La démocratie si c’est de celà qu’il s’agit, aussi bien dans sa conception que dans son exercice obéit à des principes, à des règles et à une éthique de fonctionnement.
En attendant, dans ce pays de désespoir permanent, avec un peuple constamment floué, il doit impérativement y avoir des hommes et des femmes, qui refuseront toujours d’être l’esclave des forts et des puissants.
Des hommes et des femmes qui n’acceptent pas que L’Etat parcequ’il se sent fort s’autorise tout, se permette tout.
Après tout, le temps a toujours vaincu la force injuste, le mensonge et l’imposture.
Ces hommes et ces femmes savent qu’on ne renonce jamais à ses droits et libertés pour une hypothétique paix ou une improbable sécurité, puisque seuls le respect et la consécration effective des droits et libertés garantissent une paix et une sécurité durables dans une société…et pour chacun d’entre nous.
La dynamique démocratique n’a jamais longue vie en Guinée. La culture autocratique et totalisante sont si profondes qu’elles ont toujours le dernier mot.
Nous sommes dans le pays des vérités aléatoires et fluctuantes au gré des intérêts et des opportunités des uns et des autres.
En Guinée, quand on est hors du pouvoir et de ses avantages, tout le monde est démocrate, tous défendent les droits humains et la justice.
C’est de bon ton et ça sert. Mais cela cohabite mal avec le parfum du pouvoir.
On a des valeurs, des convictions et on jette à la moindre occasion des leçons démocratiques à la figure des coupables « parfaits » du moment.
Une fois le pouvoir acquis ou dans les faveurs du pouvoir, l’amnésie nous prend et les convictions mutent en convulsions.
Les valeurs et les convictions d’avant deviennent dérangeantes. Il faut les réadapter à nos intérêts, à nos positionnements nouveaux et aux caprices des nouveaux maîtres.
Les vérités d’hier ne sauraient être valables aujourd’hui, Parce qu’il en est ainsi.
Ces faussaires de notre idéal démocratique, nous prenant pour des « idiots » nous expliqueront qu’hier est différent d’aujourd’hui, comme si nous autres guinéens nous buvons l’eau par les narines.
Hier avec le régime d’Alpha Condé, l’interdiction des manifestations étaient injustifiables, anti démocratiques à juste titre. Aujourd’hui certains de ceux qui défendaient celà nous expliquent avec un raisonnement pour le moins tordu et une mauvaise foi sans égale, qu’au nom de la « paix » et de la tranquillité de la transition en cours, l’interdiction des manifestations est nécessaire.
Une question s’impose : au temps d’Alpha Condé, n’avions nous pas besoin de paix dans le pays ? Son régime n’avait il pas besoin de tranquillité?
D’ailleurs qui a dit que les libertés et les droits fondamentaux des citoyens étaient conçus pour faire plaisir aux dirigeants et à leurs régimes ? Ou que leur exercice était incompatible avec la paix ?
Hier les arrestations arbitraires ou abusives étaient injustifiables, aujourd’hui certains de ceux qui disaient cela nous font des acrobaties intellectuelles pour justifier l’injustifiable, pour rendre légal ce qui est manifestement arbitraire, et normal ce qui est abusif.
Hier, la démocratie avait un sens et la souveraineté du peuple un contenu. Aujourd’hui, ce besoin démocratique est devenu gênant, et pour la souveraineté du peuple pas besoin, on sait ce qu’il faut pour le peuple et on décidera à sa place. Qu’il le veuille ou pas d’ailleurs.
Et pourtant, n’en déplaise, on ne peut pas s’opposer aux dérapages antidémocratiques, aux violations de la Constitution et au 3eme mandant, et légitimer à ce point un pouvoir militaire issu d’un coup d’État, en lui reconnaissant tous les droits et toutes les légitimités, et en lui offrant carte blanche sur nos droits, nos libertés… et nos mêmes nos rêves. Inconcevable !
La démocratie est un système de valeurs et de règles. On ne peut pas la manipuler à sa guise, on ne peut pas se prévaloir de ce qui nous arrange dedans et nier ce qui nous dérange.
