Alors que l’ultimatum de la CEDEAO a expiré, le débat se pose toujours autour d’une éventuelle intervention militaire au Niger. Si certains préconisent la poursuite des négociations pour trouver une solution diplomatique à cette crise, d’autres optent carrément pour la fermeté face aux putschistes qui ont renversé le président Mohamed Bazoum.
C’est le cas notamment du leader politique guinéen, Dr Édouard Zoutomou Kpoghomou. Le président du parti UDRP pense que la CEDEAO doit utiliser la force si nécessaire pour empêcher la junte militaire nigérienne de s’installer au pouvoir. Car, dit-il, si ce coup d’État réussit, ça sera un précédent dangereux pour la démocratie en Afrique de l’Ouest.
« Comme l’a dit un grand penseur, un philosophe politicien aussi, dans une société générale, il y a trois catégories (de personnes) : il y a ceux qui pensent, qui doivent diriger ; il y a ceux qui portent les armes et qui doivent défendre ; il y a le troisième groupe qui s’occupe des affaires courantes. La production, le commerce, les échanges, ce sont ceux-là qui font vivre la société et le pays. Le militaire, je ne dis pas qu’il ne peut pas avoir mais il n’est pas fait pour diriger. Je le dis haut et fort, le militaire, il est fait pour faire la guerre. Et quand on fait la guerre, ce sont les armes qui parlent, donc c’est la force brute. Le militaire qui veut gérer une nation, il sort du rang de militaire, il va justement s’outiller dans ce sens et il revient selon la formule qui est en place.
Si c’est à travers les partis politiques, il peut venir à travers un parti politique. Si c’est à travers les entreprises, il peut venir à travers les entreprises. Mais on ne peut pas quitter le rang de militaire directement pour venir gérer. Ceux qui l’ont fait, ce sont des hauts militaires mais qui se sont suffisamment outillés. Je vais donner l’exemple du général De Gaulle pendant la deuxième guerre mondiale. Il a dirigé la France effectivement mais c’était un homme d’État, il s’est d’abord métamorphosé. Et c’est quand il s’est outillé, il a été à la tête de la cinquième République en France », a-t-il expliqué dans un entretien accordé à notre rédaction.
Alors que le Mali et le Burkina Faso menacent de se retirer de la CEDEAO en cas d’intervention militaire au Niger, ce vice-président de l’Alliance Nationale pour l’Alternance et la Démocratie (ANAD) estime que cette coalition des putschistes ne doit pas empêcher l’organisation ouest-africaine de prendre les mesures nécessaires pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger.
« Le Mali et le Burkina, s’ils sont de si bons militaires, pourquoi ils ne vont pas faire la guerre aux djihadistes ? C’est sur ce terrain-là qu’on les attend. Mais un gouvernement démocratiquement élu, les gens n’ont aucune raison de le renverser de cette façon, surtout qu’il n’y avait pas de crise à ce que je sache au Niger. Donc moi, je suis pour la solution de fermeté. Parce que si jamais ce coup d’État-là prospère, il faut dire carrément au revoir à l’implantation de la démocratie dans l’espace ouest-africain, surtout dans la zone francophone. Et le problème, ce sont les pays francophones justement qui sont en train d’alimenter cette tendance », a dit Dr Édouard Zoutomou Kpoghomou.
Mamadou Macka Diallo
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