Alors que la pression des QG des formations politiques atteint des seuils de plus en plus désobligeants, faite parfois de menaces, d’intimidation et même de propos insultants, le sujet suscite des interrogations quant à la posture républicaine peu recommandable desdites organisations politiques. Une arme politicienne que l’UFR de Sidya Touré, l’UFDG de Cellou Dalein Diallo et le PEDN de Lansana Kouyaté avaient déjà dégainée contre le RPG Arc-en-ciel, devenu de nos jours leur nouvel allié face au CNRD.
Dénonciations, manifestations, appels à la désobéissance civile… Les opposants au régime de transition en place auront quasiment tout essayé sauf le dialogue. La dernière carte que viennent de brandir les partis politiques et autres organisations de la société civile exigeant la fin de la transition, est l’hypothétique retrait de leurs « représentants » au sein des institutions, notamment le Conseil national de la transition (CNT). Un moyen de pression que l’UFDG, le RPG, l’UFR et le FNDC dissout tentent d’exercer mais pas sans se heurter à des obstacles. Malgré l’insistance des appels à la démission, les conseillers concernés siègent toujours au CNT. Même la récente démission de Me Mohamed Traoré, aussitôt remplacé par le barreau, n’a pas eu raison de la détermination de ses anciens collègues issus des partis politiques et du FNDC.
Dans leur démarche politiquement infructueuse et démocratiquement gênante, les partis politiques pèchent en poussant le bouchon jusqu’à faire de la démission des Conseillers issus de leurs rangs une exigence au point de traiter ces derniers de tous les noms d’oiseau à l’effet de les contraindre à une prise de position partisane contre leur volonté. Quid alors du principe d’impartialité politique des conseillers au CNT ? Ce n’est pas pour rien qu’au CNT, il n’y a pas de groupes parlementaires constitués selon des appartenances politiques. Même si c’était le cas, n’est-il pas dit que les conseillers ou députés ne reçoivent pas de mandat impératif ? Par ailleurs, l’expression conseillers issus des partis politiques sied mieux que l’appellation « représentants » souvent utilisée. Quoique désignés par ces entités auxquelles ils appartiennent, ils ne sont pas des représentants chargés de défendre les chapelles politiques. Nommés par décret du Chef de l’Etat, ils doivent loyauté et fidélité à la charte de la transition et exclave de leur seul serment.
Un moyen de pression pas nouveau
L’appel des partis politiques à la démission de leurs «représentants» dans les instances étatiques comme moyen de pression sur le pouvoir, fait partie des classiques de l’échiquier politique guinéen. L’opinion se souvient encore de la pression que le PEDN de Lansana Kouyaté avait exercée sur ses cadres nommés dans le gouvernement d’Alpha Condé au nom d’une alliance qui n’a pas tardé à capoter. Au cours de la première législature sous le même régime d’Alpha Condé, l’opposition dirigée par l’UFDG de Cellou Dalein Diallo et l’UFR de Sidya Touré a souvent brandi le chiffon rouge du retrait des députés issus de «l’opposition républicaine» même si ces consignes étaient souvent contestées à l’interne et parfois pas suivies par tous. Chaque fois que ces leaders politiques ont fait recours à cette tactique, ils se sont mis en porte-à-faux avec des principes républicains et attiré contre eux la colère d’une partie de la population.
Le dialogue comme passage obligatoire
Quoique non républicaine, cette démarche du chef de file de l’opposition, Cellou Dalein Diallo et de ses compagnons a tout de même l’avantage de rappeler la profondeur de la crise politique et la nécessité d’un dialogue plus crédible et plus inclusif sur les questions essentielles. Heureusement qu’e dans son’à l’occasion de son adresse à la Nation en décembre dernier, le chef de l’Etat, Général Mamadi Doumbouya, a fait preuve d’un peu plus d’ouverture et de main tendue. Il ne reste plus qu’à saisir cette opportunité de dialogue pour susciter un cadre de discussion autour d’une table. C’est plus rentable que les appels à la violence et toute autre démarche qui pourrait mettre en mal le fonctionnement de nos institutions.
Thierno Amadou M’Bonet Camara (Rescapé N°4)
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