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Beyla : La sous-préfecture de Fonodou envahie par des zébus qui dévastent tout sur leur passage

Depuis plusieurs années certaines localités de la région forestière qui ont principalement comme activité l’agriculture, connaissent la présence des éleveurs des zebus à la recherche du pâturage venus notamment du Mali et du Niger. Cette arrivée massive des éleveurs et leurs zébus n’est pas sans conséquences. Pour attirer l´attention des autorités sur ce qui est devenu “une préoccupation majeure” en Guinée forestière, des jeunes ressortissants de cette localité ont animé un point de presse à Conakry le samedi 27 avril 2024. 

Sékou Camara, activiste de la société civile et ressortissant de la sous-préfecture de Fonodou relevant de la préfecture de Beyla et d´autres jeunes de la localité ont profité pour interpeller les autorités de la République. 

Adama Matènèn Bayo, l’un des conférenciers a expliqué la genèse du problème. 

Vers les années 2021, on a constaté un bon nombre de zebus dans la localité. La population est passée par toutes les voies et moyens pour interpeller les autorités sur cet état de fait pour pouvoir s’en débarrasser. Parce que l’arrivée de ces zebus n’est pas compatible avec l’activité principale de la communauté qui est l’agriculture. Les champs sont dévastés par ces zebus et cela n’encourage pas les agriculteurs. Il y a des effets secondaires non seulement sur la vie de la population mais aussi sur la nature parce que ça devaste tout. Cette jeune commune considérée autrefois comme le grenier de la localité, les gens venaient de partout pour s’approvisionner de riz, des produits agricoles, aujourd’hui vous allez constater que les produits cultivés ne suffisent plus à la population. Avant ce qu’on produisait non seulement nous suffisait mais on donnait aussi à nos voisins parce qu’on était considéré comme le grenier de la zone. Actuellement, la population a faim suite à l’arrivée de ces zebus. Et ici en Guinée on ne cultive qu’une seule fois dans l’année et les zebus ne viennent que pendant l’hivernage qui correspond au moment de la culture“, a expliqué Adama Matènèn Bayo, ressortissant de Fonodou. 

À son tour, Sékou Camara, membre du conseil régional de la société civile de Kindia et également ressortissant de Fonodou, a pointé du doigt les autorités locales et administratives, les accusant d’être en complicité avec les éleveurs.

Ce point de presse est un moment très opportun pour nous, pour dire exactement ce dont nos populations souffrent. Les zebus ne sont pas des ruminants, c’est des grands dévastateurs. Ils mangent jour comme nuit. Alors qu’est-ce qui se passe? Nous savons que les zebus ne peuvent pas arriver dans une localité sans passer par les autorités locales et administratives. Ces éleveurs ont de l’argent quand ils arrivent dans nos localités, ils contactent directement les autorités pour les corrompre avec l’argent afin qu’ils puissent s’installer. Et les autorités acceptent que ces éleveurs s’installent dans la localité. Ils le font sans penser aux conséquences que cela peut entraîner sur la population. Ils le font sans état d’âme. C’est cet état de fait qui nous amène aujourd’hui à faire ce point de presse. La commune rurale de Fonodou est une jeune commune réputée pour sa qualité ou son effort dans le domaine agricole. Depuis l’arrivée des zebus nous constatons effectivement qu’il y a un changement de manière de faire au niveau de notre localité.

 Quand nous (ressortissants) sommes partis pour faire le sacrifice cette année, on a fait une convention. Toute la localité a décidé de ne plus recevoir des zebus et on a écrit aux autorités pour qu’elles nous aident à faire partir les éleveurs. On a fait un écrit, tous les ressortissants ont signé, la communauté a signé, nous avons remis la copie au sous-préfet et une copie a été donnée au préfet. Mais jusqu’à présent, ils n’ont pas levé le petit doigt, ils n’ont pas fait un effort. Et qu’est-ce qui se passe qui est plus grave? Ces éleveurs sont prêts à porter plainte à tout moment contre nos parents. C’est-à-dire dans leur pâturage quand ils trouvent qu’un bétail est tué, ils considèrent nos parents directement coupables de cet état de fait. On porte plainte contre nos parents et sans enquêtes on les met en prison. Nous avons six (6) personnes en prison encore et il y a une plainte contre deux autres jeunes qui sont demandés à Beyla actuellement. Comment comprendre qu’un étranger quitte le Niger, le Mali pour s’installer sur notre territoire et emprisonne les citoyens Guinéens par complicité des autorités. Donc, cet état de fait nous choque à plus d’un titre. 

C’est pourquoi nous avons demandé à faire ce point de presse pour attirer l’attention des autorités pour que le ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation veille à ces administrateurs éloignés de la capitale notamment comment ils dirigent les localités reculées“, a martelé Sékou Camara qui explique par ailleurs que cette situation a causé le boycott de la cérémonie d’installation même de la délégation spéciale de la localité par la communauté. 

Face à cet état de fait, l’installation de la délégation spéciale dans notre commune a été une catastrophe. Parce que les personnes qui ont été désignées, ce sont elles qui entretiennent des rapports avec les éleveurs. C’est pourquoi la population s’est opposée à leur installation. Je vous assure que ces zebus viennent par milliers. Vous pouvez compter 800, 700 par endroit, 900 jusqu’à 1 000“, a fait savoir cet activiste de la société civile. 

Pour finir, les conférenciers ont demandé aux autorités de trouver la solution à cette situation pour éviter que cela n´engendre  d’autres conséquences plus graves que ce que les habitants des localités envahies par ces zebus vivent aujourd’hui. 

Mamadou Macka Diallo 

666 660 366

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