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Convocation de leaders religieux à Labé : un activiste dénonce l’attitude des autorités régionales

La récente convocation de plusieurs leaders religieux à Labé ne laisse pas indifférent Mamadou Kaly Diallo, responsable du programme de Démocratie sans violence, la baïonnette intelligente (DSV-BI). Cet activiste engagé dans la promotion de la paix et des droits humains interpelle les autorités sur ce qu’il croit être une menace pour la paix en Guinée.

Diari, Popodara, Kouramangui, Bouroudji, Douka, Koula Maoundè, Koula Tossokèrè (Labé), Diountou et Laafou (Lélouma), ces localités ont vécu un fait inédit la semaine dernière. Des imams et autres notables de ces villages ont été convoqués sur instruction du gouverneur de Labé pour avoir célébré la fête de Tabaski le lendemain de la date officielle déclarée par le Secrétariat général des Affaires religieuses.

Accusés de défiance vis-à-vis de l’autorité de l’État, ces très respectés sages ont été entendus dans les locaux du gouvernorat de Labé, où ils ont passé plusieurs heures avant d’être libérés. Une situation jugée déplorable par Mamadou Kaly Diallo, responsable du programme de Démocratie sans violence, la baïonnette intelligente (DSV-BI). Pour lui, ces agissements des autorités régionales de Labé représentent une menace pour la paix en Guinée.

« C’est avec beaucoup de préoccupations que j’ai suivi la rencontre qui s’apparente à une persécution entre les autorités régionales de Labé et les notabilités religieuses de Koula et autres. Je souhaiterais appeler humblement les autorités à ne pas jeter l’huile sur le feu. On est d’accord que la religion musulmane est une religion monothéiste mais vous savez, à l’intérieur de cette religion, il y a des groupes parmi lesquels il y a les conservateurs.

Ces notabilités-là pratiquent l’islam le plus pacifiste, c’est des gens qui agissent selon le calendrier lunaire. Et il se trouve que parfois, il y a une sorte de décalage entre le calendrier lunaire et celui grégorien. Sous le règne de tous les régimes qui sont passés, il y a eu ce genre de pratiques, et les notabilités n’avaient jamais été convoquées soi-disant que c’est une sorte de défiance vis-à-vis de l’État.

Mais cette fois-ci, on disait même que des instructions avaient été données de les envoyer directement à Conakry. Je vais profiter de cette occasion pour appeler humblement le président de la transition dans le cadre de notre travail de paix, dans le cadre de notre travail d’alerte précoce, prévention et gestion des conflits, c’est une chose qui pourrait être encore une source de conflit très grave, et on ne le souhaite pas.

Parce que chacun de nous en est conscient et c’est visible, les conséquences désastreuses qui sont très sensibles des conflits religieux ou interreligieux. Que Dieu nous en garde ! Cela n’est nullement une défiance vis-à-vis des autorités religieuses ou l’autorité de l’État », a déclaré ce défenseur des droits de l’Homme dans un entretien accordé à notre rédaction.

En plus d’être une menace pour la paix sociale, la convocation de ces leaders religieux est aussi en contradiction avec la Déclaration universelle des droits de l’Homme, ajoute notre interlocuteur.

« Le principe de laïcité voudrait que chaque groupe religieux pratique librement ses règles, ses coutumes, ses croyances religieuses sans entraves, et cela est important. D’ailleurs, la Déclaration universelle des droits de l’Homme stipule en son article 18 : Toute personne a le droit à la liberté de penser, de conscience et de religion… ainsi que de manifester sa liberté de religion ou sa conviction seule ou en commun tant en public qu’en privé par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites.

Et cela est aussi important sur le plan universel. L’article 19 de la même Déclaration universelle des droits de l’Homme qui reste l’idéal à atteindre par tous les peuples et par toutes les nations, et qui est venu dans le cadre de la promotion de la paix, dans le cadre de l’entente, la concorde, l’unité et la solidarité à l’intérieur des nations et entre elles, stipule que tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression.

Ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre sans considération de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit », a souligné Mamadou Kaly Diallo.

Mamadou Macka Diallo

666 660 366

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