sera renvoyé des fins de poursuites pour délits non établis à son encontre.
Ça nous fait mal c’est contre notre volonté bien sûr. Mais ce qui est plus important, c’est la date du délibéré. Date à laquelle le tribunal va prendre sa décision. Et nous pensons qu’à cette date -là nous rentrerons à la maison avec notre client. Nous sommes sûrs qu’il sera libéré parce qu’au vu des éléments de débats apportés, discutés devant le tribunal nous sommes d’avance rassurés que le tribunal sera emporté par les éléments que nous nous avons détaillés, soutenus et exhibés au tribunal pour l’innocence de notre client », a-t-il mentionné.
L’avocat de la défense n’a pas manqué de saluer l’acte de la partie civile qui a désisté et qui a sollicité la libération du syndicaliste.
Mamadou Macka Diallo
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