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Cybersécurité : des acteurs guinéens et étrangers échangent leurs expériences à Conakry

La 2ème édition du Forum de Conakry sur la Cybersécurité (FCC) s’est ouverte ce lundi, 11 décembre 2023, à Conakry. Durant deux jours, des acteurs de la société civile guinéenne, des représentants des forces de défense et de sécurité ainsi que des spécialistes étrangers, vont débattre sur des questions concernant la cybersécurité. La rencontre est organisée par l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) et l’association Guinée Cyber Sécurité (GCS), avec l’accompagnement de l’ARPT et plusieurs autres partenaires.

Selon Famo Youla, directeur général de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI), le FCC (Forum de Conakry sur la Cybersécurité) est le fruit d’un partenariat entre son organisation et l’association Guinée Cyber Sécurité (GCS). Un partenariat qui, dit-il, s’inscrit en droite ligne avec les recommandations gouvernementales héritées du Conseil des ministres du 2 juin 2022, qui avait adopté la Stratégie Nationale de la Cybersécurité (2022- 2027).

« Pendant ces deux jours d’intenses travaux, les questions de sécurité du numérique feront l’objet d’échanges, de partage et d’analyse, notamment les fondamentaux d’une action concertée et réussie pour un cybermonde résilient, permettant aux participants de se familiariser aux nouveaux outils et concepts », a indiqué M. Youla.

De son côté, le président de l’association CGS, qui s’est exprimé à l’occasion de la cérémonie d’ouverture des travaux, a fait souligné que l’engagement de l’Afrique envers la cybersécurité a connu une augmentation significative en 2023, avec une hausse notable des investissements et des initiatives dans ce secteur. Et cette dynamique va s’accélérer dans les prochaines années.

« La taille du marché africain de la cybersécurité, estimée à 0,53 milliards de dollars en 2023, devrait atteindre 1 milliard de dollars d’ici 2028 avec un taux de croissance annuel composé (CAGR) de 13,50% sur cette période », a fait savoir Mohamed Kaba, précisant que cette croissance est principalement due à la digitalisation croissante du continent, laquelle a incité les cyberattaquants à développer de nouvelles méthodes d’attaque.

« Et ces chiffres, aussi encourageants qu’ils soient, soulignent aussi l’urgence et la pertinence de notre présence aujourd’hui et de notre mission au quotidien. Pertinence renouvelée par l’objet de notre discussion. Car nous sommes réunis ici pour aborder un sujet d’une importance capitale, un thème qui définit l’ère numérique dans laquelle nous vivons : « Placer l’humain au cœur de la cybersécurité » ».

Par ailleurs, Mohamed Kaba est revenu sur quelques chiffres qui illustrent le danger de la cybercriminalité. « À l’échelle mondiale, la cybercriminalité a coûté 8 trillions de dollars américains en 2023. Si on la considérait comme une économie, elle serait la troisième plus grande au monde après les États-Unis et la Chine.

Par exemple, le Nigeria subit une perte annuelle estimée à 500 millions de dollars américains à cause de la cybercriminalité. En Afrique du Sud, le coût estimé pour l’économie est de 573 millions de dollars américains par an, tandis qu’au Kenya, il est de 36 millions de dollars américains. Ces chiffres mettent en lumière l’ampleur du problème dans une zone-anglophone – qui connaît une croissance exponentielle, stimulée par l’essor des prix des matières premières et le boom dans le secteur technologique.

Qu’en est-il chez nous, en Afrique de l’Ouest francophone ? Un rapport sur le paysage des cybermenaces en Afrique 2022-2023 publié en juillet dernier a révélé une augmentation des cyberattaques dans la région. Les organisations financières – et j’en vois plusieurs parmi nous aujourd’hui – sont d’ailleurs les principales cibles, avec près de 18% des attaques réussies dirigées vers ce secteur », a-t-il mentionné le président de l’association CGS.

Il souligne que l’erreur humaine est généralement à l’origine de cette situation, mais aussi l’humain est la solution au problème de la cybercriminalité. « Avec sa créativité et son ingéniosité, l’homme a le pouvoir de transformer la cybersécurité », a-t-il déclaré, ajoutant que cette question sera justement au centre de ce forum. Une rencontre qui sera marquée par des témoignages inspirants, des exemples de réussite dans le domaine de la cybersécurité.

« Nous discuterons aussi de stratégies pour renforcer notre maillon le plus faible. Comment améliorer la sensibilisation à la sécurité au sein de nos organisations ? Comment pouvons-nous mieux former nos employés pour reconnaître et éviter les pièges des cybercriminels ? Ce sont des questions cruciales auxquelles nous chercherons des réponses », a fait savoir M. Kaba.

C’est le chef de Cabinet du Ministère des Postes, télécommunications et de l’économie numérique qui a présidé la cérémonie d’ouverture des travaux. Nfaly Sylla est revenu sur l’importance que revêt ce forum.

« Cette 2ème édition du Forum s’étalant sur deux jours et placée sous le thème : « Cybersécurité, le rôle central de l’humain », intervient à un moment où l’intelligence artificielle et d’autres avancées technologiques ont profondément bouleversé les rapports sociaux et économiques. Notre mobilisation collective est un devoir, car l’accès à un écosystème numérique sûr et résilient est un droit fondamental. Il contribue au bien-être économique et social au même titre que l’éducation et la santé et cela passe inévitablement par la sensibilisation et la formation.

Ce forum, à travers son programme de sensibilisation et de l’éducation, se positionne comme un cadre de référence, de partage de bonnes pratiques en matière de la cybersécurité numérique en République de Guinée. Le FCC est conçu comme le lieu d’échanges avec des organismes pionniers dans la mise en œuvre des stratégies, outils et politiques de renforcement de la cyber-résiliente. Il nous permettra de nous approprier des éléments nécessaires suivis de la mise en œuvre de la stratégie régionale, nationale en cybersécurité, ainsi que des textes légaux et réglementaires relatifs à la cybersécurité informatique, à la protection des données et à la lutte contre la cybercriminalité », a indiqué Nfaly Sylla.

Mamadou Macka Diallo

666 660 366

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