Elle n’est pas basée sur une prétendue » bonne foi » ou « bonne volonté » de ceux qui gouvernent, encore moins sur « leurs projets et leurs réalisations ».
Les plus grandes dictatures et autocraties dans le monde se sont toujours prévalues de leurs supposées » bonnes volontés » et de leurs » grandes » ambitions pour leur peuple. On connait la suite…..
La democratie, sans etre un systeme parfait, reste neamoins un ensemble de valeurs qui interagissent entre elles.
Elle n’est pas un supermarché de libre service.
On ne peut pas être démocrate et nier les droits les plus fondamentaux et les libertés les plus essentielles d’une société démocratique.
On ne peut pas dire vouloir une dynamique de démocratisation et s’inscrire dans la haine des voix discordantes, des corps intermédiaires en général et la détestation des partis politiques en particulier, surtout lorsqu’ils ne sont pas en phase avec l’idéologie officielle.
La démocratie est un système dynamique qui recèle en lui la capacité de faire vivre ensemble des options contradictoires et opposées dans le cadre de la diversité des opinions, la force des lois et les respects des valeurs consacrées.
Elle n’est pas une boîte à jouets.
C’est une philosophie d’intelligence sur la nature humaine et la complexité des sociétés politiques, une fois bien conçue et intégrée, elle détient tous les ressorts adéquats pour faire vivre toutes les nécessités ensemble, toutes les énergies positives et toutes les libertés dans une harmonie interactive.
C’est un système qui a conçu et consacré une chaîne de libertés et de droits qui sont liés les uns aux autres.
La négation arbitraire d’une liberté ou d’un droit entraîne de facto la perturbation de tous les autres…,non sans conséquences.
Ce système qui tient sa force de sa fragilité apparente, repose fondamentalement sur la loyauté des différents acteurs vis à vis de ses prescriptions normatives et fonctionnelles.
Chaque deloyauté, qu’elle vienne du peuple, de la société civile, des partis politiques….ou de l’Etat, est une fissure dangereuse sur l’ensemble de l’édifice.
Mais, de toutes les deloyautés, celle de l’Etat, de la puissance publique reste la plus problématique, la plus dévastatrice et la plus handicapante, parce que c’est lui ( L’Etat) qui incarne et représente l’intérêt général et qui détient tous les instruments et leviers de régulations légales de la vie de cette société politique.
En faillite et déloyal vis à vis des principes et des règles de fonctionnement démocratiques, il remet en cause et met en péril l’ensemble des paramètres et des données qui tiennent la société en vie.
Alors disons le clairement, ni hier ni aujourd’hui le besoin de paix et de sécurité ne peuvent et ne sauraient justifier les violations graves et inaceptables des droits et libertés des citoyens.
Ni hier ni aujourd’hui l’allergie pathologique et répressive du pouvoir en place face aux critiques et à la contestation de ceux qui ne partagent pas leurs choix, ne saurait justifier ces atteintes graves et inacceptables aux droits humains, à la liberté de la presse et aux droits des citoyens à l’information et à l’expression de leurs opinions, par des manifestations ou pas.
Des lors, si nous voulons et aimons la paix, il revient à nos gouvernants d’agir dans le cadre de l’Etat de droit démocratique, pour favoriser et consolider un environnement de paix sans sacrifier nos droits et libertés.
Il n’est pas concevable que des gouvernements violent les droits naturels et fondamentaux des citoyens sous prétexte de paix et je ne sais de quel autres motifs….et espérer sérieusement construire une société durablement paisible. Que nenni !
Aussi, il est insensé, politiquement et juridiquement qu’un gouvernement interdise de façon générale et indistinctive la liberté de manifester et s’étonner du désordre et des violences qui en résultent.
On ne bâillonne pas un peuple !
On le respecte et fait respecter ses lois qui s’imposent à tous.
D’ailleurs , qui peut dire à nos chers gouvernants que dans un Etat normal, il ne revient pas aux citoyens d’encadrer des manifestations
( encore moins lorsque celles ci sont illégalement interdites) mais bien à l’Etat et à la puissance publique.
A moins que l’interdiction et le non encadrement des manifestations soient pour nos gouvernants ( hier comme aujourd’hui ) un moyen cynique de diabolisation et de criminalisation du droit légitime des citoyens à appeler à manifester et à manifester….dans le respect des lois.
