Pour le ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, le tollé suscité par le décret du Colonel Mamadi Doumbouya relatif à la nomination des conseils de quartiers et de districts est motivé par une raison inavouée. Mory Condé soutient que les acteurs politiques sont opposés à cette décision tout simplement parce qu’elle touche à leurs intérêts. C’est-à-dire que cette nouvelle formule empêchera les partis politiques d’avoir une mainmise sur les quartiers pour pouvoir manipuler les processus électoraux.
« Tous les acteurs politiques se battent pour avoir un président de conseil de quartier et de district à leur guise aux fins de la manipulation du processus électoral. J’ai fait l’expérience d’inviter certains présidents de conseils de quartiers de Conakry à déposer les cartes d’électeurs non retirées au niveau de la Direction nationale des affaires politiques et de l’administration électorale. J’ai remarqué que, un président de conseil de quartier qui est proche de tel parti politique, les cartes d’électeurs qu’il dépose appartiennent à 100% à des militants supposés des adversaires de ce parti politique dans la zone.
Donc, aujourd’hui, ces acteurs politiques qui s’agitent, qui se font passer pour de grands experts, ils parlent même de recul de la décentralisation, le font en réalité pour une question de manipulation électorale. Ce n’est rien d’autre que ça. Tous ces arguments fallacieux qu’on est en train de développer par-ci par-là, en disant que ça ne respecte pas la loi, ça n’a aucun fondement. La raison de l’acharnement sur le décret, c’est la question liée à la mainmise sur les quartiers et les districts pour des fins électoralistes et pour leur permettre, chaque fois qu’ils veulent bloquer les citoyens dans leurs mouvements au nom des manifestations, de tenir leur agenda », a-t-il déclaré ce lundi 28 août 2023, dans l’émission Mirador de FIM FM.
Mais c’est peine perdue, ajoute le ministre, assurant que le décret du président de la transition seront bel et bien appliqué. Il annonce que son département a déjà travaillé sur l’arrêté d’application de cette décision du chef de l’État.
« L’arrêté sur les modalités pratiques de nomination des présidents de conseils de quartiers et de districts dit quoi ? Les quartiers sont divisés en secteurs, les districts sont également divisés en secteurs et en hameaux. Les acteurs qui doivent désigner les membres des conseils de quartiers et de districts, ce sont les jeunes, les femmes et les sages. Ça veut dire quoi ? Les jeunes des différents secteurs vont se retrouver pour désigner leurs représentants. Une fois qu’ils auront terminé la désignation au niveaux des secteurs, l’ensemble des jeunes désignés dans le quartier vont se retrouver pour dire, voici les trois premiers que nous, nous désignons.
Les femmes et les sages aussi vont se retrouver pour désigner leurs représentants. Après, ces entités-là vont se retrouver ensemble et désigner leurs représentants. Lorsqu’ils désignent leurs représentants, cette liste sera remise au maire de la commune concernée (rurale ou urbaine), qui la transmet au préfet pour faire la centralisation. Maintenant, pour être président d’un conseil de quartier ou de district, le prétendant doit recueillir la signature des deux tiers des chefs de ménages du quartier ou du secteur, qui sera annexée à sa candidature adressée au maire.
Ensuite, une commission sera mise en place au niveau préfectoral, qui regroupe le maire, le secrétaire général et certains conseillers, pour statuer au cas par cas. C’est après ce travail que les dossiers seront transmis au gouverneur, qui prendra juste une décision administrative. Donc, l’intervention du gouverneur, c’est en tant que représentant du chef de l’État au niveau régional. C’est lui qui signe la décision administrative, mais tout le processus se fait aux niveaux communal et préfectoral », a laissé entendre le ministre Mory Condé.
Alpha Diallo