L’ancien ministre guinéen et ex-directeur des changes de la BCRG sous Lansana Conté a animé une conférence ce dimanche 28 janvier à Kankan sur le thème “La transition économique de 1986 (de l’économie socialiste à l’économie libérale). C’était à l’intention des étudiants de la 14ème promotion des sciences économiques du système LMD de l’université Julius Nyerere, au terme de leur cursus universitaire.
Choisi comme Papa de la promotion, le docteur Ousmane KABA, puisqu’il qu’il s’agit de lui, a fait une rétrospective des 50 années de règne des deux premiers régimes politiques de la Guinée indépendante (de Sékou TOURÉ à Lansana CONTÉ), deux Présidents de systèmes économiques diamétralement opposés ayant laissé des traces qui se répercutent encore sur le quotidien des Guinéens.
C’est un expert économique qui s’exprimait à son aise ce matin sur des termes qu’il connait sur le bout des doigts. D’entrée, le docteur Ousmane KABA s’insurge contre le système socialiste du Président Ahmed Sékou TOURÉ contraint de rejoindre ce pool économique à cause de sa rupture diplomatique avec la France :
“Le système socialiste a toujours échoué et la Guinée n’a pas fait exception à la règle “. Cette politique économique de 1958 à 1984 a ruiné les secteurs bancaire, commercial et agricole exclusivement étatiques à l’époque, regrette le Dr Ousmane KABA. A la mort d’Ahmed Sékou TOURÉ en 1984, il dit avoir été favorable à une rupture systématique avec l’ancien système économique en vue de l’adoption du libéralisme économique sous les auspices des institutions de Breton Woods.
Cette autre réforme économique et financière marquée entre autres par le dégraissage de la fonction publique dont l’effectif est passé de 104 mille fonctionnaires à 71 mille en l’espace de deux ans, la privatisation à outrance des entreprises industrielles synonyme du retrait de l’Etat dans les secteurs de production et une dévaluation monétaire à hauteur de 92%, fut “ très brutale et douloureuse pour les Guinéens”, regrette également l’ancien expert du Fonds Monétaire International et de la Banque Mondiale.
En clair, cette histoire palpitante de l’économie guinéenne a produit un impact considérable sur la vie d’aujourd’hui et Ousmane semble rester encore sur ses faims ce, malgré son bref séjour à la BCRG et à la tête des départements de l’économie et du plan, sous Lansana CONTÉ.
Il conseille alors de booster le secteur agricole en le rendant plus rentable aux paysans : ” Quand-t-est-ce que l’agriculteur guinéen sera considéré comme un entrepreneur ? s’interroge le président du parti PADES. Dans le secteur des mines, il insiste sur la transformation des matières premières sur place en vue de créer plus d’emplois dans le pays.
Face à tous ces manquements, il a invité l’assistance, l’élite intellectuelle en général à intégrer les cercles de décision par le biais de la politique et à être plus regardant du profil de ceux qui demandent leurs voix pour être au sommet de l’Etat.
Un sursaut de conscience patriotique qui reste encore mètres morts, constate-t-il avec regret.
Mamadi Cissé