C’est surprenant qu’on nous vende à tout bout de champ l’effectivité de notre État, sa souveraineté, sauf lorsqu’il s’agit pour lui de garantir l’exercice libre et effectif des droits et libertés ( notamment la liberté d’opinion et celle de son expression ).
Un gouvernement qui ne respecte pas ses propres lois peut il exiger legitimement de ses citoyens le respect de ces mêmes lois?
On ne favorise pas la démocratie en criminalisant ses exercices.
Comme disait S. Beckett » Voilà l’homme tout entier, s’en prenant à sa chaussure alors que c’est son pied le coupable «
Hier comme aujourd’hui, les meurtres de citoyens lors des manifestations sont profondément odieux, injustifiables et révoltants.
Les tentatives intellectuelles et politiques pour justifier ces méfaits odieux relèvent d’une profonde forfaiture morale et démocratique.
Malheureusement dans notre pays, toutes les limites ont deja été franchies, on justifie tout, même l’injustifiable.
Tout est désacralisé, même la vie humaine!
Certain(e)s, nous expliquent que la responsabilité des morts et des blessés incombe à ceux qui ont appelé à manifester et ceux qui sont sortis. C’est presque de leur faute s’ils ont été tués ou blessés. Ils l’ont cherché ! Les coupables peuvent dormir tranquillement !
Dieu du ciel ! On aura tout vu et entendu dans ce pays.
Après ils n’ont que la paix à la bouche, comme si la paix supposait que les victimes acceptent sans rechigner leurs tristes sorts et les injustices qu’on leur fait subir honteusement.
Ça ce n’est pas la paix. C’est de la lâcheté! C’est de l’esclavage !
Et pourtant, la vérité est simple, rien n’autorise et ne justifie qu’un État brime, opprime, oppresse son peuple.
Rien ne justifie à ce qu’on ôte la vie si atrocement et si impunément à un citoyen guinéen en leur tirant dessus comme des gibiers, manifestant ou pas, avec des cailloux ou sans, que cette manifestation soit autorisée ou pas.
Apres tout, l’Etat en Guinée a toujours été le bourreau impitoyable de son propre peuple avec arrogance et insouciance.
– LE SILENCE COUPABLE D’UNE ELITE QUI NE SE SOUCIE QUE D’ELLE MÊME !
La démission et la complicité de l’élite guinéenne avec le système patrimonial conçu par l’Etat guinéen sur le dos de son peuple, est une des sombres réalités les plus tristes et les plus dommageables dans et pour notre pays.
Une élite intellectuelle qui a abandonné la réflexion rigoureuse, la pensée libre et l’espace public à la propagande politiennce, à l’absurdité et à la démagogie qui rabaisse et met en péril notre pays.
Une élite administrative qui a plus de talents pour la politique et la démagogie que pour le service public et l’intérêt général.
Une élite sociale qui est devenue la caution morale et inconditionnelle de tous les régimes et de tous les systèmes dans ce pays depuis l’indépendance.
Au milieu un peuple orphelin, sans défense et sans modèle judicieux.
Avec un seul but, un seul objectif, une seule visée, survivre et survivre, et au mieux gagner sa petite part.
Le reste, la providence s’en occupera.
Hélas dans notre pays, face aux horreurs et aux injustes, peu de voix intellectuelles et morales se font entendre pour rappeler à nos gouvernants que le peuple n’est pas leur chose et qu’ils ont le devoir sacré de le servir (si ce n’est pas trop leur demander)…à défaut les protéger de la mort et des violences arbitraires et illégitimes.
On entend généralement que des politiques pour dénoncer ces injustices, même s’il n’est pas certain qu’ils ne feront pas pareil une fois au pouvoir.
Rien n’est moins sûr avec nos politiques dans ce pays.
Mais au moins ils se font entendre à temps.
Le pouvoir change nos hommes et femmes de convictions dans ce pays. Drôle de pathologie!
Tout le monde donne sa langue au chat par peur de se la voir couper.
On ne mange pas sans sa langue !
