Décédé le samedi dernier des suites de maladie, Sow Baïllo a rejoint sa dernière ce lundi 11 septembre 2023, à Conakry. Avant son inhumation, le corps du célèbre humoriste guinéen a été exposé à l’hôpital de l’amitié sino-guinéenne de Kipé. Parents, amis et collaborateurs du défunt se sont rassemblés sur les lieux pour lui rendre un dernier hommage.
Parmi les personnalités présentes à cette cérémonie, figure Jean Baptiste Williams, également grand homme de culture, qui dit avoir vécu six décennies de scène avec le défunt. Il en a profité pour dire ce qu’il retient aujourd’hui de Sow Baïlo.
“Sow Bailo, c’est sa dimension artistique qui sort au premier plan puisque c’est cet art qu’il pratique qui l’a rendu célèbre. C’est est un grand homme de culture. Il maîtrise parfaitement le coran, c’est un fidèle musulman puisque sa première crise cérébrale, c’était dans la mosquée. Jusqu’à ses dernières heures, il n’a jamais quitté la scène. Sow Baïlo, c’est aussi la solidité. Sow Baïlo s’en va à un moment critique où les artistes se battent comme ils peuvent. Je voudrais dire ici que les artistes de la génération de Sow Baïlo, qui ont servi la nation sans rien demander en retour, méritent beaucoup de soutien et d’attention”, a-t-il indiqué.
Plusieurs autres témoignages ont marqué cette cérémonie, dont celui de Sansy Kaba Diakité, Directeur général l’Harmattan Guinée. Ce dernier a annoncé que sa Maison d’Édition est sur le point de finaliser le livre de Sow Baïlo.
“À l’Harmattan Guinée, on était en train de finaliser son livre. Je prends l’engagement que ce livre paraîtra prochainement. Je demande aux autorités de soutenir les artistes, de faire en sorte que les artistes puissent vivre réellement de leur travail”, a exhorté M. Diakité.
Au nom des artistes guinéens, le comédien Grand Devise a salué la mémoire d’un baobab de la culture, avant de lancer un message de soutien à l’endroit de la famille de Sow Baïlo.
“Sow Baïlo a été notre maître, il a été notre baobab, notre bibliothèque, qui ne disparaîtra pas en Guinée. Sa disparition est un regret pour nous. La question que je me pose, c’est : est-ce qu’on peut avoir son remplaçant en Guinée parce que lui seul peut tenir en haleine le public pendant plus de 2 heures. Ce que je demande aujourd’hui aux autorités et ses fans, c’est de prendre soin de sa famille. Il a laissé des enfants et des femmes, aujourd’hui les gens sont nombreux ici mais après, qui prendra soin de sa famille ? Donc j’attire l’attention des autorités et nous artistes sur la question”, a dit l’humoriste.
De son côté, le Ministère de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat, représenté par son secrétaire général, a déploré une grande perte pour le monde culturel guinéen. Faya François Bourouno demande aux jeunes guinéens de s’inspirer de Sow Baïlo.
“Nous venons de perdre un monument, nous venons de perdre un grand pionnier des humoristes et comédiens de Guinée. Il a fait de l’humour une filière porteuse, il a inspiré des jeunes, il a formé des jeunes, qui font de cette filière aujourd’hui, une filière importante. Sow Baïlo, au-delà de ce métier, c’est un grand intellectuel et c’est un grand patriote. Il a toujours cultivé l’unité et la paix. Nous souhaitons que les autres jeunes s’inspirent de ses œuvres pour faire de la comédie et de l’humour, une filière qui pourra consolider les liens sociaux, la cohésion sociale et la paix dans notre pays”, a t-il exhorté.
Après la cérémonie d’hommage, le cortège funèbre s’est dirigé à Hamdallaye, un quartier situé dans la banlieue de Conakry, où reposera à jamais l’artiste Sow Baïlo.
Diop Ramatoulaye
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