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Conflits entre éleveurs étrangers de zébus et agriculteurs en Guinée forestière: les ressortissants sonnent l’alerte

Les populations de la Guinée forestière notamment des préfectures de Lola et de Beyla sont confrontées à des éleveurs de zébus qui ont envahi ces localités et qui continuent de causer des dégâts matériels et humains importants. Face à cette situation préoccupante, les ressortissants de ces localités ont tenu une conférence de presse ce lundi à Conakry. L’objectif était de faire le point sur la situation des éleveurs et agriculteurs dans la région forestière notamment dans la préfecture de Lola et attirer l’attention des autorités.

Selon Néma Soumaoro, président de la communauté de Lainé et membre d’un comité de crise mis en place, la présence de ces éleveurs et leurs zébus en région forestière provoque des incidents accompagnés assez souvent de pertes en vies humaines.

À en croire Néma Soumaoro, soixante-onze (71) personnes membres des communautés locales ont été arrêtées à la suite d’accrochages entre éleveurs et agriculteurs. «Ces 71 personnes sont réparties dans les prisons du pays à savoir onze (11) dont trois (3) femmes à N’zérékoré, 27 dont 6 femmes à Kindia et 33 à la maison centrale de Conakry», a-t-il expliqué.

Présent à cette conférence de presse, en sa qualité de membre du comité de crise, l’homme politique Dr Faya Millimono, président du Bloc Libéral, a particulièrement voulu lever une nuance pour qu’à jamais, les autorités et l’opinion comprennent qu’il ne s’agit pas là d’un conflit entre éleveurs et agriculteurs guinéens. «Pour certains il s’agit d’un conflit entre Guinéens. Certains vont même jusqu’à dire que c’est un conflit inter-ethnique entre telle ethnie et telle autre ethnie en Guinée. Il y’en a qui vont jusqu’à dire c’est un problème entre telle religion et telle religion. Il n’en est rien, il faut qu’on le dise clairement. Les conflits dont il s’agit c’est entre les éleveurs venus du Mali, certains du Burkina Faso, d’autres du Niger. En Guinée nous sommes éleveurs aussi et des bovins mais nous savons que la race que nous élevons dans notre pays c’est la race N’daama, cette race ce sont des ruminants. Les zébus ne sont pas des ruminants, ça ravage de nuit comme de jour, ça rentre par milliers», a-t-il précisé.

Poursuivant son intervention, Dr Faya Millimono, a lancé un message d´alerte. Il invite les autorités à prendre cette question à bras le corps. «Rappelons-nous qu’au Burkina Faso et au Niger, c’est l’affaire de bouvier qui a amené le terrorisme. Lisez bien l’histoire. C’est ce qui est la cause du terrorisme au Burkina Faso et au Niger, l’affaire des bœufs. Regardez dans la littérature le nombre de morts au Nigéria. C’est cette même question de zébus. On est en train de prendre ça à la légère en Guinée parce que ça concerne les Sudistes mais quand ça va atteindre un certain niveau, c’est toute la Guinée qui va en souffrir. Nous ne nous fatiguerons pas et nous reviendrons encore et encore pour dire à l’autorité, prenez des actions. Sortez les zébus de la région forestière. Pensez à vos populations qui ne cultivent que par la daba et par les couteaux. Si rien n’est fait, quand ils seront affamés, ils ne peuvent plus nourrir leur famille, ça va devenir un problème sérieux. Aujourd’hui si l’Etat ne s’organise pas pour une prise en charge des populations de Laîné, posez-vous la question de savoir comment elles vont vivre? Dans une petite agglomération comme Laîné, trois cents (300) millions dérobés, des centaines de sacs de riz, d’huile de palmiste, tout ça dérobé », mentionne Dr Faya Millimono.

À son tour, Simon Pierre Camara, président du sous-comité chargé de la mobilisation des acteurs, a fait des recommandations aux autorités.

«C’est une affaire de la Guinée pas seulement de la Guinée forestière. Les recommandations se situent à trois (3) niveaux. En ce qui concerne nos autorités on a tout de suite vu qu’il est important désormais de nous assister à toutes les missions sur le terrain en lien avec les conflits entre éleveurs et agriculteurs, aussi il faut que l’Etat essaye de revoir le calendrier de la transhumance avec les autres pays voisins c’est-à-dire le Mali, le Bukina etc… qui ne favorise pas l’agriculture chez nous en forêt pour essayer de voir vraiment ce qu’il faut faire dans ce sens. On recommande aussi aux autorités d’interdire l’élevage des zébus en Guinée forestière pour ne pas dire toute la République Guinée; sensibiliser et désarmer les bouviers des zébus parce qu’on vient de le dire qu’ils sont armés et dès qu’on touche les zébus directement ils vont réagir.

Quant aux forces de l’ordre, on les exhorte d’agir avec le professionnalisme en cas de manifestation des populations, éviter de piller et de vandaliser les biens des populations.

Quant aux populations, il faut avoir le courage même si c’est ton enfant ou bien ton mari il faut le dénoncer s’il est présumé, il faut aussi favoriser le dialogue entre bien entendu les autorités qui viennent pour la négociation, il faut aussi éviter de se rendre justice » a déclaré Simon Pierre Camara, président du sous-comité chargé de la mobilisation des acteurs.

À l’image de Lola, la préfecture de Beyla, située à la frontière Guinéo-ivoirienne est confrontée à la même réalité.

Aliou Diaguissa Sow

Tel: 627 51 44 41

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