Depuis sa création, l’Association des Victimes du Camp Boiro (AVCB) commémore le 25 janvier de chaque année, les martyrs du régime du premier président de la Guinée indépendante, Ahmed Sékou Touré. Ce mardi, 24 janvier 2023, veille de cette date inoubliable, les membres de l’association étaient devant la presse pour rappeler ce qui s’est passé tout au long du régime révolutionnaire. Ils en ont profité pour réclamer la vérité, la justice, la réhabilitation et la réconciliation.
Dans son discours liminaire, le secrétaire général de ladite association, Abdoulaye Conté est particulièrement revenu sur les différents complots.
«Le premier complot que nous avons connu, c’est celui qu’on a appelé le complot des intellectuels. Tout simplement parce que Ibrahima Diallo voulait créer son parti politique et donc le PDG a considéré ça comme étant des personnes qui voulaient commettre un coup d’État. À cette occasion, la mosquée de Coronti à Kaloum sera la cible des loubards du PDG-RDA qui n’ont pas hésité à la profaner, à y brûler des exemplaires du saint Coran et à assassiner l’imam Kaba, tout simplement parce qu’ils estimaient qu’il n’était pas de leur bord politique.
En novembre 1961, le deuxième complot c’est celui qu’on a appelé le complot des enseignants. Selon les propres termes de Koumandian Keïta qui était le grand syndicaliste à l’époque des enseignants. Il dit: « Ce qui est présenté comme complot n’est autre qu’un simple papier, un mémoire rédigé sur un papier ordinaire et adressé au président de la République le 03 novembre 1961 pour justifier le maintien de l’indemnité de direction attribuée aux directeurs d’écoles primaires ». Koumandian a envoyé ça à Sékou Touré pour faire cette demande et c’est ce qu’on a considéré comme étant un complot des enseignants. Devant ces désaccords persistants, le gouvernement convoqua la conférence de la confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG) pour en finir avec un syndicat dont il voulait éliminer le premier responsable.
Le troisième complot qu’on a appelé le complot de petit Touré qui se passa en 1964.
Le quatrième complot que nous appelons de Kaman Diaby et de Fodéba Keïta. Kaman Diaby était l’adjoint du chef d’état major général de l’armée et qui était un éminent pilote, le premier pilote de l’Afrique de l’Ouest.
En 1969, il y a deux événements importants. En 1966 d’abord, au Ghana Kouamé Nkruma fut renversé par les militaires, en 1968, Modibo Keïta fut renversé au Mali et c’étaient des amis de Sékou Touré. Donc, il décida qu’il n’y aurait pas un coup en Guinée. Et les plus importants, les premiers responsables de l’armée et de la sécurité en Guinée Fodéba Keïta et Kaman Diaby furent arrêtés en 1969 et exécutés automatiquement. Et ainsi tout l’appareil sécuritaire et toute l’armée étaient dans la main maintenant de Sékou Touré pour faire sa grande purge de 1971. Et c’est donc à cette occasion que toute l’intelligentsia militaire de la Guinée qui était l’une des plus brillantes de l’Afrique francophone sera décimée et la discipline et les valeurs militaires durablement remises en causes. La même année ce fut le coup de Tidjane Keïta, une personne en situation d’handicap mental sous suivi médical qui se jeta sur le président Sékou Touré lors de la visite du président Kenneth Kawunda et s’en est suivi plusieurs arrestations et exécutions….
Le 22 novembre 1970, un débarquement militaire, les portugais venaient en Guinée. L’objectif était de libérer les portugais qui étaient au départ emprisonnés à Mamou. Et une semaine avant le débarquement des portugais comme par coïncidence, on déplace les militaires portugais (qui étaient en détention) et on les envoie à Conakry, à la Belle Vue dans des villas qui sont à la proximité de la mer. Et lorsque le débarquement du 22 novembre intervint, les militaires portugais n’avaient qu’à libérer tous les prisonniers. Aucun n’est resté en Guinée mais ils sont venus avec des Guinéens qui étaient à l’extérieur qui voulaient profiter pour renverser Sékou Touré ils les ont laisser sur le terrain et ils sont partis. Et bien évidemment ceux-ci furent massacrés. Mais ce débarquement à la fin fut le moment le plus difficile pour le peuple de Guinée parce ce fut l’occasion pour le président Sékou Touré de faire la plus grande purge de l’histoire de la Guinée.
En 1970 et 1971 furent des années les plus dramatiques de la Guinée. C’est à cette époque qu’on a perdu tous ces intellectuels, ceux qui représentaient la crème, l’élite guinéenne dans tous les secteurs, on a tout décapité. Est-ce qu’il faut aller très loin pour savoir d’où viennent nos difficultés en termes des ressources humaines de qualité? », a longuement narré Abdoulaye Conté, secrétaire général de l’AVCB avant de parler de l’arrestation de 17 membres du gouvernement sur 24 ministres dont près de 14 furent exécutés, selon lui.
Parmi ces nombreux soi-disant complots, d’après les conférenciers, il y a aussi celui qu’on a appelé le complot Peul en 1976. L’ancien président déclara la guerre dans des discours officiels à tout une communauté, à en croire les conférenciers.
Selon toujours ces conférenciers, c’est la marche des femmes en 1971 contre ces crimes qui atténua la violence qui s’abattait sur les Guinéens.
Mamadou Macka Diallo
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