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Crise politique et dérives dans la presse: le président de la Haute autorité de la communication s’exprime (Interview)

Ces derniers jours, avec l’exacerbation de la crise politique entre les autorités de la transition et certains acteurs notamment des partis politiques et le Front national pour la défense de la constitution (FNDC), la presse n’est pas exempte de reproches. Des manquements qui ne passent pas inaperçus à la Haute Autorité de la Communication (HAC). Dans une interview accordée ce dimanche à la rédaction de Guinee114.Com, le président de l’instance de régulation des médias ne s’est pas limité à poser son propre diagnostic. Boubacar Yacine Diallo, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a particulièrement interpellé les journalistes et rappelé ce que fait son institution parfois sans bruit.
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Guinee114.Com : Avec la situation politique tendue ces derniers jours, avez-vous un appel à l’endroit des médias ?
Boubacar Yacine Diallo : Je voudrais commencer par regretter les violences de ces derniers jours et espérer que la paix règne en Guinée. Comme on peut bien le constater, il y a beaucoup de journalistes qui font assez d’efforts pour faire correctement leur métier. Il y a quelques-uns, une poignée quand même, qui s’illustrent dans des manquements auxquels il faut mettre un terme. C’est par exemple la diffusion de fausses nouvelles. Parfois aussi ils relaient des propos et des discours qui incitent à la violence.
Et là, ce sont des défis majeurs que la presse doit relever. Parmi ces journalistes qui font mal leur métier, il y’en a qui ne sont pas formés, donc ils n’ont pas leur place dans la corporation. Et d’autres le font en connaissance de cause pour des raisons qui leur sont personnelles, ceci doit s’arrêter, faute de quoi, ils s’exposent à des sanctions.
Je profite de votre micro pour inviter aux journalistes, au nom de la HAC, à plus de responsabilité pour en finir avec ces dérives notées dans les médias. Ceci est le message de la HAC surtout que nous avons privilégié depuis le début le dialogue avec les patrons de médias et les journalistes. Nous privilégions aussi la concertation et nous avons produit beaucoup de lettres de rappel à l’ordre.
Pendant ces manifestations, monsieur le président, des journalistes se plaignent de violences exercées contre eux. Il y en a même qui se plaignent de restrictions malgré la carte professionnelle qui leur est délivrée par la HAC. Auriez-vous une réaction face à cette situation ?
Oui, bien sûr, nous apprenons que des journalistes sont souvent victimes de violences. C’est tout à fait regrettable et ça n’a pas lieu d’être. Le journaliste doit être protégé en toute circonstance. Maintenant, lui-même doit se mettre à l’abri, il doit se protéger lorsqu’il couvre des manifestations où des violences se produisent. Il doit se mettre à la bonne place pour éviter d’être une victime et il doit être en mesure de rapporter les faits tels qu’ils se produisent, s’éloigner de ses vœux et de ses souhaits pour relater les faits tels qu’ils se produisent. Même dans le cadre des commentaires, fonder son commentaire sur les faits.
Autrement, il ne fait pas du journalisme. Il y a des journalistes aussi qui vont prendre des nouvelles sur les réseaux sociaux alors que, parfois, ce sont des nouvelles qui sont fausses. Il faut l’éviter parce qu’en reproduisant de fausses nouvelles on amplifie ce qui n’est pas correct, ce qui n’est pas juste.
Il y en a qui reprochent souvent à la HAC de ne pas faire dans la sanction. Est-ce que c’est délibérément choisi par la HAC de privilégier des discussions souterraines pour emmener les gens à respecter les principes que de sanctionner ?
Nous l’entendons, mais il faut savoir que la HAC relève souvent des manquements et quand c’est le cas, elle n’hésite pas à convoquer les journalistes qui sont reçus par les commissaires en séance d’audition, et à les sanctionner si nécessaire.
Nous avons déjà sanctionné, nous considérons que les journalistes doivent être en mesure de comprendre leur responsabilité, puisqu’ils  ont une grande responsabilité du point de vue social. Il arrive aussi que nous rencontrions des journalistes quand ils commettent des erreurs, nous leur faisons reconnaitre les manquements et parfois nous faisons des lettres  de rappel à l’ordre. Nous n’avons pas tout le temps communiqué là-dessus mais de manière régulière, nous faisons ce travail-là.
Et parfois, certains se proposent même de décrocher des articles qui sont publiés lorsque nous leur faisons voir la réalité des choses. Parfois aussi des émissions n’ont pas été rediffusées parce que les journalistes ont bien compris qu’il y avait eu des manquements au niveau de ces émissions ou de ces articles. Donc on gagne beaucoup dans la sensibilisation. Maintenant, il est vrai que ceux qui vont s’entêter à violer les lois et les règles du métier vont s’exposer à des sanctions.
Nous demandons aux journalistes de respecter l’éthique et la déontologie dans le traitement et la diffusion de l’information.
Entretien réalisé par Thierno Amadou M’Bonet Camara (Rescapé N°4)
622 10 43 78

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