La Guinée à l’instar des autres pays du monde à célébrer le jeudi 01 décembre 2022, la journée internationale de la lutte contre le VIH/SIDA. Au lendemain de cette célébration, votre quotidien en ligne, Guinée114.com, est allé à la rencontre de la vice-présidente du réseau guinéen des associations des personnes infectées et affectées par le VIH/SIDA (REGAP, Kadiatou Bodjé Baldé. Objectif, échanger avec elles sur les conditions de vie des personnes affectées et infectées par cette pandémie.
Tout d’abord Kadiatou Bodjé Baldé a fait savoir «qu’avoir la maladie sida n’est pas synonyme de la mort». «Contracter le virus VIH n’est pas une fatalité. Tu peux vivre avec elle. Seulement il faut te faire dépister à temps et être sous traitement. Une personne dépistée très tôt et mise sous traitement ne développe pas la maladie SIDA. On peut vivre avec elle, faire des enfants sans les contaminer et se marier, sans contaminer son conjoint», a-t-elle dit, d’entrée.
Parlant des difficultés auxquelles les personnes atteintes de cette maladie sont confrontées, Bodjé Baldé indique que la principale difficulté reste la stigmatisation
«A date, il y a des personnes qui n’osent pas aller au marché à cause de la stigmatisation. C’est ce qui les tue. Je dois avouer qu’actuellement, c’est la stigmatisation des malades qui tue et l’ignorance sur la maladie. Il y a des personnes qui pensent que quand on est infecté par le VIH, c’est la mort directe ou c’est une condamnation divine. C’est ce qui tue les gens, pas le VIH. A un moment donné, j’ai failli perdre ma location à cause de mon statut. C’est cette stigmatisation qui pousse les gens à ne pas aller se faire dépister. Il y a également la prise en charge dès la première ligne. C’est-à-dire, quand la personne est dépistée positive, il y a une molécule qu’on lui donne en premier lieu et si la personne ne prend pas correctement les médicaments comme le médecin lui conseille, le virus va être résistant. La dernière ligne qui coûte très chère et qui fait souffrir beaucoup, est les enfants qui sont l’avenir du pays. Non seulement leur diagnostic précoce n’est pas disponible mais aussi leur traitement pédiatrique n’est pas disponible. Au niveau des produits pédiatriques pour les enfants c’est un gros problème. C’est le gros problème que nous rencontrons dans la société et qui nous ronge le cœur», a énuméré la vice-présidente.
Et d’ajouter : «En Guinée la zone rouge c’est la région administrative de Boké qui est à plus de 7% de séropositivité. Le VIH ne tue que trois catégories de personne. C’est ceux-là qui ont la maladie et qui ne le savent pas. La seconde c’est ceux-là qui ont la maladie ont leur dit et ils refusent d’aller se faire prendre en charge. Et enfin c’est ceux qui commencent le traitement et une fois qu’ils retrouvent la santé, ils abandonnent le traitement. En Guinée de 2021 à date nous avons enregistré deux morts qui ont abandonné leur traitement pour aller à la rencontre des guérisseurs traditionnels».
Engagée à participer activement à la lutte contre cette maladie qui selon elle prend de l’ampleur notamment dans les zones minières, la vice-présidente du réseau guinéen des associations des personnes infectées et affectées par le SIDA à formuler des doléances auprès des autorités pour davantage gagner ce combat
«Je profite de l’occasion pour lancer un plaidoyer au niveau des autorités gouvernementales, des partenaires techniques et financiers qui œuvrent dans la lutte contre le VIH, de se donner la main afin de trouver de solution pour que tout le monde ait accès aux soins de qualité. Que les autorités et les partenaires nous aident pour qu’on fasse davantage de sensibilisation auprès des populations pour le dépistage», a-t-elle sollicité.
Selon les statistiques de 2021, il y a 120 000 personnes vivant avec le VIH en Guinée soit un taux de prévalence de 1.5% chez les 15 à 49 ans. Les chiffres indiquent également que les enfants nouvellement infectés par le VIH sont au nombre de 6 300. Les décès d’adultes et d’enfants dus au VIH/SIDA se chiffrent à 3 900. Les orphelins de SIDA âgés de 0 à 17 ans sont au nombre de 86 000. Quant au diagnostic précoce du nourrisson, il se situe à 36% et le taux de transmission vertical final, y compris pendant l’allaitement, est situé à 19,79%.
Alpha Barry