Depuis un certain temps, plusieurs radios privées sont brouillées, des télévisions et radios sont retirées des bouquets CANAL+ et Star Times sur instructions de la Haute Autorité de la Communication ( HAC) pour dit-on des raisons de sécurité nationale. À cela s’ajoute l’incarcération du secrétaire Général du Syndicat des Professionnels de la Presse de Guinée (SPPG), Sékou Jamal PENDESSA depuis maintenant une vingtaine de jours à la maison de Conakry. Dans un entretien accordé à notre rédaction, Amadou Oury BAH, communément appelé BAH Oury, président de l’Union des Démocrates pour la Renaissance de la Guinée ( UDRG) a fait sa lecture de ces différentes situations que le pays traverse. L’ancien ministre de la Réconciliation nationale impute la responsabilité aux autorités actuelles d’une part et à la presse, l’autre part.
«D’abord, il est important de situer la responsabilité de la presse elle-même. Je pense que c’est très important qu’on se dise les vérités. De manière générale, une certaine presse ou certains chroniqueurs n’ont pas fait preuve d’équilibre et d’objectivité dans le traitement de l’information concernant la situation nationale. Et des fois, on se posait la question et moi j’ai eu plusieurs fois à le dire, c’est comme si c’était eux les mandataires de certaines sensibilités politiques. Et çà, ça nuit à la crédibilité du métier de journaliste et ça peut occasionner, disons une situation déplorable pour l’image et la stabilité de notre pays. La question de la presse et des situations des pays en fragile, nous avons vu ce qui s’est passé au Rwanda avec la radio de mille collines, nous avons vu le rôle d’incitateur à la haine que les médias ivoiriens ont eu à faire. Ils ont fortement contribué lors de la guerre civile en Côte d’Ivoire. Tout cela aurait dû amener la presse nationale dans un contexte d’extrême fragilité du tissu social et politique de faire preuve de plus de responsabilité et de maturité. Ça n’a pas été le cas malheureusement. La Haute Autorité de la Communication (HAC) a pêché par laxisme pendant très longtemps. Parce que si vous remarquez qu’il y’a quelque chose qui ne va pas, il faut arrêter ça avant que ça ne dérape. Et la Haute Autorité de la Communication, j’ai le regret de le dire, a fait preuve de laxisme pendant une durée qui a fait que comme si certains avaient le droit à l’impunité. Ça c’est des choses qu’il faut qu’on rappelle pour apprécier avec objectivité la situation actuelle», a soutenu l’ancien vice-président de l’UFDG.
Le Président de l’UDRG s’est aussi exprimé sur l’incarcération du journaliste et Secrétaire général du SPPG, Sékou Jamal PENDESSA, depuis le 22 janvier à la Maison Centrale de Conakry.
«Secondement, il y’a eu des médias qui ont été sanctionnés, le Syndicat des Professionnels de la Presse de Guinée (SPPG) s’est insurgé et a tenté d’organiser une manifestation interdite. Je pense qu’à ce niveau-là, les uns et les autres auraient dû faire preuve encore davantage de retenu au lieu de jouer dans la surenchère. Et de surenchère en surenchère Monsieur Pendessa est en prison par un acte judiciaire. Donc, les syndicats (centrales syndicales), pour ne pas s’immiscer dans un processus judiciaire en cours auraient dû faire preuve de plus de retenue en ayant une attitude, j’allais dire beaucoup plus raisonnée que passionnelle.
Le contexte national est caractérisé par l’exacerbation des tensions, par l’exacerbation de surenchère en surenchère qui ne contribuent nullement à permettre à la presse d’évoluer correctement et qui ne contribue nullement à faire en sorte que le contexte national soit apaisé. Parce que chacun se tape le torche et dit moi, moi si ce n’est pas ce que je veux, je vais faire ceci, je veux faire cela. Dans ce contexte, le pays risque de se retrouver en lambeau. C’est la raison pour laquelle très souvent, je préfère depuis un certain temps ne pas me mêler à ce genre d’histoires. Parce qu’à chaque fois que vous essayez de balayer l’espace, il y’a d’autres qui viennent par derrière pour salir. Vous balayer à nouveau, ils viennent et salissent encore. Donc, enfin de compte, on se dit vaut mieux adopter une attitude disons de relative indifférence. Mais on ne peut pas être indifférent par rapport à ce qui se passe globalement», a indiqué BAH Oury.
L’ancien ministre a invité toutes les parties concernées à privilégier les moyens les plus adaptés pour rétablir la quiétude et restaurer l’apaisement.
«Donc, ce que moi je dois dire par rapport à tout ça, je regrette que Pendessa se retrouve incarcéré. Je souhaite que tous les moyens les plus adaptés de part et d’autres soient utilisés pour rétablir la quiétude, restaurer l’apaisement dont nous avons besoin dans un contexte régional particulièrement troublé. Donc, c’est valable pour les centrales (syndicales) qui ont lancé un préavis de grève générale et illimitée, c’est valable également pour les autorités de ne pas prendre des mesures qui risquent d’attiser des conflits et contradictions qui peuvent nuire à la marche globale de la transition. Et de part et d’autres puisqu’il s’agit de notre pays, veillons à ce que le pays soit calme, que ce pays avance, que chacun assume ses responsabilités, jouisse de ses droits dans un sens républicain et dans un sens de responsabilité pour ne pas être les instruments de ce qui peut nuire aux intérêts généraux de la Guinée», a sollicité le leader politique.
Mamadou Macka DIALLO
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