Notre belle élite, ces femmes et ces hommes « courageux » qui ne disent la vérité qu’aux faibles qui se font écrasés par les forts, qui ne donnent des leçons de morale et de légalité qu’aux victimes pour qu’elles acceptent avec philosophie leur asservissement par les gouvernants et les puissants.
Ces courageux qui ne haussent le ton que contre les faibles pour mieux les maintenir à leur place, celle de la soumission et de l’aliénation.
A défaut, nos beaux esprits théorisent et intellectualisent les abus et les violences d’Etat, pour les minorer et mieux les faire accepter par des victimes ( le peuple) qui se font berner et dépecer chaque jour que le bon Dieu nous offre.
Dans ce beau pays, on insulte les faibles pour les forts, on humilie les démunis pour les Puissants, on emprisonne les faibles pour le plaisir des Puissants.
On s’en prend aux victimes pour faire plaisir aux coupables.
On applaudit les bourreaux pendant que les victimes se font culpabiliser et assermoner.
Malgré tout cela, on promet le paradis à ce peuple, mais pour l’instant l’enfer reste toujours sa triste résidence habituelle.
– LA HAINE DE LA DEMOCRATIE PLURALISTE
On ne construit pas une démocratie avec des cultures et des comportements incompatibles avec la philosophie démocratique.
On ne favorise pas l’émergence et l’enracinement d’une culture démocratique en étant hostiles à ses principes et à son exercice quotidien.
» La démocratie, c’est beaucoup plus que la pratique des élections et le gouvernement de la majorité : c’est un type de moeurs, de vertu, de scrupule, de sens civique, de respect de l’adversaire ; c’est un code moral » proclamait P.M.F
Hier nous voulions pour notre pays la démocratie, aujourd’hui ce désir démocratique serait il devenu un detail ?
Il serait même entrain d’être perçu comme un caprice.
Il faut désormais se remettre à la volonté messianique de nos dirigeants.
On s’en fout de la démocratie, la bonne volonté et les projets suffiront…., n’est ce pas?
Ceux et celles qui se battent pour une démocratie pluraliste et exigeante peuvent alors ranger leur folle prétention, l’heure à la « démocratie » du doigt sur la couture…
L’heure est à la démocratie minimaliste, faite de théâtralité, de mysticisme, de slogans performatifs, de communications, de propagandes farfelues, de colloques redondants, de théorisations tordues, de compromissions et d’approximations intellectuelles.
Il nous faut une démocratie qui refleterait nos cultures et traditions, il nous faut un homme fort, il nous faut , il nous faut..nous dit on.
En réalité c’est un discours conçu pour décrédibiliser l’option démocratique réelle, et ouvrir la voie à sa négation et à la négation de ses principes et de ces exigences.
Après tout, Nous enseignent ils, tant que le CNRD travaille, tout le reste n’est désormais qu’un caprice de jaloux, de frustrés, de ceux qui seraient contre le CNRD et de ceux qui ne veulent pas que ce pays « avance »…sermonent ils !
» Nous voulons que la Guinée avance, la bonne justice, les droits et libertés peuvent attendre, on verra ça plus tard » tel est le nouveau slogan !
Hier la liberté de la presse était tellement sacrée qu’elle devait légitimement être défendue et protégée à tout prix, aujourd’hui, au nom de la paix et du développement messiaque, cette liberté est gravement menacée dans le silence mortifaire des bons esprits d’hier, s’ils ne sont pas eux mêmes à la base de ces menaces liberticides.
Mais disons le nettement si besoin en était, nous ne pouvons pas laisser cette liberté essentielle pour notre vie démocratique être confisquée.
Cela n’est ni acceptable, ni possible!
Des citoyens sont humiliés, privés de leurs libertés, emprisonnés arbitrairement, en violation flagrante de nos lois et de nos engagements internationaux, le pays et certains de nos beaux esprits dorment tranquillement….et quand ils ne dorment pas, ils nous tampanisent de leurs mauvaises fois et de leurs opportunes acrobaties intellectuelles, faites de mensonges, d’incohérences et vaine arrogance.
Ceux et celles qui se sont aisement et opportunément taillés des jolies costumes de démocratiques hier sur le dos large d’un régime certes imprudent, souvent arrogants et hors cadre démocratique, ont aujourd’hui donné leurs langues aux chats, si elles ne sont pas entrain de cajoler les nouveaux maîtres absolus du pays.
