L’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), célébrant les 16 années de leadership de Mamadou Cellou Dalein Diallo au sein du parti, a invité une multitude de formations politiques, y compris les débris du Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG/Arc-en-ciel), à son siège. Un représentant du RPG, lors de la cérémonie, a salué et exalté l’alliance entre son parti et son redoutable ennemi d’antan. Il a affirmé qu’il était légitime que le RPG et l’UFDG unissent leurs forces, poursuivant le même objectif : combattre le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD), dirigé par le Colonel Mamadi Doumbouya, pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel.
Une déclaration qui a secoué toute la Guinée, tant chez les militants de l’UFDG que du RPG. Ils ont soudainement réalisé qu’au nom de leur insatiable soif de pouvoir, Cellou Dalein Diallo et Alpha Condé étaient prêts à piétiner la mémoire des victimes de leurs affrontements passés, de 2011 à 2020, ayant causé plus de 250 décès, sans oublier les handicaps permanents suite aux blessures infligées par les forces de l’ordre lors des différentes manifestations. Roger Bamba, militant de l’UFDG emprisonné pendant trois mois, finalement décédé dans les geôles d’Alpha Condé, se retournerait dans sa tombe à l’écoute de ce nouvel élan entre le bourreau et la victime.
Est-ce que le combat contre Mamadi Doumbouya vaut vraiment la peine de déshonorer ces morts, d’ignorer la souffrance des familles pour un pouvoir éphémère ? Voilà la question qui hante les esprits des militants des deux camps politiques. Si l’UFDG tient le RPG pour responsable des tueries, l’ancien parti au pouvoir accuse également l’UFDG d’être à l’origine de ses propres victimes en manipulant des groupes armés, chargés de mener à bien cette triste besogne pour gonfler leur bilan macabre. Ce combat contre le Colonel Mamadi Doumbouya, qui a déroule clairement une gouvernance basée sur la refondation de l’Etat et la rectification institutionnelle , justifie-t-il cette alliance indécente qui bafoue la mémoire nationale ? D’autant plus que cette alliance s’est étrangement formée alors même que s’ouvraient en début d’année les auditions au tribunal de Dixinn des 99 victimes des atrocités lors des manifestations contre le troisième mandat, et peu après l’élection présidentielle du 18 octobre 2020.
Que les victimes et les parents des victimes de l’UFDG ne se leurrent pas . Cellou Dalein Diallo n’exigera jamais que justice soit rendue à ses centaines de militants tués si cela doit l’empêcher d’accéder au pouvoir. C’est inique mais également cynique , cette forme de politique où l’on enjambe des cadavres pour une question de destinée personnelle, encore faudra-t-il que Dieu le veuille , lui ( Dieu ) qui a horreur de l’injustice.
Le désarroi et le dégoût que tout Guinéen peut ressentir aujourd’hui face à cette parfaite entente entre la victime et l’oppresseur d’hier sont indescriptibles. Est-ce que la politique peut légitimer des raisons aussi obscures que la morale ne peut admettre ? Ousmane Gaoual Diallo avait-il raison de s’éloigner du leader de l’UFDG ? En 2015, il n’avait pas hésité à se rendre à Ouagadougou pour solliciter le soutien de Moussa Dadis Camara pour l’élection présidentielle de cette même année, bien que Dadis Camara ait été impliqué dans le massacre de ses partisans en 2009 au stade du 28 septembre, ainsi que dans les violences et viols qui en ont découlé. Cellou Dalein Diallo semble être un habitué de ces pratiques, prêt à s’allier à tous les diables pour atteindre la présidence. Est-ce là l’essence de l’humanité pour celui qui ambitionne de diriger la Guinée ? Finalement, ni Alpha Condé, ayant déjà montré ses tendances à narguer les nombreuses victimes de son régime en tant ni Cellou Dalein Diallo, n’ayant aucun scrupule à s’allier à celui qui tenait les rênes de la gouvernance au moment de la commission de ces crimes , ne possèdent les qualités morales nécessaires pour diriger ce beau pays qui aspire à sortir de sa léthargie et à voir ses enfants vivre ensemble dans l’harmonie et la paix.
Les militants des différents partis politiques doivent désormais comprendre que pour cette vieille classe politique, la vie d’un militant est un moyen d’atteindre la présidence de la République .
Au nom des compromissions qui les compromettent, ces politiciens monnaient des vies humaines juste pour étancher leur soif de briguer la magistrature suprême.
Alors, Guinéens, encore un effort, cherchez encore…
Kakilanbé Condé