Aly Touré, procureur de la CRIEF, refuse la dépénalisation des délits de presse 

Alors que les journalistes appellent de tous leurs vœux une relecture des lois régissant la presse de manière à promouvoir davantage la liberté de la presse à travers des instruments juridiques beaucoup plus souples, un procureur, pas des moindres, dit s’opposer à toute dépénalisation des délits de presse. Aly Touré, puisque c’est de lui qu’il s’agit, procureur de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF), répondait samedi aux questions de nos confrères de Fim Fim dans l’émission Aliena. 

Le procureur Aly Touré explique d’abord avoir appris à travers ses lectures, que l’une des causes du génocide au Rwanda, est que “la radio Mille Collines diffusait des informations qui n’étaient pas de nature à fédérer la nation, qui n’étaient pas de nature à militer pour l’unité nationale. Et, facilement, les choses basculé, il y a eu la guerre”. 

Aussi, pour le procureur, contrairement à ce que pensent certains journalistes et autres juristes, les délits de presse en Guinée sont loin d’être dépénalisés dans la loi sur la liberté de la presse votée lors de la transition de 2010. Et, poursuit-il, ce serait même grave de dépénaliser les délits de presse en Guinée. “C’est extrêmement grave”, s’exclame le procureur Aly Touré. “Moi je suis un partisan de l’ordre social”, ajoute-t-il.

“Si cette liberté n’est pas encadrée, cette radio qui a la faculté de toucher des milliers d’auditeurs, si on ne prend pas garde, si on ne met pas de garde-fous pour les limiter dans ce qu’on sont en train de faire, on risque d’avoir ce qu’on ne souhaite pas”, mentionne l’invité. Alors que l’un des animateurs de l’émission oppose au procureur l’existence de la Haute autorité de la communication (HAC), organe de régulation des médias, Aly Touré retorque : “Oui, mais il n’y a que des sanctions disciplinaires qui tombent à ce niveau”. 

“L’Etat doit jouer son rôle régalien, l’Etat doit intervenir dans la presse. L’intervention de l’Etat dans la presse c’est de mettre des garde-fou de façon pénale dans la liberté de la presse pour que chacun sache qu’il n’est pas permis à tout”, déclare le procureur Aly Touré.

Si les organisations de presse tiennent à obtenir une dépénalisation des délits de presse à l’occasion de cette transition, il ne faudra donc pas compter sur un soutien du procureur Aly Touré.

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Thierno Amadou M’Bonet Camara (Rescapé N°4)

622 10 43 78

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