Nanfo Diaby a décidé de diriger les prières musulmanes en langue Maninka malgré son interdiction par les autorités.
Le jeudi, 13 mai 2021, jour de la fête du Ramadan, le natif de Kankan a bravé cette interdiction en dirigeant la prière en Maninka. Son domicile qui servait de mosquée a été bombardé avec du lacrymogène suivi de son interpellation par la police.
Le président de la ligue pour les droits et la démocratie en Afrique (LIDA) qu’on a joint au téléphone a dénoncé cette pratique de Nanfo Diaby qui, pour lui, est une atteinte à la liberté de la communauté musulmane.
« Nous n’avons pas le droit de prier dans nos langues. La liberté de culte nous donne le droit d’adhérer à la religion de notre choix ou à créer notre propre religion. Si mon adoration de culte qui en découle n’empiète pas sur le droit des autres, si le culte ne viole pas les lois de la République personne n’a le droit de m’en empêcher. Mais si je dois adhérer à une religion, je dois en respecter les règles et les principes. La liberté de culte signifie aussi ce qu’on appelle en droit : de porter atteinte à la dignité des autres.
L’islam est une religion qui existe depuis 1400 ans, il y a des dogmes, des rites, des pratiques séculaires, millénaires dans cette religion. Nous ne pouvons pas venir modifier du jour au lendemain les principes et les adaptés à notre volonté. Nous pouvons créer notre religion même en empruntant certains éléments de l’islam pour créer notre propre religion, mais nous n’avons pas le droit d’apporter des modifications à l’islam qui choquent, n’est-ce pas, les musulmans. ça c’est un abus de liberté », a expliqué Mamady Kaba, président de la LIDA.
En outre, il a signalé : « Si Nanfo Diaby souhaite entretenir ses relations avec le divin en malinké, il n’y a pas de problème. Mais qu’il le fasse entre lui et Dieu, mais il ne peut pas diriger une prière collective dans la langue malinké. La langue malinké n’étant pas la langue de révélation de l’islam. Je pense qu’il ne faut pas tout confondre (…). La liberté de Mr Nanfo Diaby doit s’arrêter là où commence celle de la communauté musulmane. Il n’est pas obligé d’être musulman. Il peut créer sa religion ou adhérer à une autre religion qui convient mieux à sa philosophie. Mais tenter de modifier l’islam et de l’adapter à sa propre volonté est un abus. C’est lui alors qu’il est en train d’empiéter sur la liberté de la communauté musulmane et je pense que l’Etat doit intervenir pour mettre fin à ces désordres sinon le pays court le risque d’un désordre plus grand et je pense que les conséquences iront au-delà de ce que nous imaginons ».
Mamadou Macka Diallo
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