La charte de la transition et les instruments juridiques internationaux auxquels notre pays est partie prenante, garantissent à tout citoyen guinéen le droit et la liberté d’exprimer leurs opinions, manifester leur mécontentement ou leur contentement face à leurs gouvernants.
Aucune exceptionnalité ne justifie la violation ou la restriction de ces droits fondamentaux.
Une société humaine, une communauté politique, se distingue des animaux par la conception des règles de vie, le consensus autour de celles ci et sa capacité de les respecter.
Quoique même chez des êtres animaux des règles existent et ils les respectent.
En Guinée, un animal s’y perdrait, tellement que les règles, les normes, les principes n’y ont aucune valeur, aucun sens. On ne les respecte qu’en fonction de l’intérêt égoïste qu’on en tire soi même.
A chaque situation ses propres règles, ses propres normes.
A quoi sert de fixer des règles dans ce pays ? Si ce n’est pour en faire un prétexte de domination et d’asservissement du peuple!
Dailleurs, quelles normes gouvernent ce pays, les normes étatiques ou civiles, les normes culturelles ou les normes religieuses ?
En réalité c’est en fonction du moment, des contextes et des intérêts en jeu.
Mais au final, les normes utilisées sont toujours définies en fonction des intérêts des gouvernants et du système qui l’accompagne.
Si l’intérêt des gouvernants se retrouve dans les normes religieuses ou culturelles, elles prévaleront sur toutes les autres, y compris la plus légitime, la norme civile, étatique établie par les mêmes gouvernants.
Drôle de pays !
Esperons que l’on revienne tous et vite à la raison.
Je le dis ici avec gravité : si nous n’y prenons pas garde, notre naufrage national sera inéluctable. Il est encore temps de le stopper , à défaut, nous allons tout droit vers une véritable désillusion collective, extrêmement douloureuse.
Nos grands donneurs de leçons démocratiques hier, sont tout à coup devenus les braconniers des principes démocratiques. Hier défenseurs exigeants des valeurs démocratiques, aujourd’hui ils sont les défenseurs enthousiastes d’une « démocratie à papa », où les gouvernants et les puissants dictent leurs lois au nom d’un intérêt général imaginaire, préfabriqué, fantasmatique….qu’ils ont eux mêmes « magistralement et souverainement » conçu et défini, qu’il faut imposer au peuple de gré ou de force.
L’on nous dit presque de renoncer aux valeurs démocratiques, à la souveraineté du peuple, aux droits de l’homme ( qui serait un caprice de « blancs » et dont notre peuple n’est bien évidemment pas digne de prétendre ) …..au nom d’un pragmatisme désincarné et d’un développement chimérique.
Mais hier comme aujourd’hui, la vérité même bâillonnée, emprisonnée, ensevelie, torturée, malmenée, masquée, embastillée, n’a que pour seul allié le temps.
C’est une constance de l’histoire.
L’on ne se bat pas contre l’évidence sans risque.
L’Etat de droit démocratique à ses règles et ses principes, on n’inventera pas l’eau chaude dans ce pays.
Il faut noter que malheureusement le CNRD dans sa certitude amnésique et étonnante, manque d’humilité démocratique, de sagesse politique et pratique.
Quand on arrive au pouvoir par un coup d’Etat, on se fait humble dans la livraison des leçons démocratiques et la gestion transitoire du pouvoir.
La condescendance suspecte et l’autisme inattendu du CNRD, font courir à notre pays des risques inconsidérés pour son destin démocratique et son avenir socioéconomique, paisible, fraternel et prospère.
Il revient au CNRD de ne pas transformer cette transition est une parenthèse de vengeances, de revanches, d’humiliations, de persécutions, d’injustices, de brutalités morales et physiques.
De ne pas la transformer en un énième spectacle d’ivresse du pouvoir auquel notre pays est hélas habitué, mais sans issue.
Espérons que le CNRD se ressaisisse et qu’il se préserve de ces passions tristes, de ces sentiments négatifs et de ces dérives dangereuses.
Résistez à ces tentations !
