Quinze organisations de la société civile guinéenne dont la JCI, le Wanep et la Jeunesse CEDEAO réunies autour du Conseil National de la Société Civile ( CNOCS) dirigé par Dansa Kourouma ont rendu public ce mercredi 18 novembre, un rapport sur la situation sociopolitique de la Guinée. Dans ledit rapport, Dansa Kourouma et compagnie dénonce certains faits liés à la crise postélectorale et proposent des solutions de sortie de crise.
« Si nous ne prenons garde, il y a un risque sérieux de plonger notre pays dans une situation de chaos et de désordre. Cette situation est alimentée par une tension politique et sociale ayant sa source dans un communautarisme entretenu à desseins par une certaine élite politique sans conscience de tous les risques d’implosion sociale. La situation actuelle de la Guinée est celle d’un pays divisé, en perte de repères républicains mettant en exergue une crise politique et institutionnelle de longue durée. L’absence de solutions efficaces à la crise rend l’Etat impuissant, menaçant son autorité et même son existence », peut-on lire dans le rapport.
En raison de ce qui précède, ces activistes de la société civile ont tenu une réunion autour du sujet. Le constat révèle qu’il y a eu: « des arrestations arbitraires des leaders d’opposition et même des innocents, en flagrante violation des procédures judiciaires; l’immobilisme de la justice face aux agents des forces de l’ordre et de
sécurité suspectés pendant les violences postélectorales; l’intolérance, la fragilisation du tissu social et de l’unité nationale; la communautarisation des conflits et des attaques ciblées contre des familles; le comportement éhonté et déloyal de certains agents des forces de l’ordre et de sécurité pendant les perquisitions: arrestations arbitraires dans les quartiers et rançonnements des personnes arrêtées; la détention illégale d’armes à feu (artisanale et de guerre), d’armes blanches par des civiles qui se livrent à des actes de violence contre des éléments des forces de l’ordre (lapidation, lynchages publics..) ; la radicalisation et l’escalade dans les discours publics; l’abattage illégal des bétails dans la commune rurale de Koumba et la communautarisation qui a été faite de celui-ci par certains médias ; la destruction des biens publics et privés (les rails, le train, les poteaux électriques, les routes bitumées); la démission des parents dans l’encadrement des enfants ; l’escalade verbale sur les réseaux sociaux; le rétrécissement de l’espace de liberté des partis d’opposition et de la société civile ».
Il ressort également des constats les analyses suivantes: « Notre système démocratique est né avec une malformation congénitale (ethnocentrisme et le communautarisme et souffre encore du laxisme et l’instrumentalisation de la justice; la banalisation de la violence et sa justification par une victimisation politico-ethnique ; le manque de consensus politique et social sur les institutions nationales mais surtout sur l’agenda politique national », fait remarquer le rapport.
À cet égard, les organisations formulent « avec force » douze propositions à l’endroit du Président de la République et du Gouvernement pour une sortie rapide de crise. « La mise en place d’une commission nationale d’enquête indépendante pour faire la lumière sur les violences de 2010 à nos jours, juger les auteurs, commanditaires, complices et surtout indemniser les victimes ; l’arrêt immédiat des exactions, arrestations, acharnements contre les responsables et militants des partis politiques d’opposition ainsi que les activistes de la société civile ; l’ouverture urgente d’un dialogue sincère et inclusif entre toutes les forces politiques et sociales du pays; le respect des procédures judiciaires; la dissolution de l’Assemblée nationale pour qu’elle soit représentative du paysage sociopolitique; la formation d’un gouvernement d’ouverture et de missions; la révision de la constitution issue du Referendum du 22 Mars 2020 de manière consensuelle par une commission d’experts nationaux et de la diaspora ; la mise en place d’une Commission d’enquête indépendante pour élucider tous les cas de violences politiques de 2010 à nos jours et envisager les indemnisations; la tenue du procès du 28 Septembre 2009 au premier semestre de 2021; la mise en place de la haute cour de justice dans les meilleurs délais; l’arrêt des discours belliqueux et les menaces par certains commis de l’État; l’instauration d’un véritable Etat de droit.
Aux responsables et militants des partis politiques, ces organisations recommandent l’arrêt de toute forme de manifestation et de discours incendiaires pendant cette période très sensible, au profit d’un dialogue inclusif, renforcer l’éducation citoyenne des militants, et promouvoir la paix sociale et l’unité nationale.
Aux opérateurs économiques, le CNOCS et ses alliés demandent la dépolitisation des activités commerciales, l’ouverture des magasins et les lieux de vente.
Ils appellent aussi la jeunesse à refuser toute forme de manipulation visant à créer le désordre et l’instabilité sociopolitique.
En conclusion, alertent les activistes, si rien n’est fait, le mandat en cours s’annonce plus coriace et difficile du fait d’un manque de consensus politique, de la gouvernance égocentrique, de la radicalisation des contestataires, de l’usage de la justice des vainqueurs ou de la justice privée, choses qui risqueraient de compromettre la légitimité et la crédibilité du pouvoir en place.
Diop Ramatoulaye
666751610