Quatrième force politique du pays, le PEDN de l’ancien Premier ministre Lansana Kouyaté, a sa propre lecture de la conduite de la transition par le CNRD dirigé par le colonel Mamadi Doumbouya. Dans un entretien accordé à la rédaction de Guinee114.Com, Mohamed Cissé, à la fois chargé des relations extérieures et responsable par intérim de la cellule de communication du PEDN, se prononce non seulement sur la question du délai de la transition évoquée dans le communiqué final de la dernière mission de la CEDEAO, mais aussi par rapport aux premières nominations de membres du gouvernement.
Notre interlocuteur, qui croit comme fer que « les compétences techniques ne suffisent pas pour la conduite d’une transition » aborde également d’autres questions portant entre autres sur le processus de désignation de représentant des partis politiques au CNT et l’électorat du RPG d’Alpha Condé.
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Guinee114.com : lors de son passage à Conakry, la dernière mission de la CEDEAO conduite par Kassi Brou, a demandé à la junte au pouvoir, un chronogramme des actions prévues pour la transition. Est-ce que le PEDN partage cette préoccupation liée au calendrier qui tarde à être donné ?
Mohamed Cissé : dans les conditions normales, c’est le programme gouvernemental qui permet de savoir quel est le délai nécessaire d’une transition. La réalité guinéenne est que la charte de la transition a été adoptée avant la mise en place du gouvernement. Bien que la charte donne le ton, nous avons l’impression que c’est suite à la composition effective du gouvernement que la question de délai sera résolue.
La préoccupation du PEDN n’est pas sur le délai mais sur ce qu’il faut faire dans ce délai.
Le temps en soi n’est pas important mais le travail à effectuer dans le temps. N’ayant pas tous les éléments pour éclairer notre lanterne, nous continuons à observer tout en encourageant à continuer dans le bon sens.
Le Conseil national de la transition (CNT) tarde, lui aussi, à se mettre en place. Avec ce nombre jugé petit de représentants de la classe politique (15), est-ce que le PEDN tient à ce qu’un de ses délégués soit retenu parmi les représentants des partis ?
Du moment où la participation des partis politiques est requise, il n’y a pas de raison que le PEDN n’y soit pas. L’un des chantiers les plus importants de cette équipe de transition sera d’assainir le fichier des partis politiques. C’est simple de le faire, il suffit de prendre les conditions de création et d’exercice des partis politiques pour savoir quel parti est dans les normes et quel parti n’y est pas.
Pour la sélection des partis pour le CNT, le choix n’est pas possible si les critères ne sont pas définis et il ne doit pas revenir aux concernés de définir les critères mais plutôt aux autorités qui en font la demande. Ce n’est pas commode, bien qu’un agrément soit égal à un agrément sur papier, qu’un parti politique qui a plus de vingt (20) ans d’existence et qui n’a été dans aucune élection, discute la représentation au CNT avec un parti qui a moins de quinze (15) ans et qui a plusieurs élections nationales et locales dans son parcours. Si l’on veut être sérieux, il faut l’être dans tout et non partiellement.
Où en sommes-nous d’ailleurs dans ce processus de désignation des représentants des partis politiques ?
Les échanges sont en cours entre blocs politiques. Vous savez, nous avons plus de cinq (05) coalitions politiques dont certaines sont uniquement formées pour la circonstance. Face aux centaines de partis politiques comment voulez-vous qu’il y ait rationalité dans le choix. Il faut noter que cela fait l’affaire du CNRD en ce sens qu’au lieu de lui demander des délais, les partis se battront pour les places au CNT.
Au PEDN, l’on ne fera pas de l’agitation là-dessus et sur toutes autres questions d’ailleurs. Nous gardons la sérénité qui nous caractérise et ce qui se doit se fera au moment venu, en tout cas en ce qui nous concerne.
Aujourd’hui, avec la mise à l’écart d’Alpha Condé, est-ce que le PEDN compte se positionner pour récupérer l’électorat du RPGaec ?
Le PEDN n’a jamais eu des problèmes avec la base du RPG Arc-En-Ciel, il en avait avec des dirigeants de celui-ci qui n’étaient même plus en phase avec leur base. Le résultat est là aujourd’hui et nous sommes convaincus que toute entité contient de bonnes et de mauvaises graines. C’est quand les bonnes dominent que les mauvaises sont masquées. C’est ce que le Président du PEDN, SEM Lansana Kouyaté appelle «la masse critique pour le développement».
Nous tendons la main à l’ensemble des militants du RPG Arc-En-Ciel et à tous les guinéens pour la constitution de cette masse critique. Nous en avons besoin pour la conquête du pouvoir et son exercice pour l’intérêt de tous les Guinéens. Nous sommes convaincus que tel a toujours été le rêve des militants du RPG depuis l’aube du multipartisme guinéen.
Du feedback du terrain, les militants du RPG Arc-En-Ciel se rendent compte de plus en plus, ce qui est une bonne chose pour le PEDN, l’alternative crédible.
Comment trouvez-vous les nominations des membres du gouvernement ?
C’est un processus que nous suivons avec beaucoup d’intérêt. La réussite de la transition dépendra de la qualité des membres du gouvernement qui doit mettre en œuvre les politiques et programmes sectoriels. Pour l’instant, les profils sont relativement bons pour les postes indiqués. Il reste à cultiver l’esprit d’équipe de telle sorte que la complémentarité soit au cœur de la collaboration.
Les compétences techniques ne suffisent pas pour la conduite d’une transition, il faut surtout de la capacité à prendre de la hauteur face à ce qui semble insoluble, avoir l’esprit de la conciliation sans compromission des valeurs mais aussi la capacité à réagir positivement sur les sujets conflictuels.
Tout en réaffirmant notre disponibilité à appuyer le processus, nous leur souhaitons bonne chance.
Interview réalisée par Thierno Amadou M’Bonet Camara (Rescapé N°4)
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