CNRD: les premiers dérapages

Tribune-La Guinée n’a pas fini sa descente aux enfers depuis les premières heures de l’indépendance. En effet, au-delà de quelques acquis politiques, économiques et sociaux, chaque régime est venu accentuer un peu plus la misère du peuple. Le dernier régime en date, celui d’Alpha Condé, était devenu une dictature qui ne lésinait pas à réprimer toute voix discordante et à piller sans vergogne les richesses du pays.

Mais il y a une fin à toute chose, même si la fin n’est parfois que temporaire. Au moment où personne ne s’y attendait, Alpha Condé voit filer entre ses doigts le pouvoir. Des indiscrétions disent que le colonel Mamadi Doumbouya était devenu la bête noire du régime, sa tête était mise à prix, et c’est pour sauver sa peau qu’il s’est décidé à faire le putsch qui lui a réussi. On devine aisément que s’il s’était laissé prendre, il aurait été abattu comme un vulgaire bandit. Voilà que son coup d’éclat fait de lui un héros libérateur salué à juste titre par toutes les couches socio-professionnelles de la Guinée.

Les premières déclarations et les premiers gestes de la junte sont en grande partie rassurants, sauf que quelques dérapages sont à signaler :

  • Une transition inclusive est prônée par la junte, ce qui est une erreur grave. Comment associer les bourreaux du peuple à la mise en place d’un Etat de droit qu’ils ont allégrement piétiné pendant des années, Alpha Condé et ses Ministres devraient tous être mis au frais jusqu’à la fin de la transition. Leurs gestions seraient passées au peigne fin et les coupables de malversation punis à la hauteur de leurs forfaitures. Et comme dit un adage, qui trop embrasse mal étreint, les nouvelles autorités laisseraient au futur gouvernement civil le soin d’auditer la gouvernance des première et deuxième républiques. 
  • Le colonel Doumbouya met carrément dans le même sac de l’échec de la gestion du pays tous les acteurs socio-politiques de 1958 à nos jours, ceci n’est pas un bon jugement ; il a intérêt à garder la tête sur les épaules et à savoir distinguer le bon grain de l’ivraie. Parce qu’il y a du bon et du mauvais parmi les vieux et les jeunes de tous bords.
  • Un troisième dérapage en perspective risque bien d’arriver, celui de la libération ou l’exfiltration de l’ancien président, un homme au passé sulfureux et au présent suffisamment nocif. 

N’est-ce pas que la Guinée est encore à la croisée des chemins ? Allons-nous réussir cette troisième transition de notre histoire ou bien allons-nous la bâcler une fois encore ? Attendons de voir !

Par Walaoulou BILIVOGUI

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