Ce qui nous rend fort, est souvent ce qui nous détruit !
Attention à la tentation du pouvoir !
Ceux qui vous applaudissent aujourd’hui, en vous donnant tous les noms pompeux et glorieux de la terre, vous abandonneront un jour si cela leur était utile et nécessaire.
Tradition nationale, la loyauté se limite au ventre et au portefeuille dans ce pays.
L’histoire de ce pays est remplie à ras bord de leçons de ce genre….
– UNE TRANSITION…NOUS A T-ON DIT….
» C’est souvent lorsqu’elle est la plus désagréable à entendre qu’une vérité est le plus utile à dire » André Gide
On ne le dira jamais assez, la réussite de cette transition dépendra de l’humilité et de la sagesse du CNRD, ainsi que de sa capacité à conduire une transition consensuelle et structurée pour un retour rapide, apaisé et judicieux à l’ordre constitutionnel civil et démocratique.
Helas le tâtonnement de notre transition et le flou abyssal qui l’entoure n’aident ni le cnrd, encore moins notre pays, son désir démocratique et sa stabilité.
Le processus sournois de normalisation de cette transition est une trahison des désirs démocratiques de notre pays et une aventure périlleuse et risquée pour notre pays et son avenir.
Les conséquences politiques et socioéconomiques seront lourdes, longues et désastreuses pour notre pays.
Plutôt on en sortira, mieux sera pour notre pays, pour tous et pour le CNRD.
En attendant, la vérité, la justice et le bon sens semblent être encore les principales victimes de notre récit national….,à notre plus grand malheur et notre plus grande tristesse !
Nous avons encore aujourd’hui peut-être tort, mais nous restons sereinement convaincus que l’avenir démocratique reste et demeure le seul horizon souhaitable pour ce pays, que la vérité et la justice seront notre salut, et que la place de l’armée républicaine quelque soit le respect que l’on a pour elle, est dans les casernes, et dans la défense honnête et patriotique de sa nation unie et de l’intégrité de notre territoire national.
Toute autre tentative, tout autre dessein, réussi ou pas, sera une défaite pour notre pays et la garantie certaine d’un désenchantement futur, collectif et attristant.
Cela, ni l’outrance, ni l’arrogance, ni la force, ni la brutalité, ni la violence , ni les insultes, ni la haine, ni la répression, ni l’intimidation, encore les combines malsaines, n’y changeront rien.
C’est ainsi, il n’en sera pas autrement!
La santé morale et politique d’une société se vérifient à travers sa capacité à accepter et à faire face à la vérité.
Voyons nous même, avec cette société guinéenne dont nous avons tous contribué à la construction…..oups, disons plutôt à la déconstruction lente et insidieuse.
– LE DEVELOPPEMENT, NOTRE BELLE CHIMÈRE….
La plus grande victoire de cette transition devait être morale et éthique.
Hélas, manifestement le CNRD semble passer totalement à côté belle espérance.
Il se donne des objectifs de développement. C’est sain et louable, mais cela est inadéquat et inapproprié.
On ne peut pas demander à ce peuple de choisir entre un hypothétique développement et une indispensable démocratie.
De façon générale, notre pays a besoin d’une profonde et radicale ruptures institutionnelles, politiques, sociales, morales et éthiques.
L’enjeu prioritaire et urgent pour notre pays n’est pas le développement, mais plutôt la construction d’une société politique et d’une architecture institutionnelle sur des bases légales, morales et éthiques saines, claires et solides.
Le développement sera la résultante logique d’une société qui fonctionne clairement sur des bases légales, morales et politiques claires et cohérentes, avec une vision commune et intégrée.
Le développement n’est pas un magma de projets, de travaux et de réalisations qui s’accumulent les uns sur les autres.
Quelques soient ses potentialités, un pays ne se développe pas si ses citoyens ne sont pas normativement et politiquement prêts. Un pays ne se développe pas si son État n’est pas rigoureusement, structurellement, techniquement et institutionnellement fonctionnel.
Par conséquent, au regard de la faillite de nos institutions ou de leur fragilité technique et fonctionnelle, au vu de l’état intellectuel, technique et ethique de notre société, nous n’avons à ce jour pas les moindres capacités solides d’amorcer un processus de développement crédible et structuré. A moins de résumer le développement à de simples réalisations publiques et d’embellissements apparents.
