Plus de deux ans après l’avènement du CNRD au pouvoir, la Maison des Associations et ONG de Guinée (MAOG) livre son constat par rapport à la conduite de la transition. Elle dépeint un tableau sombre de la situation en Guinée et fait des recommandations pour redresser la barre.
Dans une déclaration publiée au cours d’une conférence de presse tenue ce mardi, 15 novembre 2023, à Conakry, la MAOG dit avoir constaté constate avec regret « le non-respect de certains engagements du CNRD ». Elle s’interroge sur la direction réelle de la transition après avoir fait les constats suivants :
« La lenteur et la faible communication sur le retour à l’ordre constitutionnel. Pour illustration, le Président de la Transition, le Colonel Mamady DOUMBOUYA n’en a fait aucune mention lors de son passage à la tribune des Nations Unies et à l’occasion de son discours du 65ème anniversaire de l’accession de la Guinée à l’indépendance ;
La Probable prolongation/glissement du chronogramme de la transition ;
Le retard dans la réalisation du PN-RAVEC et surtout le refus de nomination d’un Coordinateur de ce programme ;
Le retard dans la mobilisation des ressources internes et externes pour le financement des activités du chronogramme de la transition ;
La non mise en œuvre de certaines recommandations issues du cadre de dialogue inclusif inter guinéen ;
La restriction répétée des libertés individuelles et collectives, le brouillage des ondes de certains médias, l’arrestation arbitraire des journalistes ;
Le refus catégorique de déclaration des biens par les membres du CNRD et l’ensemble des membres du Gouvernement ;
Le retard dans l’élaboration de la Nouvelle Constitution ;
La non déclaration des résultats d’évaluation de performance des ministres ;
Faible niveau de mise en œuvre du chronogramme de la transition après plus d’un an de la signature de l’accord de 24 mois entre la CEDEAO et la Guinée ;
L’arrestation ou le kidnapping répété de certains acteurs sociopolitiques ;
L’insécurité et les attaques à mains armées dans nos grandes villes notamment à Conakry, Dubréka, Kindia, Coyah, Mamou, Siguiri et Kankan occasionnant souvent des morts d’hommes et la destruction des biens ;
La non-participation de la CEDEAO du processus de mise en œuvre du chronogramme de la Transition ;
Des soupçons de détournement des fonds publics dans plusieurs départements, des EPA et sociétés publiques ;
La non mise en place effective des délégations spéciales pour la gestion courante de nos communes, à rappeler que le mandat des maires étant expiré depuis février 2023 ;
Le chômage galopant et le désespoir entraînant la fuite massive des cerveaux et des bras valides, notamment les jeunes à travers la méditerranée et le Nicaragua pour accéder aux Etats-Unis ;
La cherté de la vie quotidienne du guinéen ;
Le manque de transparence dans la gestion des finances publiques et la non-exécution de la loi des finances ;
La lenteur dans l’avancement des dossiers à la CRIEF ;
La recrudescence des contrats de gré à gré dans la gestion des marchés publics ;
Le délestage croissant du courant électrique dans plusieurs quartiers de Conakry depuis maintenant plusieurs mois et la cherté des factures d’électricité à cause de l’installation des compteurs prépayés ;
L’évasion des prisonniers à la Maison centrale de Conakry due à la défaillance des services de sécurité ;
Les actes de torture, inhumains, dégradants et de vandalisme lors de la réplique des forces de défense et de sécurité contre les assaillants du 04 Novembre (2023) ».
Face à ces constats non reluisants, la Maison des Associations et ONG de Guinée recommande des actions à réaliser pour rectifier la transition et favoriser sa réussite. Il s’agit de :
« Respecter scrupuleusement la Charte de la Transition ;
Respecter l’engagement de deux (2) ans de la durée transitoire comme conclu entre la CEDEAO et le CNRD (ce qui voudrait dire que la transition doit prendre fin le 31 décembre 2024) ;
Organiser des audits sérieux dans tous les ministères, les EPA et sociétés publiques ;
Ordonner l’interdiction de sortie aux ordonnateurs principaux des 34 DAF soupçonnés de malversations ;
Poursuivre la vulgarisation des 35 résolutions issues du cadre de dialogue inclusif ;
Abandonner toutes les poursuites contre les journalistes et garantir l’exercice du métier ;
Mettre en place un observatoire des élections permettant aux acteurs socio-politiques ou observateurs externes de veiller à la transparence, à la crédibilité et à l’inclusivité du processus électoral ;
Nommer immédiatement un coordinateur du Programme National RAVEC pour accélérer l’établissement d’un fichier électoral ;
Accélérer l’élaboration de la nouvelle constitution pour permettre au peuple souverain de guinée d’examiner en profondeur le contenu proposé par le CNT afin d’en apprécier à travers le referendum constitutionnel ;
Organiser des rencontres périodiques entre les acteurs du cadre de dialogue ;
Confier la gouvernance locale ou territoriale aux cadres compétents ;
Mettre les délégations spéciales dans les communes sans délai et engager des poursuites judiciaires contre les conseillers communaux soupçonnés de malversation ;
Accélérer le procès de tous les acteurs socio-politiques qui sont en détention ; Dégeler les comptes et transfert effectif des montants de l’ANAFIC et du FODEL aux collectivités sans faire d’amalgames entre ces différents fonds ;
Faire preuve de plus de transparence dans la gestion des deniers publics ; etc. »
Par ailleurs, la MAOG attire l’attention des membres du CNRD et du gouvernement qu’elle observe « avec vigilance » toutes les actions posées et que le moment venu, « nous demanderons à la CRIEF d’engager des actions contre toutes les gestions douteuses, traduire, juger puis condamner les auteurs des malversations ».
Mamadou Macka Diallo
666 660 366