Le ministre de la Jeunesse, des Sports et de l’Emploi, Kéamou Bogola Haba, a participé à la conférence de presse organisée vendredi dernier par le Comité National Paralympique et Sportif Guinéen. Lors de cet événement, il a été invité à aborder plusieurs questions cruciales concernant les défis financiers et autres problématiques rencontrées dans le domaine sportif en Guinée.
Interrogé sur l’état des infrastructures sportives dans le pays, Kéamou Bogola Haba a reconnu que la situation est préoccupante dans de nombreuses disciplines. Selon lui, ce déficit d’infrastructures adéquates freine non seulement le développement des talents locaux, mais compromet également l’organisation d’événements sportifs d’envergure sur le territoire guinéen.
Le ministre a souligné que des efforts sont en cours pour remédier à ces lacunes, mais a également évoqué les défis financiers qui entravent ces initiatives.
« Aujourd’hui nous sommes dans une situation où même le football n’a pas de stade homologué. Et ça c’est combien d’années ? C’est parce que nous avons laissé tomber le sport en termes de budget. Alors si vous n’avez pas de budget d’investissement, vous ne pouvez pas faire quoi que ce soit. Je vous donne l’exemple : tout le monde dit ici que les stades du 28 septembre et du Général Lansana Conté de Nongo sont une priorité. Mais vous savez combien ils ont mis comme budget ? 21 milliards francs guinéens pour un besoin de 540 milliards pour construire les deux stades. Mais le budget inscrit dans la loi de finance initial est de 21 milliards francs guinéens. Avec tout le combat qu’on a mené depuis je suis arrivé, on nous donne 139 milliards francs guinéens, ce qui fait 82% d’augmentation. Tout le monde dit oui le ministère (de la jeunesse et des sports) a eu la plus grosse augmentation en termes d’investissement sur les deux stades. Mais 82% des 21 milliards ça te ramène à 160 milliards pour un besoin de 540 milliards francs guinéens. Les entreprises aujourd’hui sont dans ça. Donc, il faut d’abord que nous résolvons ce problème », a révélé le patron du département de la jeunesse, des sports et de l’emploi avant d’apporter des pistes de solutions qui pour lui peuvent renflouer les caisses et parer à beaucoup de problèmes financiers dont les fédérations sont confrontées.
« Et que devons-nous faire ? La solution réside dans la loi sur le sport. Cette loi, une fois en application, nous permettra, grâce aux taxes sur le tabac, l’alcool et les jeux de hasard, de donner une certaine autonomie financière au secteur sportif. La deuxième étape consiste à transformer le sport en un véritable business. C’est un débat que vous, en tant que membres de la presse, devez également mener.
Aujourd’hui, nos terrains sont vides. Personne ne se mobilise pour faire en sorte que, les week-ends, nos championnats attirent du public, et personne ne paie de tickets. Que peut-on espérer sans public ? Sans public, il n’y a pas de sponsors. Nous manquons de sponsors parce que vous ne venez pas voir les performances de nos athlètes, qui pourtant, sont de véritables stars. Nous devons œuvrer pour que tous les sports deviennent des activités lucratives », a-t-il expliqué.
Dans la même optique, Kéamou Bogola Haba a évoqué l’importance des droits télévisuels, un élément crucial selon lui pour le financement du football et des autres sports.
« Quels sont les revenus générés par les droits télévisuels ? Sur les lignes des fédérations, les droits télé sont presque inexistants. Le championnat anglais, par exemple, vit essentiellement des droits télé. Voici les nouvelles orientations à prendre : faire du sport un business, obtenir des droits télé, remplir les stades, attirer des sponsors pour les événements, et mettre en place des taxes autonomes qui nous permettront de disposer de fonds sans avoir à mendier auprès des ministères des Finances, du Budget ou de la Banque centrale pour chaque événement.
Une fois ce cadre mis en place, avec une procédure de paiement simplifiée qui nous permet d’obtenir les fonds nécessaires rapidement, nous pourrons prendre tous les sports au même niveau et développer le sport au niveau local. Le vrai problème actuellement est que tout l’argent dédié au sport est utilisé pour des missions à l’étranger, alors que sur le plan local, rien n’est fait pour le développement du sport. À part le football, aucune des 40 disciplines sportives n’a les moyens d’organiser un championnat local, faute de ressources. Voilà la solution durable que nous proposons », a conclu le ministre.
Mamadou Macka Diallo
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