La pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) est un fléau mondial et constitue de nos jours l’un des principaux obstacles à la gestion durable des ressources halieutiques. Elle représente une perte importante de revenus, notamment pour les pays en voie de développement où la dépendance est forte vis-à-vis de l’alimentation nutritionnelle, les moyens de subsistance et les revenus des communautés. Elle provoque des effets néfastes sur la situation économique et sociale, menace la survie des communautés côtières, compromet la viabilité des ressources, contribue à l’épuisement des stocks de poissons et entrave toute la chaine de valeur des produits de pêches. La Guinée est l’un des pays touché par ce fléau. Ce qui lui a valu d’être classée parmi les pays non coopérants par l’Union Européenne dans la lutte contre la pêche INN.
Pour tenter d’éradiquer ce phénomène dans le pays, le ministère de la Pêche et de l’Economie Maritime, en collaboration avec le Partenariat Régional pour la Conservation de la zone côtière et Marine en Afrique de l’Ouest (PRCM), a, dans le cadre de la mise en œuvre du projet «Renforcement de la gouvernance des pêches en Guinée », organisé un atelier d’information et de formation des journalistes sur la lutte contre la pêche INN et les mauvaises pratiques de pêche avec la participation de ses partenaires stratégiques de mise en œuvre dont Trygg Mat Tracking (TMT) et le GRID-Arendal les 27 et 28 décembre 2022.
Cette formation de deux jours a permis à la quinzaine de participants de bénéficier de toutes les informations liées à la pêche INN et les instruments nationaux et internationaux qui encadrent le secteur
Ismaël Kéita, coordonnateur du projet de renforcement de la gouvernance des pêches en Guinée, a expliqué l’objectif de cette formation des hommes de médias.
« Les médias occupent aujourd’hui une place prépondérante dans la sensibilisation et la pêche INN est un fléau qui touche pratiquement tous les États africains particulièrement la République de Guinée. Nous avons organisé des ateliers de sensibilisation et d’information sur le concept au niveau des communautés, au niveau des cadres des structures étatiques et non étatiques mais nous avons également pensé que pour toucher plusieurs personnes, il fallait associer les médias pour leur permettre de mieux informer les communautés et c’est ce que nous avons fait ces deux jours », a t-il indiqué.
Maître Naby Souleymane Bangoura, un des facilitateurs a présenté le concept de pêche illicite et son impact sur l’économie en Guinée.
« Les instruments nationaux et internationaux que nous avons posent des règles pour gérer durablement les ressources en mer et exigent des États de se doter de moyens opérationnels afin de prévenir et d’empêcher les faits de pêches INN et de prendre toutes les dispositions juridiques et pratiques afin d’éradiquer ce phénomène qui prive l’Etat de ressources financières, qui prive l’Etat des bénéfices sociaux (la création d’emploi pour les Guinéens, la sécurité alimentaire) qu’il pourrait tirer de la gestion rationnelle des ressources halieutiques. Il était important de donner ces outils-là à des journalistes pour aider à la vulgarisation, pour aider à la dissémination des règles qui ont été établies pour assurer l’utilisation durable des ressources biologiques qu’un Etat peut tirer des océans contigus à ses côtes », a t-il laissé entendre.
Pendant ces deux jours, des thèmes portant sur le code de bonne conduite pour une pêche responsable, la généralité sur l’environnement marin, les différents types de pêches INN dans le monde, la sous-région ouest africaine et en Guinée, les impacts de la pêche INN sur l’économie guinéenne, les instruments internationaux relatifs à la pêche et le rôle des États dans l’élimination de la pêche INN, la couverture médiatique de la pêche INN par les médias pour une bonne communication ont été développés.
Sékou Djatéya Camara, journaliste à Fim FM, un des participants, a salué l’initiative.
« C’est important parce que dans notre pays, les journalistes s’intéressent à tout et ne maîtrisent pratiquement rien. Il est important qu’on aille vers cette spécialisation…Je sors de cette formation vraiment très satisfait. Ce qui a attiré beaucoup plus mon attention c’est les termes, les jargons parce qu’on faisait beaucoup d’amalgames sur les termes. Je pense que je ne ferai plus d’amalgame entre la bordure de mer et le bord de mer. Je parlerai de lignes de délimitation au lieu de parler de frontières maritimes. C’est important parce que si tu ne comprends pas le langage, ça va être très compliqué pour le journaliste de faire passer le message qu’il a envie de véhiculer », s’est-il réjoui avant de faire quelques recommandations aux organisateurs, notamment la pérennisation de l’initiative pour permettre aux hommes de médias d’être mieux outillés en ce qui concerne le secteur.
Parmi les thèmes développés figurait aussi le rôle et la place du réseautage médiatique pour une couverture médiatique durable dans la lutte contre la pêche INN. Ainsi, il a été convenu entre organisateurs et participants, la mise en place très prochaine d’un réseau de journalistes pour la couverture médiatique des activités sur la lutte contre la pêche INN.
Diop Ramatoulaye
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