Coup d’Etat en Guinée: le premier imam de Conakry brise le silence face aux accusations

Le premier imam de la grande mosquée de Conakry, Elhadj Mamadou Saliou Camara, en a jusqu’au cou. Il s’est exprimé dans une vidéo parvenue à la rédaction de Guinee114.Com, en réponse aux critiques formulées notamment par un certain Mohamed Lamine Chérif qui, invité dans l’émission les Grandes Gueules, a particulièrement dénoncé des imams dont Mamadou Saliou Camara qui auraient encouragé le projet de troisième mandat lors d’une rencontre avec l’ancien président au palais Sékoutourea.  Un troisième mandat ayant conduit au coup d’Etat intervenu le 05 septembre 2021. Le guide religieux dit également ses quatre vérités à ceux qui s’attendait à ce qu’il pousse les Guinéens à la révolte contre Alpha Condé .

“Tout le monde sais que l’ancien président Alpha Condé n’était pas cet homme qui appelait les imams pour discuter de ses décisions politiques. Et cela, tout Guinéen le sait ! Jamais, le président Alpha Condé ne m’a appelé individuellement ou nous appeler collectivement pour dire venez, je veux changer quelque chose. Vous savez bien que moi je n’ai pas deux langages.

Quand les journalistes ont demandé mon avis sur la supposée intention du président de changer la constitution et briguer un troisième mandat, ma réponse a été la suivante : non, je n’entends cela qu’à travers les gens, je n’ai entendu le président dire officiellement qu’il veut un nouveau mandat. Et puisqu’on ne peut trancher qu’à propos d’un sujet qui nous a été dit, si on doit parler, il faut attendre le jour où il dira qu’il veut changer la constitution. Voilà ce qui fut ma réponse à l’époque. Le président ne nous a pas fait appel à l’effet d’aller le conseiller à propos du projet de troisième mandat”, déclaré l’imam qui ajoute que la sortie de cet invité des GG l’a beaucoup touché.

Selon le Premier imam, “quand le président a voulu changer (la constitution Ndlr), d’abord il avait interdit la prière en groupe au palais à Sékoutourea le jour de la fête. Puis, jamais il ne m’a invité pour en parler et je n’ai fait partie d’un quelconque groupe pour aller discuter de ça avec lui. Cela  faisait un an et six mois d’ailleurs depuis que le président et moi n’avons jamais parlé ni face à face ni au téléphone quand cette situation est intervenue le 05 septembre 2021“. 

Donnant l’exemple de l’imam Dicko du Mali qui a contribué à la révolte contre l’ancien président IBK, Mohamed Lamine dénonce ce qu’il qualifie d’inertie complice du Premier imam de Conakry face au projet de troisième mandat du président Alpha Condé.

La religion que nous nous avons apprise, ne permet pas à un imam d’insulter le chef ou de pousser la population à la révolte contre lui. Même si tous les autres imams du monde le font, je le dis à tous les Guinéens, moi je ne suis pas cet imam qui fait révolter la population contre un président. Je donne des conseils au président mais je ne fais pas révolter sa population contre lui. Si vous le faites et que cela est suivi d’une répression, s’il tue 10 personnes, toi imam qui aura poussé la population à la révolte, tu as ta part dans la responsabilité de ces morts devant Dieu”, réagit le premier imam.

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Plus loin, le Premier imam dément également les propos faisant croire que le président Alpha Condé a distribué  des voitures à tous les imams à cette occasion afin de les corrompre. La seule fois que lui personnellement a bénéficié d’une voiture, c’est lorsque lui et l’archevêque de Conakry ont été nommés coprésidents de la Commission provisoire pour la réconciliation nationale.

Ensuite, une autre donnée par le PNUD dans le cadre des travaux de la même commission, un autre véhicule a été donné par le PNUD à chacun des deux. Il reconnait tout de même être présent au diner où une doléance a été posée pour des moyens de déplacement mais pas pour les imams. C’était plutôt pour les ligues islamiques qui sont des prolongement de l’administration publique.

“Mohamed Lamine Chérif m’a fait du tort en disant qu’au temp de Lansana Conté, je disais la vérité. Parce que cela veut dire que durant ces onze (11) ans, moi j’ai été corrompu, je ne disais pas la vérité aux autorités, je parlais en faveur des autorités. Il n’aurait pas dit ça parce qu’il écoute mes sermons. Mais moi je sais que tous ceux qui parlent contre moi, c’est ma place qu’ils veulent alors que je n’ai jamais cherché à avoir cette place”, ajoute l’imam.

Thierno Amadou M’Bonet Camara (Rescapé N°4)

622 10 43 78

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