Le développement requiert une véritable planification, qui à son tour à besoin d’une puissance publique sérieuse, ordonnée, dépolitisée avec une vision et des méthodes définies….le tout adossé à des normes claires, et qui s’imposent à tous.
Mais comment construire ces instruments dans un environnement de confusions morales et normatives, dans un contexte d’amateurisme et de court termisme et dans un pays où l’Etat est un acteur comme les autres acteurs, partisan, rétif aux lois, injuste et illégalement violent et répressif ? En clair un État opposé à son peuple !
On ne développe pas un pays qui n’a pas de normes de fonctionnement établies et claires pour tous.
D’ailleurs, comment parler sérieusement de développement dans un pays qui n’a jamais été capable depuis des décennies, à rendre propre sa seule et unique ville capitale ? Et l’impuissance continue….
On ne développe pas un pays avec le mensonge, la manipulation et la violence.
Mais pas d’inquiétudes, à défaut de moyens techniques, institutionnels et sociaux pour notre développement, usons des mots performatifs. Cela fera l’affaire….
Ce pays a besoin d’une thérapie collective pour le remettre sur les rails.
En attendant,nous fonctionnons à l’envers : les pieds en haut…les têtes en bas.
Et nous avons la folie de croire et de faire croire que nous pouvons faire et tirer quelque chose de cette chienlit permanente et généralisée.
– POUR UNE VERITABLE SORTIE DE CRISE….
Il est temps pour le CNRD de retrouver la sagesse qui commande la gestion d’une transition, pour son bien et son honneur et pour ceux d’un peuple épuisé.
Le CNRD doit revenir à la raison et à la sagesse, en apaisant le climat sociopolitoque dans notre pays et en s’inscrivant dans une dynamique assurément démocratique et libérale qui permettent la jouissance effective des droits et libertés pour tous, et qui garantisse une sortie de transition apaisée.
– Le CNRD doit libérer les prisonniers politiques, tous les prisonniers politiques, y compris les anciens dignitaires, qui subissent malheureusement une justice spéciale et pour le moins techniquement et moralement suspecte.
Quand on arrive au pouvoir par un coup d’État ( donc par une voie illégale et non démocratique ) et qu’on décide d’accuser et de poursuivre ceux qu’on a déposé du pouvoir, on se doit d’être radicalement juste, précautionneux et minutieusement légaliste, pour amoindrir le soupçon légitime qui peut par principe peser sur et vous retire le droit et la légitimité de juger d’autres pour violations des lois quand vous mêmes en découlez.
A moins que l’on soit dans le cadre de la justice du plus fort et du vainqueur…
Mais la justice des vainqueurs est toujours une justice douteuse!
Si le CNRD est de bonne foi dans sa lutte contre la corruption et les pratiques de prédations, qu’il continue les enquêtes financières et les audits relatifs aux anciens dignitaires et les transmette officiellement et publiquement le moment venu au pouvoir civil qui sortira des élections à la fin de la transition…pour les suites qui conviennent.
Les graves manquements procéduraux et éthiques dans les procédures judiciaires concernant ces anciens dignitaires ont profondément entaché la sincérité et l’objectivité de ces dossiers.
Il n’y a pas de bonne justice sans une bonne et irréprochable procédure et la garantie réelle et effective des droits des accusés !
– Le CNRD doit ouvrir un cadre approprié de dialogue honnête avec ceux et celles des acteurs politiques et sociaux qui sont en désaccord avec leur conduite de la transition, sous la supervision d’acteurs ( externes ou internes acceptés de toutes les parties).
Ceux qui soutiennent la conduite actuelle de la transition en ont le droit. Chacun est libre de ses choix.
Mais le CNRD ne peut se contenter de « dialoguer » avec ceux qui sont en phase avec lui. Cela, dans le cadre d’une recherche sincère de solution, n’a pas de sens.
A moins que le dit dialogue n’est qu’une simple courtoisie pour le CNRD, qui a ses choix et compte faire comme il le souhaite. Ce serait dommage.
