(Opinion-Par Lancinè Marcus Dioubaté) L’ancien Directeur Général de l’Office Guinéen de Publicité (OGP), Mandian Sidibé, est détenu à la Maison centrale de Coronthie depuis le 31 décembre 2024, en vertu d’un mandat de dépôt émis par le Procureur Spécial près la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF). Cependant, son état de santé très fragile inquiète ses proches et soulève des appels à la clémence.
Après son limogeage de l’OGP, Mandian Sidibé a vu sa liberté considérablement restreinte. Il a subi plusieurs auditions à l’Office de Répression des Délits Économiques et Financiers (ORDEF) dans le cadre des enquêtes sur sa gestion. Avant même que son dossier ne soit transféré à la CRIEF, il avait été accusé à tort de vouloir fuir, ce qui avait conduit à la saisie de ses documents de voyage.
Désormais incarcéré, Mandian Sidibé suscite l’inquiétude de son épouse, de sa vieille mère Hadja Saran inconsolable, de ses enfants et de ses proches. Ces derniers craignent que son état de santé ne se détériore davantage, au point de mettre sa vie en danger dans des conditions carcérales inadaptées. Derrière les murs de la Maison centrale, c’est une bataille bien plus rude que mène Mandian Sidibé : celle contre une santé déclinante. Il souffre en effet de drépanocytose SS, le stade le plus sévère de cette maladie génétique. Ce mal exige un suivi médical strict et des soins réguliers, qui sont impossibles à garantir dans les conditions carcérales de la Maison centrale de Coronthie. Déjà, dans les années 1990, alors qu’il enseignait à Fria, sa pathologie avait imposé qu’il reste dans cette ville (et ne pouvait être affecté ailleurs, selon une décision des ministères de la Santé et de l’Enseignement) où l’hôpital Pechiney disposait des infrastructures médicales nécessaires à sa prise en charge adéquate.
Pour ses proches, chaque jour d’incarcération de Mandian Sidibé est un pas de plus vers l’irréparable. Les spécialistes eux-mêmes s’accordent à dire qu’atteindre la cinquantaine avec une telle maladie relève déjà d’un miracle. Sans soins adaptés, ses chances de survie diminuent drastiquement.
Un appel à la clémence
Compte tenu de sa santé précaire et vacillante, les regards se tournent désormais vers les autorités judiciaires afin qu’elles fassent preuve d’humanité en permettant à Mandian Sidibé de bénéficier de soins médicaux appropriés, impossibles à la Maison centrale dans son cas. Ses avocats, Maîtres Sékou Traoré, Jocamey Haba et Alsény Aissata Diallo, pourraient engager leur responsabilité pour garantir sa comparution future devant la justice.
Mandian Sidibé ne constitue aucunement une menace de fuite. Après avoir passé huit ans en exil en France (où précisément le milieu médical approprié lui permettait une prise en charge adéquate), il est revenu en Guinée grâce au Président de la République, le Général d’Armée Mamadi Doumbouya, qu’il considère comme son bienfaiteur et à qui il restera éternellement reconnaissant.
Une détention prolongée à quel prix ?
C’est connu, Mandian Sidibé demeure un fervent soutien de la Transition. Si son incarcération devait se prolonger, il est légitime de s’interroger sur la durée de celle-ci et sur ses conséquences, surtout qu’il est déclaré pour le moment innocent jusqu’à ce qu’un jugement fasse la part des choses. Une mise sous contrôle judiciaire serait une solution équilibrée, préservant sa vie tout en garantissant la poursuite des enquêtes. C’est, en tout cas, le cri de cœur de sa famille, de ses proches et de ses anciens collaborateurs et dans les médias.
La justice peut être ferme sans être inhumaine. Dans cette affaire, il ne s’agit pas seulement d’un dossier judiciaire, mais aussi d’une question de vie ou de mort pour un homme dont la santé vacille derrière les barreaux et ne tient aujourd’hui qu’à un fil.
Présumé innocent jusqu’à preuve du contraire, il mérite un traitement compatible avec son état de santé. Il revient à la justice de montrer qu’elle peut être à la fois ferme et humaine. En l’occurrence, il ne s’agit pas seulement de statuer sur un dossier judiciaire, mais d’éviter qu’un homme ne perde la vie en détention faute de soins. Le cri de sa famille, de ses proches et de tous ceux qui suivent cette affaire est unanime : qu’il soit traité avec la dignité due à tout être humain. Mandian Sidibé a toujours placé sa confiance en la justice et les institutions de la Transition. Il appartient désormais à ces dernières de prouver qu’elles incarnent la justice dans ce qu’elle a de plus noble : une quête d’équité, tempérée par l’humanisme.
Lancinè Marcus DIOUBATE