Il pourra s’imposer par la force. Mais seulement là, il vaincra sans convaincre et fera ainsi une transition pour lui même et ses alliés et pas pour l’ensemble des guinéens.
Une transition une fois de plus, se fait dans le dialogue, le consensus et l’inclusivité.
A défaut cela aura tôt ou tard des conséquences graves pour le pays.
– Le CNRD doit permettre et garantir le retour au pays de tous les acteurs politiques et sociaux en exile, cela en toute sécurité, suite à un engagement officiel auprès de la communauté nationale et internationale.
– Par ailleurs le CNRD doit rendre à tous les anciens dignitaires leurs droits et libertés
( notamment la liberté d’aller et de venir, et celle de jouir de leurs biens) trop longtemps et abusivement confisqués, sans lisibilité.
Il est inconcevable que des citoyens et citoyennes, parce qu’ils ont été des grands commis d’État, soient empêchés de se mouvoir, et mis dans une prison à ciel ouvert depuis près de deux ans, sans que l’on ne sache ce qu’on leur reproche.
– L’interdiction des manifestations doit absolument être levée. Ce point ne saurait être négociable, si notre combat est sincèrement pour la démocratisation de notre pays.
Quelque soit ce qu’on a à dire des manifestations, la démocratie, cela s’exerce, elle se vit pour être intégrée et assimilée.
Au lieu de s’offusquer face aux manifestations ou d’en avoir peur, le mieux et le plus sage est de faire en sorte qu’ils n’y aient pas de raisons de manifester.
Quand tout va bien, on ne manifeste pas.
Mais on ne peut pas marcher sur les pieds de quelqu’un et l’empêcher en plus de crier.
On ne peut pas demander à un peuple d’échanger ses droits et libertés contre la paix. Il n’aura ni l’un ni l’autre.
Les Guinéens veulent tout comme tous les peuples.
Ils veulent un environnement de paix évidemment, mais qui soit aussi respectueux de leurs droits et libertés.
Vendre le contraire serait une arnaque !
– Le CNRD doit sortir de l’obsession des partis politiques jugés « hostiles » , et démentir dans les faits, les rumeurs qui lui prêtent des intentions d’exclusions ou d’éliminations.
Ce serait une grave faute politique et stratégique du CNRD.
On n’impose ni la paix ni la démocratie, elles se construisent. De ce processus de construction se trouvent les éléments de leur viabilité et de leur légitimité.
Dans l’exercice démocratique normal et le fonctionnement regulier des institutions, les partis connaitront leur propre mutations en parallele avec celle de la société qu’ils incarnent.
Le mythe naïf d’un bipartisme ou tripartisme imposé , au delà de sa dimension antidémocratique, est fondé sur un constat et une analyse erronés.
Le rapport entre les partis politiques et la société est un rapport ambigu fait d’interactions complexes et d’influences réciproques.
L’action sur la société a plus d’impacts au final que celle sur les partis.
Le fonctionnement objectif, impartial et neutre de la puissance publique demeurent la meilleure garantie pour l’équilibre politique et démocratique dans la société.
Le CNRD doit se concentrer maintenant sur la conduite des affaires et projets courants , et surtout sur les activités relatives au retour à l’ordre constitutionnel et démocratique.
Ils ont dit être là parce qu’ils ont constaté des dysfonctionnements institutionnels et démocratiques et des violations des droits humains.
Qu’ils remettent les institutions à l’endroit avec des réformes qui conviennent et qu’ils organisent le transfert du pouvoir aux civils.
Le CNRD ne peut pas et ne doit pas prendre le risque de ramener ce pays en arrière sur des questions de stabilité et de démocratie.
On ne peut pas se donner le luxe de remettre en cause certaines espérances et certains acquis démocratiques, quelques soient les raisons.
Trop de sacrifices ont été consentis pour cela.
– Le CNRD doit se garder de la tentation de faire taire les voix discordantes, les voix déplaisantes de la justice et de la liberté dans ce pays ( pour défendre les victimes d’injustices et de violations des droits humains!), même déplaisantes ces voix sont utiles à tous. Et qui sait, demain vous aurez peut être besoin de ces voix pour défendre vos droits et libertés.